Renforcer l’esprit de collaboration dans l’Eglise
Fribourg: Les agents pastoraux se forment à l’écoute de la Parole de Dieu
Bernard Bovigny, de l’agence APIC
Matran, 28 janvier 2003 (APIC) Les prêtres et agents pastoraux laïcs du canton de Fribourg se retrouvent du 28 au 30 janvier à Matran pour leur session pastorale annuelle. Après deux éditions centrées sur la planification et l’évangélisation, les participants se mettent cette année à l’écoute de la Parole de Dieu. «Pour renforcer l’esprit de collaboration», affirme le vicaire épiscopal Jacques Banderet.
«On ne restructure pas l’Eglise catholique comme une entreprise», soutient le chanoine Banderet, responsable de la pastorale pour la partie francophone du canton de Fribourg. Les 123 agents pastoraux présents au Collège St-Joseph vivent depuis plusieurs années les effets de la planification, qui vise notamment à former des équipes d’agents pastoraux pour des ensembles de paroisses. «Or, poursuit le vicaire épiscopal, il importe d’abord de renforcer l’esprit de collaboration entre prêtres et animateurs laïcs d’une part, et entre agents pastoraux et paroissiens d’autre part. Et une telle session peut y contribuer car la Parole de Dieu unifie.»
Le canton de Fribourg, tout comme les autres régions du diocèse et même de Suisse, connaît actuellement une situation pour le moins critique au niveau des forces pastorales. L’âge moyen des prêtres en fonction approche les 65 ans, selon les estimations du vicariat épiscopal. Et la vocation des laïcs au service de l’Eglise stagne, après avoir connu une forte poussée il y a une dizaine d’années. «Les prêtres deviennent de plus en plus sollicités. Le risque d’être débordés par les activités reste très présent. Certains d’entre eux sont fatigués et cela me rend soucieux», affirme le chanoine Banderet. Ce danger d’essoufflement touche également les agents pastoraux laïcs, trop souvent livrés à eux-mêmes pour leur ressourcement spirituel, selon Joël Bielmann, adjoint du vicaire épiscopal.
Donner un enracinement à l’action pastorale
Pour le chanoine Banderet, cette session 2003 vient à point nommé, après celles de 2001 centrée sur la restructuration, à l’exemple du diocèse de Besançon, et celle de 2002 dont le thème touchait l’annonce de la foi dans le monde actuel. «C’est une suite logique: il faut donner un enracinement à toute action pastorale».
Les participants, une soixantaine de prêtres et autant de laïcs réunis autour de leur évêque, Mgr Bernard Genoud, se mettent durant trois jours à l’écoute de Luciano Manicardi, un moine italien de la communauté de Bose, dans le Piémont. Celui-ci les initie la «lecture croyante de la bible» (Lectio Divina). «Dieu parle et l’homme écoute. C’est là le fondement de la Lectio Divina», souligne le conférencier. «Ecouter, c’est donner la parole à quelqu’un et lui donner la possibilité d’exister, en relation avec moi». Pour Frère Luciano, lire la bible permet de centrer la vie ecclésiale et le travail d’évangélisation sur Dieu. La lecture qu’il propose aux agents pastoraux passe d’abord par une phase d’écoute (en prononçant les phrases à haute voix), puis par une méditation afin de retirer un message du texte biblique. Enfin, le croyant donnera sa «réponse créative» à la Parole de Dieu, avant d’entamer la quatrième et dernière phase, celle de la contemplation.
Une expérience au temple de Fribourg
La «Lectio Divina» ne constitue pas une inconnue pour l’abbé Jean- Philippe Halluin, curé de Villars-sur-Glâne. Avec le pasteur protestant Jean-Baptiste Lipp, il anime depuis plusieurs mois des séances de «lecture croyante de la bible» au temple de Fribourg. «La Lectio Divina se situe parmi les thèmes et animations les plus intéressants que nous avons proposés dans le cadre de notre parcours biblique oecuménique», a-t-il confié à l’APIC. «Nous rassemblons en moyenne 50 à 60 participants une fois par mois. Parmi eux, se trouvent de nombreuses catéchistes de paroisses, ainsi que quelques agents pastoraux laïcs. J’ai découvert chez elles et chez eux une grande soif de spiritualité et de découverte de la Parole de Dieu». BB
Encadré
Bose, une communauté mixte et oecuménique
La communauté monastique de Bose a été fondée en 1965 par Enzo Bianchi, alors économiste de l’Université de Turin et secrétaire provincial du parti démocrate-chrétien. Attiré par la radicalité de la vie monastique, il découvre et restaure l’église romane en ruines de Bose, un hameau près d’Ivrea, puis fonde son propre monastère. Les premiers frères arrivent en 1968 et font leur profession de foi en 1973. La communauté mixte et oecuménique regroupe aujourd’hui 74 moniales et moines, dont 14 novices. Elle compte une fraternité à Jérusalem et une dans les Pouilles, au sud de l’Italie.
Si la majorité des membres sont des catholiques italiens, la communauté compte des protestants et des orthodoxes, de différentes nationalités. Elle est très centrée sur la «Lectio divina», et vit de son travail, grâce à son jardin potager, son atelier de menuiserie, son imprimerie et la vente de confitures, de poteries et d’icônes. «Nous les moines, nous n’avons aucun charisme, sauf celui de tenter de mener une vie chrétienne, c’est tout!», a soutenu son fondateur Enzo Banchi, âgé de 60 ans, lors d’un récent passage à Fribourg. (apic/bb)