Croatie: Le pape s’est rendu à Zadar sur la côte Adriatique pour sa dernière étape

100e voyage international de Jean Paul II

Dernière étape avant son retour à Rome: bilan de 5 jours de voyage

De notre envoyé spécial en Croatie, Antoine Soubrier

Zadar, 9 juin 2003 (Apic) Le pape Jean Paul II a conclu lundi 9 juin son 100e voyage international par une brève étape dans le diocèse de Zadar, sur la côte dalmate. Mettant ainsi un terme à une visite de cinq jours particulièrement éprouvante en raison de la chaleur et des nombreux déplacements. A l’issue du voyage, son entourage a confirmé la capacité du pape à poursuivre ses voyages.

L’accueil réservé à Jean Paul II dans la petite ville de Zadar a été beaucoup plus chaleureux que les jours précédents. Arrivé en fin de matinée par avion depuis Rijeka, le pape a rejoint le centre de Zadar ­ à 150 kilomètres au sud de Rijeka – en papamobile. Des centaines de personnes s’étaient massées le long du trajet pour saluer le chef de l’Eglise catholique en agitant des petits drapeaux aux couleurs du Saint-Siège et de la Croatie.

Une majorité de la population présente était composée de jeunes et d’enfants, scandant en croate des «Viva Ivan Pavel !», au rythme d’applaudissements, de cris de joie, et des cornes de brume utilisées sur les bateaux accostés sur la côte qui bordait la place où trônait un immense podium. Des enfants habillés en marins brandissaient des banderoles sur lesquelles était inscrit «Volimo te», «Nous t’aimons». Les jours précédents, les cérémonies présidées par Jean Paul II avait été marquées par beaucoup plus de discrétion.

Dans cette ville de 80’000 habitants, tous les Zaratins semblaient être descendus dans la rue pour suivre la cérémonie de la parole présidée par le pape sur une place encore empreinte de vestiges de l’époque romaine. L’archidiocèse de Zadar est indépendant de l’Eglise croate. Il est directement rattaché au Saint-Siège. Son histoire remonte à 530, au moment du Concile de Salone. La ville fut la première de Croatie à recevoir un pape, en 1177.

Invitation à la «docilité»

Au cours de son homélie, Jean Paul II a confié à la Vierge Marie les fruits de son troisième voyage en Croatie, qui s’est achevé dans l’après-midi. Dans un pays où l’Eglise catholique est encore souvent assimilée au nationalisme, Jean Paul II a invité les Croates à la «docilité» envers la Vierge et à «l’ouverture à Dieu». «Pèlerins du troisième millénaire, a-t-il déclaré, nous nous confions à l’intercession de la Vierge Marie, afin qu’avec sa prière, elle soutienne notre foi, alimente notre espérance et rende notre charité efficace». Le pape a en outre prié pour que le peuple croate soit «protégé des tentations» et «libéré du mal».

Aux premiers rangs, étaient notamment présents, outre l’évêque du lieu, le président Stjepan Mesic, ainsi que l’évêque orthodoxe serbe Fotije, représentant de son Eglise pour la région occidentale de la Croatie.

Cette ultime étape de Jean Paul II en Croatie avait été rajoutée au dernier moment à la demande de l’archevêque de Zadar, Mgr Ivan Prendja. Celui-ci avait fait remarquer aux organisateurs des voyages pontificaux que son archidiocèse était le dernier que le pape n’ait pas visité en 25 ans de pontificat et en trois voyages dans le pays, a indiqué l’Apic Mgr Renato Boccardo, organisateur des voyages pontificaux.

Au sanctuaire de Trsat

La veille en fin d’après-midi, le pape s’était rendu au sanctuaire de Trsat, à quelques kilomètres de Rijeka. Dans ce lieu vénéré par tous les Croates depuis plus de 700 ans, Jean Paul II s’est recueilli quelques instants devant une icône que la légende veut peinte par saint Luc. Au cours d’un bref discours, le pape a appelé les chrétiens de Croatie «à ne pas céder à la crainte ni à être paralysés par l’inertie». Après avoir offert son chapelet au sanctuaire, le souverain pontife a évoqué sa mort, en demandant aux personnes présentes de prier pour lui durant sa vie et après sa mort.

Avec l’étape de Zadar, le voyage de Jean Paul II a pris fin dans l’après- midi du 9 juin. Au total, le pape aura rassemblé près de 500’000 Croates en cinq jours. La messe célébrée à Osijek, le 7 juin, ayant réuni près de 200’000 personnes en plein soleil.

Le 3e voyage de Jean-Paul II en Croatie aura particulièrement été marqué par le passage du pape dans les régions les plus touchées par la guerre serbo-croate des années 90, Osijek, Djakovo et Dubrovnik. Ces étapes ont été l’occasion pour Jean Paul II d’appeler la population croate à la réconciliation avec ses voisins de Serbie et de Monténégro notamment.

Sous forme de bilan

A Rijeka, dans la partie occidentale du pays, Jean Paul II a mis en garde les Croates contre le consumérisme, les exhortant à préserver leur identité catholique, notamment à l’heure de la construction européenne à laquelle le pape à, dès son arrivée, encouragé la participation de la Croatie. En même temps, dans un pays où l’Eglise catholique a souvent été utilisée pour la propagande politique, le pape a insisté pour que les Croates s’engagent avec efficacité et sincérité dans la reconstruction sociale et religieuse de leur pays, notamment à travers des activités caritatives, avec un plaidoyer pour la famille.

Malgré une chaleur intense au cours de son voyage, Jean Paul II semble avoir tenu le coup. «Il souffre de la chaleur comme nous tous», a simplement indiqué aux journalistes son médecin privé, Renato Buzzonetti. A certains moments, la température est montée jusqu’à 38°C, n’empêchant toutefois pas le pape de respecter entièrement son programme. Pour le porte- parole du Saint-Siège, la «réussite» de ce voyage est le signe que Jean Paul II «peut continuer ses déplacements».

Actuellement, seule la visite éclair d’une journée ­ le 22 juin ­ à Banja Luka, en Bosnie-Herzégovine, a été confirmée. D’autres projets sont en cours, parmi lesquels ceux de la Mongolie et de la Russie ­ initialement prévus pour le mois d’août, mais repoussés à une date indéterminée -, de la Slovaquie ­ mi-septembre ­ ou encore de la Serbie ­ courant 2004.

Outre une visite en Suisse, dans le cadre de la Journée des jeunes mise sur pied en juin 2004 par la Conférence des évêques suisses, une visite du pape Jean Paul II en France pourrait être envisagée si les évêques français l’invitent, a déclaré lundi Mgr Renato Boccardo, responsable de l’organisation des voyages pontificaux dans un entretien au quotidien français «Le Figaro», cela, au cas où une invitation des évêques était faite.

En chiffres

Avec son 100e voyage, le pape aura visité 129 pays différents sur les cinq continents, avec une prédilection pour son pays natal, la Pologne, qu’il a visité à neuf reprises. Les Etats-Unis sont en deuxième position avec sept voyages, suivis de la France avec six visites. Les pays les plus reculés comme l’Azerbaïdjan ­ en 2002 ­ ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée ­ en 1984 ­ n’auront pas été épargnés. Au cours de ces voyages, Jean Paul II aura en outre visité 706 villes différentes, rassemblant en 25 ans de pontificat des dizaines de millions de personnes à qui il a délivré 2’399 discours dans leurs langues respectives.

Au total, enfin, le pape a passé 575 jours et 12 heures à voyager hors de l’Italie, parcourant 1’160 113 kilomètres, soit 29 fois le tour de notre planète ou trois fois la distance de la terre à la lune.

L’avion de la Croatia Airlines à bord duquel se trouvait le pape Saint Père a décollé avec une demi-heure de retard vers 13H45, en direction de Rome. (apic/imedia/pr)

9 juin 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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