Brazzaville: Des délégués d’Eglises d’Afrique centrale se penchent sur la question du sida

«Il est temps de dynamiser l’action des Eglises»

Brazzaville, le 28 mai 2003 (Apic) Il est temps de dynamiser l’action des Eglises africaines pour faire face au sida, ont estimé des délégués d’Eglises d’une dizaine de pays africains. Ils ont déploré la discrimination à l’encontre des malades ainsi que le manque de réalisme des Eglises face au sida.

Réunis du 20 au 23 mai à Brazzaville, une cinquantaine de délégués représentant les Eglises du Cameroun, de Centrafrique, du Gabon, de la République du Congo, de la République Démocratique du Congo et du Tchad ont tenté d’apporter une réponse théologique sur l’accompagnement des personnes vivant avec le sida.

Avec les viols des femmes pendant les guerres de ces dix dernières années et le phénomène des enfants orphelins devenus des chefs de familles, le sida a rapidement progressé. La maladie a causé des désastres en Afrique centrale, une sous-région caractérisée par de nombreux conflits ethniques armés, a expliqué Hendrew Lusey, coordinateur régional de cette initiative oecuménique.

«Il est temps de dynamiser l’action des confessions religieuses face au sida et d’impliquer certains leaders de l’Afrique centrale encore hésitants en renforçant leurs capacités», a déclaré Hendrew Lusey aux participants à la rencontre de Brazzaville. Un rendez-vous mis sur pied par le Conseil oecuménique des Eglises (COE), avec le concours du Programme des Nations Unies pour le Développement et du Conseil oecuménique des Eglises chrétiennes du Congo (COECC).

Discrimination

Dans son allocution d’ouverture, le pasteur Alphonse Mbama, président en exercice du COECC, a déploré manque de réalisme des Eglises: «Pendant longtemps, les Eglises ont voulu, pour des raisons doctrinales, croire qu’elles étaient à l’abri de cette maladie. Convaincues que la maladie ne se transmettait que par voie sexuelle, elles ont mis l’accent sur la fidélité et l’abstinence, négligeant ainsi de parler à leurs fidèles de la prévention».

Dans certains pays de l’Afrique centrale, la prévalence du VIH est supérieure à 5%; selon un rapport d’ONUSIDA, parmi ces pays figurent le Cameroun (11,8%) et la République centrafricaine (12,9 %).

Les participants ont par ailleurs insisté sur la nécessité de travailler ensemble. Pour le théologien gabonais Gaspard Obiang, «la stigmatisation favorise la discrimination des personnes vivant avec le sida».

Dans une déclaration dite «Lettre de Brazzaville» adressée à toutes les Eglises d’Afrique centrale membres du COE, les participants les ont encouragées à «prendre conscience de la vulnérabilité des femmes, des filles et des enfants à la propagation du sida». Les participants ont enfin demandé «pardon à toutes les personnes vivant avec le SIDA qui ont été stigmatisées, discriminées et exclues par des comportements vicieux vis-à- vis d’elles».

La question de la stigmatisation et la discrimination des personnes affectées par le sida sera d’ailleurs abordée par les chefs d’Eglise, des représentants de mouvements de jeunes et de lors de la 8e Assemblée générale de la Conférence des Eglises de toute l*Afrique, en novembre prochain à Yaoundé, au Cameroun. (apic/eni/pr)

29 mai 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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