Le pape a renoncé à l’élévateur pour sortir de l’avion

Canada: Arrivée de Jean-Paul II à Toronto pour son 97ème voyage international

De notre envoyé spécial à Toronto Antoine Soubrier

Toronto, 24 juillet 2002 (APIC) Jean-Paul II est arrivé à Toronto, au Canada, le 23 juillet 2002 pour son 97ème voyage apostolique hors d’Italie. Après plus de 9 heures de vol, le pape est descendu de l’avion par les escaliers, à la surprise des quelque 200 personnes présentes à l’aéroport pour la cérémonie d’accueil.

Changeant à la dernière minute le programme initialement prévu, Jean Paul II a préféré prendre l’escalier lui permettant de poser le pied sur le sol canadien pour la troisième fois depuis le début de son pontificat. Après quelques instants d’hésitation, le pape s’est fermement agrippé à la rampe, descendant une à une, lentement, la vingtaine de marches, soutenu par un de ses collaborateurs. Ce même escalier aurait dû fonctionner comme un élévateur. Lors de son dernier voyage en Azerbaïdjan et en Bulgarie, les organisateurs des voyages pontificaux avaient été contraints à installer une plate-forme élévatrice, en raison de la santé déclinante de Jean Paul II.

Après avoir salué le premier ministre canadien, Jean Chrétien, ainsi que les autorités religieuses et politiques locales, le pape a rejoint un grand hangar de l’aéroport où l’attendaient une délégation d’une centaine de jeunes qui participeront aux Journées mondiales de la Jeunesse. Ces dernières devaient officiellement commencer le soir même par une messe célébrée dans le centre de Toronto, par l’archevêque de la ville, le cardinal Aloysius Matthew Ambrozic.

«Cette fois-ci, je dois me contenter de rester seulement à Toronto», a lancé Jean Paul II dans un bref discours adressé alternativement en anglais et en français aux personnes présentes à l’aéroport. Durant son premier voyage canadien en 1984, il avait effectué un long périple, visitant une dizaine de villes.

Les jeunes marqués par une humanité sans paix ni justice

Les jeunes sont «l’avenir du monde», mais «ils portent aussi les marques d’une humanité qui, trop souvent, ne connaît ni la paix ni la justice», a poursuivi le pape. S’adressant alors plus particulièrement aux jeunes Canadiens, il a souligné l’importance de leur contribution dans ce monde «marqué par de fortes tensions éthiques et sociales et par une sorte de confusion sur le but même de la vie». Quelques jours auparavant, le 21 juillet, il avait invité la jeunesse à être «un feu d’espérance» dans un monde plongé dans «l’obscurité», suite aux événements du 11 septembre.

Avant l’arrivée de Jean Paul II dans ce pays de plus de 30 millions d’habitants, les organisateurs avaient en outre fréquemment exprimé leur souhait que la visite du pape, ainsi que des jeunes du monde entier puisse redonner de la vigueur à l’Eglise catholique canadienne qui ne compte que près de 5 à 10% de pratiquants.

Repos à l’île de la Fraise

A l’issue de son discours et après avoir écouté les hymnes du Vatican et du Canada joués par des musiciens du 22ème Régiment Royal des forces canadiennes, en uniformes traditionnel, Jean Paul II est parti en hélicoptère pour l’île de la Fraise, à une centaine de kilomètres au nord de Toronto, pour deux jours de repos en privé. Improvisant d’une voix claire avant de quitter l’aéroport, il a donné rendez-vous aux jeunes pour les JMJ qu’il présidera à partir du 25 juillet.

Sur la petite île située au milieu du lac Simcoe, Jean Paul II est accompagné de ses plus proches collaborateurs, parmi lesquels son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz, son médecin personnel, ainsi qu’une des six religieuses polonaises qui s’occupent habituellement de lui au Vatican. Trois hélicoptères de l’armée canadienne escorteront la suite pontificale à chaque aller-retour sur Toronto, en fin de semaine.

D’importants moyens de sécurité ont été déployés à travers toute la ville de Toronto à l’occasion de la venue de Jean Paul II. Gardes en tenue traditionnelle ­ avec le chapeau à quatre bosses et la veste rouge ­ et policiers accoutrés à l’américaine balisent le quartier entourant l’Exhibition Place, ou se dérouleront les principales cérémonies jusqu’à samedi soir. Chaque jeune est par ailleurs soigneusement passé au détecteur à métaux avant de pénétrer sur l’immense place.

Terrorisme, santé du pape, pédophilie et difficultés de l’Eglise canadienne

Depuis trois jours, les journaux canadiens couvrent amplement cette visite du pape. Entre la crainte de menaces terroristes, les rumeurs sur la santé de Jean Paul II, les récents scandales de pédophilie dans l’Eglise, et les difficultés des catholiques canadiens à se mobiliser pour cet événement, les 17èmes JMJ sont l’occasion de nombreuses remises en question largement reprises par les médias – un quotidien canadien, le «Globe and Mail», s’est particulièrement fait remarquer par un sondage révélant que 42% des Canadiens catholiques ne sont pas d’accord avec le pape au sujet de l’avortement et du rôle de la femme dans l’Eglise.

Le pape devrait profiter de l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse pour inviter les jeunes «à redécouvrir des valeurs qui sont essentielles pour une vie bonne et pour le bonheur humain». (imedia)

Encadré :

Jean Paul II désire se rendre aux Philippines début 2003

Avant même l’arrivée de Jean Paul II au Canada, Joaquin Navarro-Valls, le porte-parole du Saint-Siège, a confirmé le désir de Jean Paul II de poursuivre ses périples autour du monde.

Répondant aux questions des 70 journalistes, J. Navarro-Valls a affirmé que le pape «désire vivement» se rendre à Manille, aux Philippines, en janvier 2003, à l’occasion de la rencontre internationale des familles. En attendant, le prochain voyage de Jean Paul II hors d’Italie ­ après le Guatemala et le Mexique où il se rendra aussitôt après le Canada – est prévu du 16 au 19 août en Pologne. (apic/imedia/bb)

24 juillet 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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