Front National: une tradition totalitaire et antichrétienne

France: Mgr Olivier de Berranger fustige le recours au mensonge par J.-M. Le Pen

Paris, 2 mai 2002 (APIC) L’évêque de Saint- Denis, Mgr Olivier de Berranger, a estimé jeudi 2 mai que ce serait une erreur de jugement de la part d’un citoyen éclairé de soutenir le Front National (FN). Mgr de Berranger, dans une interview au quotidien catholique français «La Croix», fustige le fréquent recours au mensonge et à la calomnie par Jean-Marie Le Pen. Il rappelle que le FN appartient «à une tradition totalitaire et antichrétienne».

Candidat au deuxième tour des élections présidentielles française, dimanche 5 mai, Le Pen a attaqué à plusieurs reprises Mgr de Berranger, évêque de Saint-Denis, président de la Commission sociale des évêques de France, qu’il a qualifié d’»évêque soviétique». Le directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, s’en est pris la semaine à l’évêque de Saint-Denis. Mgr de Berranger avait affirmé qu’on «ne peut être catholique clairvoyant» et soutenir le candidat d’extrême droite.

Le FN se réclame de la fidélité à la doctrine catholique, contre l’épiscopat français

Mgr de Berranger «exprime des opinions contraires à la doctrine catholique telle que le pape Jean Paul II la proclame», a lâché Bruno Gollnisch, accusant l’évêque de la «banlieue rouge» d’être «un fervent immigrationniste, favorable au droit de vote des immigrés». Dans ce domaine, a déclaré le responsable du FN, «c’est Jean-Marie Le Pen qui est en accord avec le pape, et non Mgr de Berranger». Le Pen a utilisé à plusieurs reprises des phrases de Jean Paul II pour séduire l’électorat catholique, tout en fustigeant l’épiscopat français,

Le Pen ne se gêne pas de dénoncer les dirigeants de l’épiscopat français qui ont pris position contre sa candidature: «On a fait contre nous l’union sacrée (.) Il y a là toute la gamme: Mgr Lustiger toujours prêt, l’évêque soviétique de Saint-Denis Mgr de Berranger, Mgr Ricard, Mgr Dagens, Mgr Raffin… Cet épiscopat, ces évêques n’ont pas combattu le communisme, ils n’ont pas combattu la pornographie, ils n’ont pas combattu l’avortement. Mais contre Le Pen, ils sont tous là».

Dans une interview accordée au journaliste Jean-Marie Guénois et publiée jeudi par «La Croix», Mgr de Berranger déclare que ce serait faire preuve, notamment pour les chrétiens, d’une grande amnésie, «parce que le FN, je le répète, qu’il le veuille ou non, appartient à une tradition totalitaire et antichrétienne. Elle est d’ailleurs antichrétienne dans la même mesure où elle est antisémite.» Pour lui, quand le FN prétend défendre les positions morales de l’Eglise, «c’est de la poudre aux yeux: il ne faut pas extraire le problème de l’avortement, ou même celui de la famille, de tout un ensemble.»

Mgr de Berranger précise que ce n’est pas seulement le «tu ne tueras point» qui est en cause, mais c’est l’ensemble des dix commandements, en particulier la reconnaissance du frère, l’ouverture à l’autre. «S’il y a quelque chose qui est profondément inscrit dans l’Evangile, c’est la fraternité universelle».

Justement dans ce domaine, où Le Pen argue de la suprématie de certaines races sur d’autres et fait son beurre de la haine de l’étranger, il est difficile pour un catholique de rester aveugle. Pour l’évêque de Saint-Denis, «s’il y a des gens qui vont FN et qui se disent être très sincèrement catholiques, ils sont dans une obstination et dans une erreur de jugement. Je ne peux faire autre chose que de prier pour eux.»

L’évêque accusé de «voter communiste»

Le Pen accusé mardi l’évêque de Saint-Denis de «voter communiste». «Profondément indigné et malheureusement pas étonné», Mgr de Berranger relève que ce n’est pas seulement dans ce cas que le chef de file du FN «mais finalement dans beaucoup d’autres que le candidat du Front National n’hésite pas à avoir recours au mensonge, à la calomnie. C’est une signature.»

S’il est visé par Jean-Marie Le Pen, c’est peut-être également en tant que président de la Commission sociale de la Conférence des évêques de France: «L’Eglise catholique est l’une des institutions qui favorisent le lien social dans ce département (de Seine-Saint-Denis). Il est donc possible que cela ne plaise pas au FN, parce qu’il ne veut pas de ce lien social. Ma position est en parfaite cohérence avec celle du président de la Conférence des évêques, Mgr Ricard». (apic/cx/ag/be)

2 mai 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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