Ethiopie: Foule immense dans la rue à Addis-Abeba pour accueillir un «tabot» sacré restitué
Représentation de l’Arche d’Alliance volée par l’armée britannique
Addis-Abeba, 10 février 2002 (APIC) Une foule immense était massée samedi matin dans les rues d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, et à l’aéroport international de Bole, pour accueillir un «tabot» sacré restitué par les Britanniques qui l’avaient volé en 1868. Selon la BBC, ils étaient plusieurs centaines de milliers le 9 février pour assister à la cérémonie de remise à l’Eglise d’Ethiopie de cette précieuse représentation de l’Arche d’Alliance typique du rite éthiopien.
Le «tabot», qui, comme le veut la tradition éthiopienne, ne peut être vu que par les prêtres, était porté sur la tête d’un prêtre, emballé dans un tissu de velours et de soie brodé d’or. La célébration haute en couleurs, présidée par le patriarche de l’Eglise éthiopienne, Abune Paulos, s’est déroulée à la cathédrale orthodoxe de la Ste-Trinité d’Addis-Abeba, où se trouve le mausolée de l’empereur Hailé Selassié. La fête était empreinte de fierté nationale. Des milliers de prêtres et de moines en ornements religieux chatoyants venant de la centaine d’églises orthodoxes d’Addis-Abeba ont conduit la procession de 11 kilomètres de l’aéroport jusqu’à la cathédrale, au son des tambours, des sistres et des chants en guèze, la langue liturgique éthiopienne.
Les Italiens tardent à restituer l’obélisque d’Axoum volé par Mussolini
Des ministres et des diplomates étrangers ont participé à l’imposante cérémonie. Le Ministre éthiopien de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Teshome Toga, a souligné que c’était un jour historique pour l’Ethiopie, qui lutte pour la restitution de son patrimoine historique pillé par les puissances coloniales. L’Ethiopie attend d’ailleurs toujours que l’Italie – qui en a fait la promesse solennelle – lui restitue un des plus beaux obélisques d’Axoum, volé par Mussolini, et installé depuis plus de soixante ans dans le centre de Rome.
Découvert dans une église d’Ecosse
Le «tabot» sacré, volé par l’armée britannique en 1868, avait été rendu le 27 janvier aux représentants du gouvernement d’Addis-Abeba et de l’Eglise éthiopienne lors d’une cérémonie organisée à Edimbourg en Ecosse. Cette tablette d’autel sculptée, caractéristique du rite chrétien éthiopien, avait été découverte dans une église d’Ecosse, 134 ans après avoir été dérobée par des militaires du corps expéditionnaire britannique en Ethiopie.
Uniquement dans la tradition chrétienne éthiopienne
Présents uniquement dans la tradition chrétienne éthiopienne, les «tabots» sont des copies de pierre ou de bois de l’Arche d’Alliance contenant les dix commandements qui se trouvent sur l’autel, dans le «saint des saints» (maqdas) de chaque église en Ethiopie.
Depuis des années, les autorités éthiopiennes tentent de récupérer les ?uvres d’art pillées au cours des siècles par les puissances coloniales. Parmi ces trésors volés de la culture éthiopienne, il faut mentionner les objets précieux du «trésor de Magdala» dérobés lors de la campagne de Sir Robert Napier en 1868 contre le roi Théodore II d’Abyssinie.
Le British Museum, qui possède huit «tabots» n’a aucune intention de les rendre, tout comme les frises du Parthénon, dérobés à la Grèce par Thomas Bruce, septième comte d’Elgin. Le «Victoria & Albert Museum» possède également des pièces du «trésor de Magdala», comme d’autres collections britanniques constituées de pillages de richesses du tiers monde. Le précieux «tabot» restitué, qui a une grande valeur pour l’Eglise orthodoxe éthiopienne, a été retrouvé l’an dernier dans un placard de l’église épiscopalienne (anglicane) Saint-Jean l’Evangéliste de Princes Street, à Edimbourg. (apic/bbc/be)