La question foncière en ligne de mire

Jérusalem: Israël refuse toujours de reconnaître le nouveau patriarche grec-orthodoxe

Jérusalem, 1er novembre 2001 (APIC) Israël refuse toujours de reconnaître le nouveau patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Irénée (Irinaios) 1er, élu le 13 août dernier à la tête de la plus importante Eglise de Terre Sainte. Le patriarche Irénée 1er, un moine grec âgé de 62 ans, passe aux yeux des Israéliens pour être trop favorable aux Palestiniens. La tentative d’immixtion israélienne dans l’élection avait lamentablement échoué. Les candidats poussés par Israël n’avaient pas passé la rampe.

En vertu de dispositions héritées de l’époque ottomane, l’Etat d’Israël, ainsi que l’Autorité palestinienne et la Jordanie, doivent ratifier le choix du Saint-Synode. Contrairement à Israël, Jordaniens et Palestiniens ont immédiatement reconnu l’élection en août. L’un des points d’achoppement est la volonté du nouveau patriarche de renégocier les baux des domaines fonciers appartenant à l’Eglise orthodoxe, dont un terrain sur lequel est bâti le Parlement israélien, la Knesset.

Le plus important propriétaire terrien en Israël et dans les territoires palestiniens

Le patriarche Irénée, de par sa nouvelle fonction, est devenu le plus important propriétaire foncier en Israël. Chef de l’Eglise gardienne de la majorité des lieux saints, il est à la tête de plus de 100’000 chrétiens arabes de Terre Sainte. Sous son prédécesseur, le patriarche Diodoros, Israël avait loué et acheté de grandes parcelles de terres à l’Eglise grecque-orthodoxe, entre autres dans les riches banlieues de Jérusalem où se trouvent les résidences officielles du président et du Premier ministre israéliens. C’est l’une des raisons qui font craindre à Israël l’arrivé d’un patriarche pro-palestinien et qui expliquent pourquoi les autorités israéliennes n’ont toujours pas reconnu l’élection d’Irénée 1er après deux mois et demi. EIles avaient boycotté la cérémonie d’intronisation à la mi-septembre.

Selon des sources officielles, pour les Israéliens, Irénée 1er n’est pas encore reconnu comme patriarche et ne le sera qu’après une enquête juridique menée par des experts sur certaines affaires concernant le chef de l’Eglise. Quant au nouveau patriarche, il va également faire expertiser le transfert de propriétés ecclésiales ces dernières années. Depuis son élection, Irénée 1er a engagé un programme de réformes visant à améliorer les relations entre le patriarcat et la communauté orthodoxe arabe. Il a ainsi nommé en la personne de l’archevêque Sylvestre Al-Far, auxiliaire patriarcal pour le diocèse d’Amman, le premier membre arabe du Saint-Synode. Il était composé jusqu’à présent exclusivement d’évêques d’origine grecque, alors que le clergé paroissial et les fidèles sont dans leur très grande majorité des Arabes, Palestiniens ou Jordaniens.

«Arabiser le patriarcat de Jérusalem»

Pour satisfaire les demandes palestiniennes, le nouveau patriarche a également commandé à une commission d’audit d’effectuer un contrôle du statut juridique et financier des propriétés du patriarcat en Israël et dans les territoires occupés, afin de préparer à court terme une révision de leur statut. Cette mesure résulte d’un long contentieux qui oppose la communauté orthodoxe arabe et le patriarcat. La communauté reproche depuis de nombreuses années à certains responsables du patriarcat d’avoir bradé aux Israéliens de nombreuses propriétés foncières et immobilières et d’avoir procédé à ces opérations en toute opacité. Depuis plusieurs années, des manifestations sont organisées pour obtenir une «arabisation» du patriarcat, aux mains des moines grecs de la communauté du Saint-Sépulcre, alors que le 95% des fidèles sont d’origine arabe. (apic/jpost/haar/sop/be)

1 novembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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