Une loi adoptée sous la dictature du général Zia ul-Haq
Pakistan: Nouvelle condamnation à mort pour blasphème contre le prophète Mahomet
Lahore, 29 juillet 2002 (APIC) Un tribunal de district de Lahore a condamné à mort samedi le dénommé Wajih-ul-Hassan pour blasphème contre le prophète Mahomet, annonce la presse pakistanaise. Il s’est également vu infliger une amende de 270’000 roupies, 10 ans de prison en vertu de l’article 295-A du code pénal pakistanais et trois autres années en vertu de l’article 298-A (lois sur le blasphème).
Selon l’article 295-C du code pénal – une loi de 1985 adoptée pendant la dictature du général Zia ul-Haq pour s’attirer les grâces des fondamentalistes islamiques -, la condamnation à mort est requise pour le blasphème. A l’annonce du verdict, le tribunal a fait savoir que Wajih ne pourrait bénéficier de l’article 382-Cr du code pénal parce que la cour ne peut se permettre d’être clémente en matière blasphème, «car l’islam ne le permet pas», rapporte la presse pakistanaise. Et le tribunal de préciser que la charia islamique édicte des lois précises et efficaces pour traiter les éléments antisociaux. «La liberté absolue n’existe que dans la jungle, et les sociétés ont besoin de lois qui règlent et protègent la vie», a ajouté la cour.
La charia, précise le tribunal, prescrit des punitions sévères pour les crimes tels que le blasphème, l’apostasie (la conversion d’un musulman à une autre religion est punie de mort), l’adultère, le meurtre, l’hypocrisie en matière de foi, l’espionnage, le vol, etc. «De tels crimes et ceux qui les commettent sont considérés comme un poison pour la société tout entière».
Les dérapages de la loi sur le blasphème
Wajih-ul-Hassan a été arrêté le 25 mai 2001 par la police de la ville d’Iqbal, après une plainte d’Ismail Qureshi, ancien président de l’association des magistrats de la Cour suprême de Lahore et président de l’Association mondiale des juristes musulmans. Qureshi, qui a plaidé dans plusieurs procès de blasphème, prétend que Wajih lui a envoyé des lettres insultant le saint Prophète Mahomet, ses femmes et ses compagnons. Wajih a plaidé non coupable. 11 témoins ont témoigné contre lui.
Les défenseurs des droits de l’homme au Pakistan rappellent que les lois sur le blasphème doivent être abolies parce que, dans de nombreux cas, les plaintes sont motivées par la jalousie ou l’appât du gain. Ces lois sont souvent utilisées pour solder des rivalités entre individus ou pour s’emparer du bien d’autrui. Elles sont également à l’origine de sanglantes émeutes. Il y a quelques semaines, un musulman a été lapidé à mort par des centaines de villageois après avoir été acquitté de l’accusation de blasphème parce qu’il avait été considéré comme malade mental. Le mois dernier, un ancien officier de l’armée pakistanaise condamné à mort pour avoir prétendu être un prophète, a été abattu en prison par un compagnon de cellule, alors qu’il attendait le résultat de son appel devant un tribunal supérieur. (apic/bbc/be)