Les pèlerins accourent déjà à Antigua, au Guatemala

Guatemala et Mexique: les 2ème et 3ème étapes de ce 97ème voyage du pape à l’étranger

Guatemala Ciudad, 28 juillet 2002 (APIC) Seconde étape de ce 97ème voyage du pape hors d’Italie, le Guatemala s’apprête à vivre mardi à Antigua, ville située à 45 km à l’ouest de la capitale guatémaltèque, la canonisation de Frère Pedro par le pape Jean Paul II. Plus de 500’000 pèlerins sont attendus.

«30’000 visiteurs arrivent chaque jour et pour le week-end nous en attendons 500’000 à 600’000», a déclaré maire de la ville, Victor Hugo del Pozo. «La plupart viennent d’Amérique centrale mais nous avons aussi une importante délégation des Iles Canaries (Espagne), où est né le frère Pedro de San Jose Betancour, du Portugal et d’autres régions d’Europe», a-t-il précisé. JMJ Ce religieux d’origine espagnole, né le 19 mars 1626, avait été béatifié il y a 22 ans pour son oeuvre pastorale au Guatemala durant la période coloniale.

Le pape arrivera lundi au Guatemala, en provenance du Canada, après les JMJ. Jean Paul II s’est déjà rendu à deux reprises dans ce pays, en 1983 et 1996, alors en pleine guerre civile. La violence est toujours présente, avec en plus une délinquance qui s’aggrave de jour en jour. Le pape y retrouvera notamment les communautés indiennes, qui souffrent d’un véritable apartheid social, où de nombreuses violations des droits de l’homme sont dénoncées et où plusieurs prêtres ont reçu des menaces de mort ces dernières semaines.

La capitale vit au rythme des attaques de banques, des enlèvements, de la prostitution infantile dont sont victimes 15’000 adolescents, du trafic de drogue et du blanchiment d’argent. Dans une totale anarchie urbaine, des dizaines de milliers de familles en grande majorité d’origines indiennes, viennent y chercher refuge. Les militants des droits de l’homme sont systématiquement victimes des provocations de l’armée et du pouvoir.

Extrême pauvreté

Dans l’ensemble du pays, 55,2% d’indiens disposent de l’eau potable contre 70,4% au sein des populations métisses, 50,9% ont l’électricité (contre 74,8% parmi les métisses) et 18,8% bénéficient du tout à l’égoût (contre 43,7%).

Prix Nobel de la paix 1992, Rigoberta Menchu n’a cessé de lutter contre les inégalités bravant les multiples menaces de mort dont elle est l’objet. Début juillet, l’Eglise catholique avait dénoncé qu’au moins six prêtres amenés à aider les populations les plus défavorisées dans les campagnes, avaient reçu des messages anonymes contenant des menaces de mort à leur encontre.

Ces menaces interviennent un an après la condamnation à 30 ans de prison de trois militaires reconnus coupables de l’assassinat de l’évêque de Guatemala, Juan Gerardi, dans son presbytère le 26 avril 1998. Mais les véritables commanditaires de cet assassinat, pourtant connus, courent toujours. Les menaces pèsent également sur ceux qui tentent de faire éclater la vérité. Avant son assassinat, Mgr Gerardi avait accusé l’armée d’être responsable de 150’000 assassinats et de la disparition de 50’000 personnes durant la guerre civile.

Multiplication des sectes

Confrontés à la violence, l’Eglise catholique voit en outre la multiplication des «Eglises évangélistes et des sectes fondamentalistes, estimées à plusieurs milliers sur l’ensemble du territoire et qui rassemblent près de 30% de la population principalement au sein des communautés indiennes. Arrivées dans le pays à la fin des années 70 via les Etats-Unis, les Eglises protestantes, Témoins de Jéhovah, Mormons ou autres Baptistes, n’ont cessé de proliférer durant la guerre civile (1960-1996) au point de constituer un réel phénomène de société comme dans de nombreux pays d’Amérique latine.

«Auparavant l’église catholique rassemblait 99% de la population, plus ou moins pratiquants. Maintenant nous représentons moins de monde, environ 70%, mais tous sont beaucoup plus fidèles», explique Mgr Fernando Gamadero, archevêque de Escuintla.

Côté secte, on ne se réjouit guère de la visite du pape. Membre de l’»Eglise de Dieu et de la Pentecôte», une secte évangéliste, José Elias estime qu’environ 10’000 églises ou sectes différentes existent actuellement au Guatemala. «L’église catholique qui bénéficie du soutien de l’Etat est totalement impliquée dans le fonctionnement politique du pays. L’Etat va payer ainsi toutes les installations pour la venue du pape».

L’élève de Rios Montt, le dictateur

L’un des membres les plus influents de cette secte fondamentaliste est l’ancien général et violent dictateur Efrain Rios Montt, président en 1982 et 1983 à la suite d’un coup d’Etat, avant d’être à son tour renversé. Aujourd’hui président du Congrès guatémaltèque, il sera lundi à la descente de l’avion du pape Jean Paul II, aux cotés du président Alfonso Portillo, élu sous les couleurs du parti populiste créé par Rios Montt, surnommé le «rouge de sang» au Guatemala.

Pour marquer cette visite, le président Alfonso Portillo a annoncé samedi sa décision de suspendre, à la demande du pape Jean Paul II, les exécutions de plus d’une trentaine de détenus condamnés à la peine capitale.

Arrêt dans la plus grande capitale du monde

Troisième et dernière étape de ce périple: le Mexique, où le pape procédera mercredi à la canonisation controversée de l’Indio Juan Diego. Des millions de Mexicains s’amasseront à partir de mardi dans la plus grande capitale du monde – 22 millions d’habitants – , là où le pape avait entamé il y a 23 ans le premier de ses 97 voyages à l’étranger.

Le Mexique est le pays comptant le plus de catholiques pratiquants du monde, soit 90 Après la canonisation de Juan Diego, le Mexique comptera 29 saints, dont 27 canonisés par le seul Jean Paul II.

Hôpitaux en état d’alerte

Dans l’attente de cette visite, les autorités ont mis les hôpitaux en état d’alerte, pour parer à toute éventualité et les centaines de journalistes demandant leur accréditation à l’Archevêché, ont été invités à préciser leur groupe sanguin.

Les plus prestigieux hôpitaux de la mégalopole de 22 millions d’habitants de Mexico ont été mobilisés pour donner toute aide éventuelle à Jean-Paul II lors de sa 5ème visite, ou à toute victime d’un mouvement de foule ou autre coup de chaleur. Un véritable hôpital ambulant, monté dans un camion, suivra de quelques mètres la «papamobile» qui parcourra 90 kilomètres en cinq trajets, a indiqué le Sous-secrétaire mexicain à la Santé, Roberto Tapia.

Mobilisation de 33’000 policiers

Les autorités de Mexico mobiliseront en outre à partir de mardi 35’000 policiers pour assurer la sécurité lors de la visite de 41 heures du pape que plus de 10 millions de Mexicains tenteront d’approcher ou d’apercevoir. Jean Paul II sera accueilli par le président mexicain Vicente Fox et tout son cabinet, 2’600 invités triés sur le volet, plus 124 évêques et quelque 600 journalistes et photographes. (apic/ag/pr)

28 juillet 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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