Une pastorale spécialisée et d’innombrables services

Suisse: dix ans d’activité de la Mission catholique vietnamienne (160589)

Fribourg, 16mai(APIC) Organisée en 14 petites comunautés, la Communauté

catholique vietnamienne en Suisse est active. Les problèmes auxquels il

convient de faire face sont nombreux. Aidée dans sa tâche par deux amôniers, la Mission Vietnamienne s’emploie sinon à les résoudre du moins à

les comprendre dans un rôle pastoral d’appui pour une «inculturation

différentielle» de l’Eglise catholique suisse vis-à-vis des réfugiés vietnamiens pendant le processus d’acculturation de ces derniers en Suisse.

La Mission Vietnamienne en Suisse existe depuis dix ans maintenant.

Forte d’environ 2.500 personnes, sur 10.000 réfugiés indochinois, la communauté catholique vietnamienne (CCV) est répartie un peu partout en Suisse:

en Romandie, dans les cantons de Fribourg, Genève et Vaud en particulier;

en Suisse alémanique, dans les cantons de Berne, St.-Gall, Soleure et Zurich ainsi que dans les cantons de Suisse centrale. Quelques familles seulement vivent au Tessin et au Lichtenstein.

Les réfugiés catholiques, par exemple, cachent inconsciemment, par une

certaine fierté instinctive, une double déception, celle d’avoir perdu et

leur patrie et leur Eglise du Viet Nam, après avoir gagné leur liberté individuelle qui leur paraît à présent presque insignifiante. A vrai dire, il

faut avoir une sensibilité asiatique pour pouvoir comprendre leur situation

si paradoxale. Ainsi, leur sentiment patriotique les a amenés à s’éloigner

– peut-être à jamais – de leur propre pays pour se faire adopter comme

«apatrides», en Suisse ou ailleurs. Mais au bout des frustrations successives du passé, ils essuient aujourd’hui une double frustration, voilée par

une réussite matérielle, lorsque c’est le cas, et une «liberté religieuse

à l’occidentale».

Des problèmes d’ordre culturel

Ces réfugiés catholiques, comme la majorité de leurs compatriotes, sont

d’origine paysanne ou tout au moins l’étaient-ils il y a une ou deux

générations. Avant 1950 en effet, plus de 85% de la population vivaient à

la campagne. Leur réinstallation, leur intégration en Suisse ne furent pas

des plus faciles. Même si tout porte à croire que la deuxième génération

des réfugiés vietnamiens sera assurée d’une intégration professionnelle et

socio-économique, des problèmes d’ordre culturel demeurent. On assiste ainsi, du côté des jeunes, à la disparition progressive de la langue maternelle. En Suisse romande, des enfants de familles de réfugiés parlent le français à la maison alors que leurs parents ne parlent que vietnamien. Ces enfants nés au Viet Nam comprennent un «vietnamien de cuisine» et sont incapables de parler correctement une simple petite phrase. D’ou un phénomène

dit d’assimiliation consentie.

Pour faire face aux problèmes qui se posent, la Mission Vietnamienne en

Suisse s’est peu à peu organisée. Outre le ministère sacramentel, elle pratique une pastorale qui englobe un vaste champ d’action depuis l’arrivée du

premier contingent de réfugiés indochinois jusqu’à nos jours. Composée de

deux prêtres, la Mission a également pour tâche de seconder l’intégration

religieuse des catholiques vietnamiens et aussi, de par sa nature, de contribuer à l’évangélisation des réfugiés vietnamiens non catholiques.

La tâche des aumôniers

Les aumôniers sont responsables d’une pastorale spécialisée qui se définit selon les besoins réels des catholiques vietnamiens. La Mission est

ainsi amenée à prendre pas à pas des initiatives, à court et à long terme,

qui correspondent à des interpellations pressantes du milieu. Le travail

exige de l’initiative et du tact; il demande une connaissance très large

des pratiques suisses et vietnamiennes ainsi que des compétences en matière

d’organisation, de gestion, de dynamisme de groupe, de langues, de relations publiques, touchant l’ensemble des domaines de la vie courante.

D’un autre côté, certains offices diocésains, par exemple pour le catéchuménat des adultes, et certains curés suggèrent que les aumôniers vietnamiens s’en tiennent à une stricte observation des séances de catéchisme aux

catéchumènes pour leur donner un enseignement religieux suffisant, ou un

programme d’accompagnement par étapes. Principalement dans la préparation

des adultes au baptême et au mariage. Reste que les deux aumôniers sont par

trop absorbés par leur devoir d’accompagnement de vie de toute une communauté de foi géographiquement éparpillée et très hétérogène en fonction de

l’âge et des conditions de vie de chacun.

Actuellement, la Communauté catholique vietnamienne est divisée en 14

petites communautés à la tête desquelles se trouve, pour chacune d’entre

elles, un comité d’assistance pastorale nommé pour une durée de deux ans

par un vote de confiance de l’assemblée. Quant aux deux régions, romande et

alémanique, elles sont toutes deux pourvues d’un comité régional. Un comité

central complète l’organisation de ces communautés.

Une fois par mois, chaque communauté a une célébration dominicale à laquelle participent en moyenne 70% de ses membres. Ce rassemblement eucharistique est aussi l’occasion de rencontres fraternelles. De plus, une fois

l’an, un grand rassemblement est organisé pour fêter les saints martyrs

vietnamiens. Le jour de l’An traditionnel (ou lunaire) – le Têt – est

célébré en union avec le peuple Vietnamien et son Eglise par la communion

au Repas eucharistique qui rassemble les communautés. Les baptêmes, les mariages, les retraites et les camps de jeunesse ainsi qu’un bulletin d’information pastoral complètent les grandes lignes des activités de la Mission Vietnamienne. (apic/pr)

16 mai 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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