Sous pression des responsables chrétiens et musulmans

Sénégal: L’Etat ordonne la fermeture des casinos et machines à sous à Dakar

Dakar, 30 avril 2002 (APIC) Les salles de jeux, casinos populaires ou machines ont proliféré à Dakar, suscitant une vague d’indignation notamment dans les milieux religieux. Le mouvement de protestation contre le développement fulgurant de ces lieux de «débauche», ouverts sans base légale, a amené lundi le gouvernement à ordonner leur fermeture immédiate.

Ce sont l’hebdomadaire sénégalais «Nouvel Horizon» et «Sud quotidien» qui ont tiré la sonnette d’alarme en évoquant ce phénomène dans leur édition respective des 26 et 29 avril. Ils ont accusé une mafia corse, de connivence avec des personnalités influentes du régime, d’être les responsables de ces casinos qui envahissent, depuis quelques semaines seulement, les rues et les quartiers populaires de Dakar. Ils devraient s’étendre à la banlieue.

L’Etat a avoué son ignorance sur les conditions d’implantation et d’ouverture de ces casinos jugés par leurs opposants de «lieux de déperdition, de racolage d’individus de toutes origines, de racket, de violence, de prostitution et facteur aggravant d’une criminalité déjà rampante». Leur installation et exploitation se sont faites au mépris des textes en vigueur, a souligné le ministère de l’Intérieur, en ordonnant leur «fermeture immédiate».

Les associations et mouvements religieux sénégalais se sont déclarés inquiets de leur prolifération. «Cela accentue la dépravation des moeurs et appauvrit davantage les masses», a déclaré le chercheur et islamologue sénégalais Khadim Mbacké, soulignant leurs conséquences sur les enfants mineurs qui sont nombreux à les fréquenter. Massamba Diop, imam de mosquée à Dakar, a rappelé que l’islam bannit tous les jeux de hasard.

Pour l’abbé Jean-Marie Ndour, directeur da la catéchèse de Dakar, l’homme doit gagner sa vie à la sueur de son front. Tout ce qui est superstition, tel qu’attendre sa chance, rêver sa chance, s’en remettre au hasard «ne réalise pas l’homme». Les promoteurs de ces jeux font quelque chose de très grave, car ils s’enrichissent en utilisant d’autres personnes, a-t-il poursuivi. Un autre prêtre de la cathédrale de Dakar, l’abbé Patrice Colly a estimé que même si l’Eglise ne dispose pas de moyens de sanctions pratiques contre les jeux de hasard, elle les considère comme «des actions maléfiques» dont il faut se détourner. (apic/ibc/bb)

30 avril 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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