Destinés à des colonies de Gaza, dénonce la Ligue Arabe
Israël: Feu vert du gouvernement pour l’immigration de 20’000 juifs d’Ethiopie
Jérusalem, 18 février 2003 (Apic) Le gouvernement israélien a accepté dimanche, à l’unanimité, l’immigration de quelque 20’000 éthiopiens d’origine juive. La ligue arabe avait accusé Israël, à la mi-janvier, de se préparer à accueillir ces juifs d’Ethiopie en vue de les installer dans les colonies de la bande de Gaza et de Cisjordanie.
En 2000, Israël avait accueilli 2’246 immigrants juifs d’Ethiopie. Puis, 3’298 en 2001 et 2’693 en 2002, indiquent des statistiques du ministère de l’Intégration de l’état hébreux.
Selon la porte-parole du ministère israélien de l’Intérieur, Tova Ellinson, la décision d’accepter le retour à la terre promise des juifs éthiopiens, a été prise à la suite d’une proposition soumise par le ministre de l’Intérieur Eli Yishaï. Elle concerne 17’000 falachmoras ou juifs éthiopiens convertis de force au christianisme au 19e siècle, et 3’000 autres fallashas, c’est à dire des éthiopiens d’origine juive. Les membres de ce deux communautés sont dispersés dans des villages de l’intérieur de l’Ethiopie. Les fallashas, selon leurs thèses, sont des descendants du roi Salomon qui, selon la Bible, épousa la reine de Saba, à l’époque sur le trône en Ethiopie.
Vérification de la judéité des candidats
Une commission ministérielle sera mise sur pied bientôt pour travailler sur les modalités pratique d’exécution de cette décision. Dans ce cadre, des émissaires du ministère israélien de l’Intérieur et des représentants du rabbinat se rendront prochainement en Ethiopie pour mettre en place le dispositif de départ pour Israël de ces immigrants, a-t-on annoncé à l’AFP. Lors de cette mission, la mission israélienne procédera à des vérifications de la judéité des candidats au départ. Il s’agira pour eux, de prouver notamment les origines juives de leur mère. Le rabbinat orthodoxe qui fixe la règle à suivre en la matière, reconnaît comme juive toute personne née de mère juive.
La décision du cabinet israélien intervient plus d’un mois après une manifestation, le 12 janvier 2003, de quelque 3’000 immigrants juifs d’Ethiopie, devant le siège de la présidence du conseil à Jérusalem. Ils se disaient «victimes de discrimination» et réclamaient du gouvernement l’autorisation de leurs proches à venir les rejoindre, bien que leur judéité soit contestée. Ces proches appartiennent pour la plupart à la communauté des falachmoras.
Conversion préalable exigée
Les falachmoras sont concentrés à Addis Abeba, la capitale éthiopienne et dans la province du Gondar (nord-ouest de l’Ethiopie). Ils assurent que le «droit au retour» qui permet à tout juif dans le monde de s’installer en Israël s’applique à leur communauté. Mais leur lien avec le judaïsme fait l’objet depuis des années d’une polémique entre responsables politiques et religieux israéliens qui exigent leur conversion préalable au judaïsme.
Les juifs d’Ethiopie ont vécu séparés pendant des siècles des autres communautés juives de la diaspora. Le rabbinat israélien a tardivement reconnu leur judéité et deux ponts aériens, en 1984 et 1991, ont permis l’émigration de 80’000 d’entre eux en Israël. Plusieurs centaines de juifs éthiopiens vivent dans des colonies en Cisjordanie.
Cette communauté essentiellement rurale a dû franchir un énorme fossé culturel et a connu une intégration difficile dans la société israélienne, en dépit d’une aide massive. Elle souffre notamment du chômage et de préjugés raciaux. (apic/ibc/bb)