L’Eglise a-t-elle besoin d’un Concile Vatican III ?
Rome 10 octobre 2002 (APIC) L’idée de savoir si l’Eglise a besoin ou non d’un nouveau Concile est rarement à l’ordre du jour au sein du collège épiscopal, mais la question semble toujours ouverte. Le sujet a été abordé par le cardinal italien Carlo Maria Martini, alors archevêque de Milan, en octobre 1999 lors du synode pour l’Europe. Au cours d’une intervention en présence de Jean-Paul II et des Pères synodaux, le cardinal avait demandé «de nouvelles et plus larges expériences de collégialité» pour les évêques, pour pouvoir «délier les noeuds disciplinaires et doctrinaux qui réapparaissent périodiquement dans l’Eglise». «Je n’exclus pas qu’il puisse y avoir un Concile oecuménique pour le troisième millénaire, quand ce sera le moment et quand le pape le voudra», avait-il de nouveau déclaré à la presse en janvier 2001.
D’autres, comme les cardinaux Walter Kasper ou Karl Lehmann – président de la Conférence épiscopale allemande -, se sont exprimés dans ce sens. Le Code de droit Canon de l’Eglise catholique – CCEC – prévoit que le pape, «selon les besoins de l’Eglise», puisse «choisir et promouvoir les formes selon lesquelles le collège des évêques exercera collégialement sa charge à l’égard de l’Eglise tout entière». Même si ce code fait directement allusion au Concile, il souligne également l’existence d’autres formes de l’exercice de ce pouvoir, «qui peuvent être mises en oeuvre à l’initiative du pape lui-même ou acceptées librement par lui». Il en a été ainsi, par exemple, de la déclaration du dogme de l’Assomption – en 1950 -, demandée d’abord spontanément et préparée ultérieurement, grâce à la réponse des évêques du monde entier donnée à la question posée par le pape Pie XII. Par ailleurs, le problème de l’organisation d’un tel événement poserait, selon certains, quelques problèmes. En effet, l’Eglise compte aujourd’hui près de 4’500 évêques, contre 2’700 en 1962 et 1’000 lors du Concile Vatican I, en 1870.
En mai 2001, le consistoire convoqué par Jean-Paul II au début du troisième millénaire est notamment revenu sur la manière d’exprimer la collégialité des évêques, en fonction des structures ecclésiales existantes. Si la question d’un éventuel Concile Vatican III n’a pas été directement abordée, les avis convergeaient toutefois vers la volonté d’appliquer d’abord dans son ensemble le précédent Concile. Ainsi, pour le cardinal Paul Poupard interrogé alors par la presse italienne, «les temps ne sont pas encore venus pour un nouveau Concile». Pour lui, en effet, «le vrai problème des Conciles est celui de leur réception, c’est-à-dire de leur acceptation par l’ensemble de l’Eglise». «Or, la réception de Vatican II est à peine engagée et avant de penser à Vatican III il faut exploiter à fond les trésors de Vatican II».
Dans un article publié dans le quotidien italien «Corriere della Sera», Mgr Rino Fisichella, évêque auxiliaire de Rome, estime pour sa part que «la richesse des documents conciliaires n’a pas encore été assimilée». «Il ne faut pas oublier, ajoute-t-il, que plus l’Eglise parle d’elle-même et plus elle oublie que c’est le Christ qu’elle doit annoncer». «Un Vatican III à brève échéance ?», se demande-t-il en conclusion. «Par la force des choses, je ne le vois pas à l’horizon». (apic/imedia/sh)