Bakou: Arrivée de Jean Paul II en Azerbaïdjan
96ème voyage de Jean Paul II hors d’Italie
Le pape lance un appel insistant à la paix dans la région
Bakou, 22 mai 2002 (APIC) C’est un appel «angoissé» pour que la paix soit rétablie dans les pays qui sont le «théâtre d’affrontements violents», que Jean Paul II a lancé, le 22 mai. Le pape venait de poser le pied pour la première fois en Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne. Son 96ème voyage international a lieu dans cette république musulmane en proie à des conflits frontaliers avec l’Arménie depuis une dizaine d’année. Le pape a en outre invité le président de la république, Heidar Aliyev, à «surmonter rapidement» les tensions interreligieuses internes, encourageant particulièrement la faible communauté catholique à participer au progrès du pays.
Jean Paul II est arrivé à l’aéroport de Bakou, la capitale, en fin d’après- midi du 22 mai, après 4 heures de vol dans un Airbus de la compagnie Alitalia. A cause de ses difficultés à marcher et surtout à escalader les marches, il est monté et descendu de l’avion à l’aide d’une plate-forme élévatrice. Une fois en bas de l’appareil, et avant de saluer le père Joseph-Daniel Pravda, responsable de la mission ’Sui iuris’ de l’Azerbaïdjan et unique curé du pays, le pape a été accueilli par le président Aliyev, qui terminera son mandat l’an prochain, au moment de fêter son 80ème anniversaire.
L’accueil a été plutôt discret. Outre une délégation des principales autorités politiques et religieuses du pays, quelques personnes surtout des hommes – ont assisté à la cérémonie à l’intérieur des bâtiments vétustes de l’aéroport. Une banderole sur laquelle on pouvait lire en azéri et en anglais «Bienvenue à sa sainteté» avait été pendue aux fenêtres sales de l’édifice. Après avoir écouté l’hymne national, Jean Paul II a commencé son discours d’une voix extrêmement faible, avant d’être rapidement relayé par une autre personne.
«De cette porte de civilisation qu’est l’Azerbaïdjan, je lance aujourd’hui un appel angoissé aux terres qui sont le théâtre d’affrontements violents, sources de souffrances indicibles pour les populations sans défense», a lancé Jean Paul II en russe, quelques instants après avoir béni un échantillon de terre locale, en signe de remerciement pour l’invitation qui lui a été faite.
Qualifiant l’Azerbaïdjan de «porte entre l’Orient et l’Occident», la pape II a rappelé qu’à «proximité des lieux, le crépitement des armes se poursuit de manière cruelle et insensée».
Paix basée sur le refus de toute forme d’impérialisme
Interrogé par les journalistes dans l’avion entre Rome et Bakou, le porte- parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, a affirmé que le pape faisait ainsi particulièrement allusion à la situation des Balkans, de la Tchétchénie se trouvant au nord du pays -, et «aux souffrances vécues par les Azéris au cours de la guerre d’indépendance» au début des années 90.
«Il est urgent que tous s’engagent pour la paix», a-t-il poursuivi. Une paix qui doit se fonder «sur le refus du fondamentalisme et de toute forme d’impérialisme, ainsi que sur la recherche du dialogue comme seul moyen capable de résoudre les tensions, sans précipiter des nations entières dans la barbarie d’un bain de sang».
Complexité de la culture azérie
Faisant par ailleurs allusion à la «complexité» et à la «richesse» de la culture azérie où se sont côtoyées plusieurs civilisations au cours des siècles, le pape a rappelé l’importance du rôle joué par les religions. Berceau du zoroastrisme apporté par les Perses, l’Azerbaïdjan a également connu l’apport du christianisme, dans l’antiquité, puis de l’orthodoxie, du judaïsme et enfin de l’islam, sous la domination ottomane, qui est aujourd’hui encore la principale religion près de 93% de la population. «Je forme le voeu que les tensions qui subsistent puissent être rapidement surmontées et que tous trouvent la paix dans la justice et la vérité», a-t- il ajouté.
Le pape a ensuite insisté sur le fait que l’Azerbaïdjan présente «non seulement un intérêt stratégique de grande importance, mais aussi une valeur symbolique d’ouverture et d’échange». Ce pays du Trans-Caucase est particulièrement connu pour ses productions de pétrole exploitées par les tsars de Russie tout d’abord, puis par les plus grandes puissances mondiales. Bakou est particulièrement marquée par ces années d’exploitation sauvage, les puits de pétrole ayant remplacé les arbres dans cette région marquée par la sécheresse et les ’pipe-lines’ parcourant le pays de manière totalement anarchique.
N’oubliant pas cet aspect important pour l’économie et la politique du pays, Jean Paul II a tenu a rappeler, à la fin de son discours, que ces ressources «pourront assurer un rôle important à la nation azérie» à condition qu’elles soient «entretenues comme il convient par toutes les parties».
Salutation aux 150 catholiques d’Azerbaïdjan
Avant de prendre congé du président, Jean Paul II a salué de manière «particulièrement affectueuse», la communauté catholique de ce pays qui compte officiellement à peine 150 membres, guidés par deux salésiens, le curé et son adjoint. «Malgré leur petit nombre, ils peuvent contribuer de manière significative au progrès et à la prospérité de leur patrie», a-t-il déclaré, se disant certain que «les difficultés dramatiques subies par cette communauté au temps du communisme lui vaudront une récompense».
Le pape s’est ensuite rendu au monument édifié en l’honneur des Azéris morts pour l’indépendance, situé sur une colline dominant le Golfe de Bakou, avant d’aller au palais présidentiel, au centre de la ville, afin d’y rencontrer les représentants des religions, de la politique, de la culture et de l’art. (apic/imed/bb)