Genève: Le septième forum «Amour & Vie» de la Communauté Saint-Jean

La vérité, une sagesse pour l’amour

Michel Bavarel, de l’agence APIC

Genève, 26 janvier 2003 (APIC) A mille lieues des casseurs de Berne et presque aussi loin des manifestants plus paisibles de Davos, s’est déroulé, en cette fin de semaine, au Centre international de conférences de Genève, le septième forum «Amour & Vie», sous le slogan: «Chercher la vérité, une sagesse pour l’Amour». Organisé par la Communauté Saint-Jean, il a rassemblé environ 1’500 jeunes et quelques moins jeunes, venus à parts égales de France et de Suisse.

«Une oasis d’échanges, de foi, de calme, de prière.» C’est ainsi que Stéphanie Gueydan, chargée des contacts avec la presse, décrit le forum «Amour & Vie». Et en effet, nulle banderole s’en prenant aux méfaits de la mondialisation ou protestant contre la possible guerre en Irak, mais un week-end consensuel et sage. «Ce forum doit être tout sauf une réunion mondaine de bien-pensants, mais une rencontre de jeunes voulant être des saints, rien de moins!», affirmait pourtant frère Benoît-Emmanuel en ouverture. Il invitait les jeunes participants à «laisser de côté le vieux démon de la critique» et à «se mettre à l’école de maîtres pour chercher ensemble la vérité».

Parmi ces maîtres, des noms connus, comme celui de l’homme politique français Philippe de Villiers, venu conter l’aventure du Puy du Fou, un spectacle «ressuscitant» l’histoire de la Vendée, du journaliste et écrivain Franz-Olivier Giesbert ou du botaniste écologiste Jean-Marie Pelt. Un «père spirituel», le dominicain Marie-Dominique Philippe, 90 ans, fondateur de la Communauté Saint-Jean, qui a plaidé pour l’amitié comme moyen de découvrir Dieu. Des témoins comme les franciscains du Bronx ou le père grec-catholique Elias Chacour, arabe israélien qui se bat pour la paix avec les armes de l’Evangile. D’autres encore.

Eloge de la faiblesse

Deux interventions ont notamment marqué les esprits des participants. D’abord celle, d’une force peu commune, du Valaisan Alexandre Jollien, infirme moteur cérébral, auteur d’un petit livre dicté à un ordinateur et intitulé «Eloge de la faiblesse» (Le Cerf, 2002). Bénéficiaire d’une double formation de «handicapé professionnel» et de philosophe (il a étudié à l’Université de Fribourg), Alexandre Jollien a évoqué avec humour ses camarades de l’institut spécialisé où il a passé plus de dix-sept ans, dont Dominique. Grabataire, incapable de parler, Dominique riait quand Alexandre apprenait, difficilement, à marcher. «Mieux je marchais, plus il riait. Ce n’était pas de la moquerie, mais sa manière d’accompagner chacun de mes pas. Il m’a ainsi appris ce qu’est l’humanité dans sa profondeur. On devient plus humain en écoutant les faibles».

Alexandre Jollien affirme que la joie peut fleurir sur le tragique de l’existence. «Pourquoi cette joie sur le visage de ceux qu’on considère comme des ’légumes’, alors que tant de gens ordinaires sont moroses?» demande-t-il. Avant de citer Bergson, selon lequel toute création suscite la joie. «Quand il s’agit de la création de soi-même, c’est une joie totale. Ma vie de handicapé est un joyeux combat. Tout petit progrès est une joie».

Le respect des pauvres

Celle du jésuite Pierre Ceyrac ensuite. Il est parti en 1937 pour l’Inde, où il vit toujours, après une parenthèse d’une dizaine d’années auprès de réfugiés cambodgiens. Il s’occupe d’environ trente mille enfants abandonnés, orphelins, handicapés de la région de Madras. La pauvreté tue, souligne-t-il, exemple à l’appui. Et la mondialisation, en provoquant une hausse des prix des denrées, approfondit la pauvreté. Cependant, le père Ceyrac refuse tout misérabilisme. Il insiste au contraire sur la dignité et la grandeur des pauvres. Il s’agit d’abord de les traiter avec respect. Ensuite avec tendresse. «Il faut toucher les lépreux, les dalits (intouchables) pour leur manifester cette tendresse. Enfin s’identifier à eux: Ne jamais dire eux, mais toujours nous, car nous sommes tous blessés».

Pour le père Ceyrac, n’ont droit de cité dans l’Eglise que ceux qui servent les pauvres. «Il n’y a pas d’autre chemin pour aller à Dieu». Il ajoute: «Ce sont les pauvres qui purifient le monde». Concrètement d’abord, en accomplissant les tâches dont les autres ne veulent pas. Et spirituellement. «C’est un immense honneur pour moi d’être avec eux!», s’est-il exclamé.

Lors de la célébration eucharistique de clôture de ce forum, dimanche après- midi, le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour la culture, a évoqué l’appel de Paul VI pour une civilisation de l’amour et de la paix. Une civilisation qui reste à bâtir. MBA

Les illustrations de cet article sont à commander à l’agence CIRIC, Chemin des Mouettes 4, CP 405, CH-1001 Lausanne. Tél. ++41 21 613 23 83 Fax. ++41 21 613 23 84 E-Mail: ciric@cath.ch

(apic/mba/bb)

26 janvier 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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