Liban: Mohammed Hussein Fadlallah dénonce l’»arrogance américaine face à l’islam»

Haro sur les propos de Condoleezza Rice

Beyrouth, 30 septembre 2002 (APIC) Le Cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, leader spirituel du Hezbollah libanais, s’est moqué de la prétention de Washington à «démocratiser le monde musulman» alors même que les Etats-Unis soutiennent des gouvernements qui règnent par le «fer et le feu» sur des populations islamiques.

Les dérives verbales de la conseillère du président américain pour les questions de sécurité, Condoleezza Rice, continuent de provoquer l’indignation et la colère dans les pays arabo-musulmans, qui dénoncent «l’arrogance» américaine. Elle a déclaré la semaine dernière qu’en attaquant l’Irak, les Etats-Unis voulaient apparaître aux yeux des musulmans comme des «libérateurs», tout en estimant que les valeurs libérales américaines ne devaient pas s’arrêter aux frontières du monde islamique.

Le leader chiite libanais a ironisé devant une foule de fidèles sur le fait que les Etats-Unis voulaient apparaître comme des «libérateurs» dans la région, alors qu’ils feraient mieux d’alléger la pression qu’ils exercent sur les musulmans par le biais des «agents qu’ils utilisent pour gouverner les pays islamiques par le fer et le feu pour protéger les intérêts américains». Cheikh Fadlallah, qui a qualifié la façon de penser de Condoleezza Rice de «vindicative, arrogante et sioniste», faisait allusion aux alliés américains au Moyen-Orient que sont la Jordanie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite.

Dans une interview avec le «Financial Times», la conseillère américaine a souligné que seuls Bahreïn, le Qatar et la Jordanie étaient des pays avec des «éléments réformistes» méritant le soutien des Etats- Unis. Selon le quotidien anglophone libanais «The Daily Star» de lundi 30 septembre, Cheikh Fadlallah a déclaré dimanche lors d’un séminaire à la Mosquée Azhar dans la Bekaa, que le fait de condamner les auteurs des attentats du 11 septembre n’aura pas pour conséquence que le monde musulman se transformera en «satellite» pour les services secrets des Etats-Unis.

«Le défi posé désormais à l’islam est aussi un défi culturel, social et moral»

Le leader chiite a affirmé que l’islam n’avait jamais dû faire face à une phase aussi dangereuse que la situation actuelle, car le défi posé désormais à l’islam est aussi un défi culturel, social et moral.

La colère provoquée par les propos de Condoleezza Rice rapportés par le quotidien britannique «Financial Times» n’est pas retombée dans le monde musulman. La conseillère américaine a déclaré que la lutte pour les valeurs libérales américaines «ne doivent pas s’arrêter aux frontières de l’islam», ce qui a été interprété par nombre d’intellectuels musulmans comme une volonté d’hégémonie non seulement politique mais également culturelle. Ils ont dénoncé «la lutte menée par les Américains depuis le 11 septembre 2001 contre l’islam sous couvert de lutte contre le terrorisme».

«Rice n’a rien apporté de nouveau. Son président avait déjà déclaré sa croisade contre l’islam et les musulmans», a relevé la semaine dernière Mohammed al-Mesfer, professeur de sciences politiques à l’Université du Qatar. L’intellectuel qatariote estime que la conseillère de George W. Bush est «sous l’effet de l’ivresse procurée par l’hégémonie américaine. Mais d’autres l’ont précédée dans leur hostilité à l’islam». Le professeur a mentionné dans ce contexte Silvio Berlusconi. L’an dernier, à la même époque, le chef du gouvernement italien avait provoqué la colère du monde musulman en proclamant la suprématie de la civilisation occidentale sur l’islam. (apic/orj/dstar/be)

30 septembre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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