Le pasteur Hill avait assassiné un médecin pratiquant des IVG
Etats-Unis: Les évêques de Floride demandent à Jeb Bush la grâce d’un condamné à mort
Tallahasse, 27 août 2003 (Apic) Les évêques catholiques de Floride ont demandé au gouverneur Jeb Bush, frère du président des Etats-Unis, la grâce pour un condamné à mort responsable de l’assassinat d’un médecin pratiquant des IVG et de son garde du corps. Militant anti-avortement, l’ex- pasteur presbytérien Paul Hill, qui a commis son double crime devant la Clinique Ladies’ Center à Pensacola en 1994, doit être exécuté le 3 septembre prochain.
Les évêques de Floride, qui condamnent les actions criminelles de Paul Hill, demandent que la peine capitale soit transformée en prison à vie sans possibilité de liberté conditionnelle. L’ancien pasteur presbytérien avait abattu le docteur John Britton, qui faisait des interruptions de grossesse, ainsi que son garde du corps John Barrett, devant la clinique pratiquant des IVG. Il a été condamné deux fois à la prison à vie en vertu des lois fédérales américaines qui protègent les entrées des cliniques en question. Mais la peine de mort en vigueur dans l’Etat de Floride prédomine sur les autres condamnations.
Qualifiant le double assassinat commis par Paul Hill «d’attaque injustifiable contre la vie humaine», les évêques ont affirmé, dans une déclaration datant du 25 août, qu’»ils condamnaient et rejetaient sans équivoque ce genre d’actes», tout en rappelant que l’avortement, qui tue des enfants à naître, est terrible. Mais ôter des vies humaines, comme l’a fait Hill, est également terrible. Mais exécuter l’assassin signifie à leurs yeux rabaisser encore davantage dans la conscience de la société le caractère sacré de la vie humaine. C’est ainsi, affirment-ils, que l’on ne fait qu’alimenter encore davantage la spirale de la violence.
Les extrémistes demandent l’annulation de l’exécution
Les mesures de sécurité ont été renforcées aux alentours des cliniques américaines pratiquant l’interruption de grossesse. Des avertissements ont été lancés en prévision de violences qui pourraient provenir de mouvements fanatiques. Les militants extrémistes anti- avortement pourraient se manifester la semaine prochaine en cas d’exécution de Paul Hill. Le FBI a déjà mis sous surveillance certains d’entre eux jusqu’à l’exécution par injection de Paul Hill.
Vicki Saporta, présidente de la «National Abortion Federation», qui compte 400 établissements à travers les Etats-Unis pratiquant 1,2 million d’interruptions de grossesses (la moitié des IVG pratiquées chaque année dans le pays) se dit très inquiète. Cette exécution pourrait avoir de graves répercussions pour les cliniques pratiquant des IVG.
Menaces de mort contre des responsables politiques de Floride
Le problème est pris particulièrement au sérieux car une série de lettres de menaces de mort ont été envoyées aux dirigeants de l’Etat de Floride au cas où ils n’agiraient pas pour annuler l’exécution du double meurtrier. Des lettres contenaient même des balles de fusils à haute puissante habituellement utilisés à l’armée ou pour la chasse. Un grand nombre de mises en garde, émanant notamment d’un groupe radical nommé «l’Armée de Dieu», ont été envoyées par internet.
«Ce sont des gens qui croient qu’il est justifié de tuer ceux qui pratiquent des avortements et qui encouragent d’autres personnes à agir de cette manière,» poursuit Vicki Saporta. «Ces menaces doivent être prises au sérieux car ces gens ont démontré qu’ils tuent pour faire avancer leurs croyances».
Quelques groupes anti-avortements ont même, pour une fois, rejoint des activistes anti-peines de mort pour demander que la sentence de John Hill soit commuée en condamnation à la prison à vie, sans possibilité de liberté conditionnelle. Il ne faudrait pas permettre à Paul Hill de réaliser son voeu de mourir en martyr, qu’il a exprimé dans des interviews et des lettres envoyées de sa cellule du couloir de la mort.
Lors de son procès, en 1994, Paul Hill a tenté de justifier son crime en affirmant que le meurtre du docteur et de son garde du corps a sauvé la vie à des milliers d’enfants à naître. (apic/cns/guardian/na)