Ukraine: Le cardinal Husar s’en prend à la «thèse de l’Eglise orthodoxe russe»
Selon laquelle il faut être orthodoxe pour faire un «bon Ukrainien»
Rome, 27 novembre 2002 (APIC) Il n’est pas nécessaire d’être un orthodoxe pour faire un «bon Ukrainien, s’insurge le cardinal Husar à propos de l’engagement des grecs catholiques ukrainiens. En visite récemment à Rome, le cardinal aurait une nouvelle fois demandé à Jean Paul II d’être élevé au rang de patriarche des grecs catholiques d’Ukraine. Au risque de détériorer davantage encore le «climat oecuménique».
«Personne ne peut nier que nous sommes de bons Ukrainiens», déclare en effet le cardinal Lubomyr Husar, archevêque majeur de Lviv des Ukrainiens grecs catholiques, au cours d’un entretien publié dans l’hebdomadaire italien «Famiglia Cristiana», à paraître le 1er décembre.
«La thèse de l’Eglise orthodoxe russe, affirme le cardinal Husar, est que, pour être de bons Russes, il faut être orthodoxe. Et ils tiennent le même discours pour l’Ukraine qui, disent-ils ’a toujours été orthodoxe’». «Mais, nous, grecs catholiques, ajoute-t-il, nous sommes plus de 4,5 millions de personne et nul ne peut nier que nous soyons de bons Ukrainiens».
Pour le cardinal, la seule existence des grecs catholiques «fait tomber la prétention d’identification culturelle et confessionnelle» et l’objectif de Moscou est d’éliminer, «tout ce qui fait obstacle à la réunification politique ou religieuse de l’Ukraine à la Russie». Selon lui, «la Russie ne parvient pas à se considérer comme une grande nation, comme ’un empire’, sans l’Ukraine. Il en va de même pour l’Eglise orthodoxe russe», souligne-t- il en précisant que sur les 19’000 paroisses qui dépendent du patriarcat de Moscou, plus de 9’000 se trouvent sur le territoire ukrainien.
Le cardinal Lubomyr Husar précise enfin qu’une partie de son rôle consiste à «tenter d’apporter de la moralité dans la vie sociale et politique avec des documents, des actions et des prédications». Il affirme cependant avoir «refusé» de signer un document présenté par le gouvernement et qui dénonçait l’opposition politique. Cette dernière est accusée de vouloir renverser le système. Aucun autre représentant religieux aurait refusé de signer cette déclaration.
Visite du président ukrainien Leonid Koutchma
Le cardinal Lubomyr Husar s’est rendu à Rome pour l’assemblée plénière de la Congrégation pour les Eglises orientales qui s’est déroulée du 19 au 22 novembre. Au Vatican, on affirme que le cardinal Husar aurait une nouvelle fois demandé à Jean Paul II d’être élevé au rang de patriarche des grecs catholiques d’Ukraine. Les opinions du Saint-Siège sont partagées à ce sujet. Pourtant une position de prudence semble prévaloir pour l’instant car cette nomination risquerait de causer des dommages sur le plan oecuménique.
Par ailleurs, le président ukrainien, Leonid Koutchma, en visite en Italie ces jours-ci, se rendra au Vatican le 28 novembre pour y rencontrer Jean Paul II. Le président Koutchma a plusieurs fois exprimé le désir d’arriver à une unification de l’Eglise orthodoxe en Ukraine. Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe officielle dépend du patriarcat orthodoxe de Moscou et deux autres entités ecclésiales orthodoxes en sont indépendantes. (apic/imedia/pr)