Jean-Paul II et le Concile Vatican II

Rome 10 octobre 2002 (APIC) Parmi les acteurs du Concile Vatican II, il en est un qui s’est particulièrement fait remarquer pour la pertinence et l’actualité de ses interventions: Mgr Karol Wojtyla. Celui qui deviendra pape quelques années plus tard sous le nom de Jean-Paul II n’a pas cessé, tout au long de son pontificat, de rappeler l’importance et l’actualité du Concile Vatican II, alors qu’il devait essuyer les critiques post- conciliaires. C’est en tant que jeune évêque auxiliaire de Cracovie, puis en tant qu’archevêque de cette même ville, que Karol Wojtyla a lui-même participé au Concile.

Toutes les suggestions faites par Mgr Wojtyla au cours du Concile, «faisaient continuellement référence à la crise fondamentale de l’époque», précise George Weigel dans sa biographie de Jean Paul II, intitulée «Témoin de l’espérance». «Les propositions de l’évêque polonais reflétaient ses quarante premières années d’existence, ajoute-t-il, citant l’occupation nazie et sa vie dans la Pologne stalinienne, ses expériences en salle de classe et dans l’isoloir du confessionnal, ainsi que ses poésies, ses pièces et ses essais philosophiques».

Mgr Wojtyla, bien que discret au début, a pris la parole et a présenté des interventions écrites lors de chacune des quatre sessions. Sa première intervention, le 21 octobre 1964, fut pour demander aux Pères conciliaires que les documents de l’Eglise parlent du peuple de Dieu: une grande idée qui va marquer plus tard son pontificat. Ses interventions suivantes seront quant à elles marquées par ses études sur le «personnalisme». Son objectif est alors d’aborder les questions posées par l’opinion publique, telles que le dialogue interreligieux, la morale fondamentale et l’athéisme contemporain.

Les discours de Karol Wojtyla vont marquer l’assemblée conciliaire, notamment en 1965, lors des débats relatifs à la constitution pastorale «Gaudium et Spes». Le pape Paul VI avait explicitement demandé à ce que l’évêque polonais prenne part aux travaux de rédaction. «Le schéma actuel vous doit beaucoup, plus que vous ne le pensez», affirma le père P. Haubtman, rédacteur de la constitution pastorale, dans une lettre écrite à Mgr Wojtyla le 28 juin 1965. Pour sa part, le père Yves Congar, dominicain français qui fut expert au Concile, écrit dans son «Journal du Concile» – publié en septembre dernier -, que «Wojtyla a fait une très grande impression». «Sa personnalité s’impose, ajoute-t-il. Il rayonne d’elle un fluide, une attirance, une certaine force prophétique très calme mais irrécusable». Par ailleurs, dans son livre-entretien publié en 1994 et intitulé «Entrez dans l’espérance», Jean-Paul II se souvient en particulier «en quels termes le père Henri de Lubac – jésuite français, expert au Concile, ndlr – m’a encouragé à persévérer dans la voie que j’avais tenté de définir au cours de la discussion préparatoire».

L’époque du Concile fut également pour le futur pape Jean-Paul II, l’occasion de nouer des contacts avec les évêques venus du monde entier, et en particulier d’Afrique. C’est ainsi qu’il se lia d’amitié avec les évêques africains Hyacinthe Thiandoum, archevêque de Dakar, et Raymond- Marie Tchidimbo, archevêque de Conakry. A la suite de ces rencontres, il écrivit en particulier un poème intitulé «Mon frère le nègre».

Une fois élu pape, Jean Paul II s’est empressé d’appliquer les actes du Concile Vatican II. En 1985, il rencontre des milliers de jeunes musulmans à Casablanca, au Maroc. Le 13 avril 1986, il se tourne vers les juifs, se rendant pour la première dans une synagogue, à Rome. Le 27 octobre de la même année, il organise en outre la première rencontre interreligieuse de prière pour la paix, à Assise.

«Même s’il convient de rester prudent, en considérant tout ce qui a déjà été accompli et tout ce qui continue à être fait, force est de reconnaître que le Concile ne restera pas lettre morte», écrivit Jean Paul II dans «Entrez dans l’Espérance», soulignant que le Concile «est devenu une référence et même un défi, pour l’Eglise comme pour le monde». En 2001, dans sa lettre apostolique «Novo Millenio Ineunte», il qualifie ce Concile de «boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du XXIe siècle». (apic/imedia/sh)

10 octobre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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