Du Père Damien à la mission actuelle
Belgique : bilan sur la mission aujourd’hui (190789)
Bruxelles, 19juillet(APIC/CIP) Aujourd’hui la mission doit se vivre dans
un monde en profonde mutation, a déclaré le Père Jean-Pierre Holemans, supérieur de la province de Belgique des Pères du Sacré Coeur, lors d’une
réunion missionnaire à Rixensart (Belgique). C’est un bilan de la mission
aujourd’hui comparée à celle de l’époque du Père Damien, l’apôtre des lépreux, que le Père Holemans et de nombreux missionnaires ont fait par leur
témoignage.
Jusqu’à la première guerre mondiale, a souligné le Père Holemans, on a
souvent considéré le monde comme un décor, un cadre où se mouvaient deux
acteurs : l’homme (prenant de plus en plus de place) et Dieu (ou
l’Humanité) devant qui il faut rendre compte. Or, les rapports sont en
train se se modifier avec le monde, qui fait valoir ses droits de troisième
partenaire. Le Nord, par exemple, découvre son interdépendance avec le Sud.
Il s’aperçoit aussi qu’il ne peut tenir l’environnement pour partie
négligeable.
Le salut, selon la Bible, comporte à la fois appel et mission, a rappelé
aussi le Père Holemans. L’appel contient toujours une invitation à devenir
soi-même : «Va vers ton pays», «Va vers toi-même», traduit volontiers le
religieux. La mission consiste alors à bâtir une relation d’amour avec les
autres et avec Dieu. Que des hommes se fassent disciples de Jésus pour que
naissent des commuanutés de disciples.
Dans un monde qui s’affirme comme partenaire, a conlu le provincial des
Pères du Sacré-Coeur, trois exigences s’imposent aux chrétiens en fonction
de leur mission. La première : passer d’une foi «héritée» ou «doctrinale» à
une foi vécue et assumée personnellement. En second lieu : regarder le
Royaume de Dieu non comme une réalité close dans laquelle il faudrait faire
entrer les autres, mais comme la réalité même de Dieu qui s’approche et à
laquelle il s’agit de consentir. D’où une troisième exigence : aimer comme
Dieu, gratuitement, de façon à faire naître la «surprise» de la foi.
«Surprise» d’autant plus précieuse que la proximité du Royaume de Dieu
n’est pas évidente en regard de l’immensité de certains défis actuels.
Aux chrétiens, dès lors, d’inventer des gestes nouveaux et «surprenants», révélateurs de la proximité du Royaume, a suggère le Père Holemans.
N’est-ce pas ce que faisait le Père Damien autrefois quand à la surprise
générale, il mangeait en puisant au même plat que les malades et surtout
quand il est resté sur l’île parmi les lépreux alors qu’on attendait de lui
qu’un séjour tout provisoire!
Témoignages
Les missionnaires présents ont ensuite, par leurs témoignages, montré
l’espérance que cultive l’action des chrétiens dans différentes parties du
monde, et souvent dans des conditions très difficiles.
Ainsi en Bolivie, où le mines d’étain entraînent d’importantes
migrations, on voit aussi des chrétiens essaimer et fonder de nouvelles
communautés. Le meilleure réponse face à d’anciens réflexes individualistes
ou face aux sectes démobilisatrices.
Au Brésil, il y a toujours 5 millions de familles sans terre, tandis que
se poursuivent les déboisements massifs. Mais l’Eglise fait corps avec le
peuple face à l’Etat. Car, en lisant la Bible, le peuple prend conscience
de son histoire, de ses droits. Et la participation des jeunes et des
femmes progressent.
Au Chili aussi, on observe un meilleur sens communautaire des jeunes et
un renouveau des vocations dans une Eglise plus sensible aux situations de
détresse, vigilante face aux emprisonnements et à la torture. Mais le
climat de méfiance entre Chiliens s’est installée de manière tenance au fil
des années de dictature.
Depuis le début de la guerre civile, les chrétiens du Liban s’expatrient. Tout un travail est à faire pour leur donner des raisons de rester,
et notamment sur le plan de la formation à la foi.
Au Rwanda, les missionnaires vieillissent, mais les laïcs prennent la
relève : comme catéchistes, responsables de paroisses, animateurs et membres de groupes de prière, de groupes missionnaires, de mouvements. Alors
que du Zaïre partent aujourd’hui des missionnaires pour l’étranger, preuve
en sont les prêtres zaïrois engagés dans la pastorale en Belgique.
Le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, a souligné, dans son homélie, que le missionnaire est avant tout animé par un
amour qui a six caractéristiques. Aimer, c’est quitter Jérusalem pour
Jéricho, a déclaré Mgr Danneels faisant référence à la parabole du Bon
Samaritain, quitter son domicile et sa sécurité. C’est aller tout droit,
sans détour pour éviter les autres. C’est accompagner soi-même les actes,
en entrant dans les détails, comme le Bon Samaritain. C’est persévérer,
aller jusqu’au bout de l’amour. L’amour, en fin de compte, trouve sa source
en Dieu et c’est pourquoi il est capable de triompher du péché et du mal.
(apic/cip/bd)