1 Israël: Des centaines de rabbins d’extrême-droite contre la «feuille de route»

Pas question de céder un seul grain sacré de la terre d’Israël

Jérusalem, 24 juin 2003 (Apic) Des centaines de rabbins israéliens d’extrême-droite, usant d’arguments religieux, se sont prononcés contre la «feuille de route» destinée à ramener la paix dans la région. Pour eux, la Bible interdit formellement de céder aux Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie «un seul grain de la terre biblique» que Dieu a donnée aux juifs et un tel acte serait une grave violation de la loi juive.

Ancien «speaker» de la Knesset, le député travailliste israélien Avraham Burg a qualifié mardi les attaques de ces personnalités religieuses contre le plan de paix d’»invitation à l’assassinat», rapporte le quotidien israélien «Ha’aretz». La position des rabbins extrémistes, alliés aux colons des territoires occupés, fait craindre le développement d’une atmosphère délétère et de dangereuses luttes intestines à l’instar de celles qui ont précédé en 1995 l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un religieux juif fanatique et ultranationaliste.

L’assassinat du Prix Nobel de la Paix avait aussi été précédé de décrets religieux émis par des rabbins qui suggéraient que Rabin devrait être pris pour cible en raison de la recherche d’une solution basée sur la paix avec les Palestiniens en échange de la restitution des territoires occupés.

Dieu a donné la terre d’Israël aux seuls juifs

Lors d’une réunion lundi à Jérusalem de l’Union des rabbins pour le peuple et la terre d’Israël, les rabbins extrémistes ont mis en garde le Premier ministre israélien Ariel Sharon: pas question de restituer les territoires occupés – qu’ils qualifient de «terre biblique» – pour permettre l’érection d’un Etat palestinien. «Personne dans le monde, des puiseurs d’eau et des tailleurs de pierre aux Premiers ministres, n’a le droit de céder un seul grain de la terre d’Israël», a déclaré l’ancien Grand rabbin sépharade. Pour Mordechai Eliyahu, chaque grain en particulier est sacré.

«Nous parlons au nom du people juif – passé, présent et avenir – pour dire qu’il est interdit de céder la terre», a lancé Shalom Gold, de la communauté Har Nof de Jérusalem. L’ancien Grand rabbin ashkénaze Avraham Shapira a pour sa part affirmé que la restitution des territoires occupés est «une transgression particulièrement grave».

Avraham Burg, le fils de l’ancien chef du Parti National Religieux Yosef Burg, qui fait lui-même partie de la communauté juive orthodoxe, a déclaré que les rabbins se sont placés eux-mêmes au-dessus de la loi. Ils devraient être traités en tant que «rebelles et incitateurs». «L’Etat d’Israël appartient aux juifs, et Dieu et n’intervient pas dans les affaires politiques», a-t-il déclaré sur les ondes de la radio israélienne. Et d’affirmer que proclamer des sentences religieuses interdisant la restitution de territoires est une forme d’»invitation à l’assassinat», dont les rabbins devraient être tenus pour responsables.

Les rabbins extrémistes ont appelé les colons occupant les sommets des collines dans les territoires palestiniens à faire de la résistance passive. Mais il y a eu des échanges de coups avec les forces de sécurité venues les évacuer et des personnes ont été blessées. L’atmosphère devient propice à des actes désespérés de la part des fanatiques. L’association des rabbins orthodoxes opposés aux accords de paix d’Oslo de 1993 était en sommeil jusqu’au moment de l’annonce de l’acceptation de la «feuille de route» prévoyant un Etat palestinien coexistant avec l’Etat d’Israël en l’an 2005. (apic/haa/be)

24 juin 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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