Zurich: Le café «Casablanca» abrite une fois par mois le culte protestant

Le pasteur Burr troque l’aube contre la serviette de sommelier

Stephan Moser, Apic / traduction Bernard Bovigny

Zurich, 8 octobre 2003 (Apic) Le projet d’église-bistrot de la communauté réformée à Zurich-Aussersihl a débuté en avril 2003. Une fois par mois, le pasteur d’origine allemande Anselm Burr célèbre le culte au «Casablanca», dans un quartier chaud de la ville, avant de servir les consommations aux clients.

Fin avril dernier, l’église réformée St. Jakob, dans le quartier Aussersihl à Zurich, est fermée pour rénovation. Anselm Burr, âgé de 56 ans, pasteur dans cette paroisse depuis 12 ans, renonce à utiliser le baraquement installé sur la place de l’église et invite ses paroissiens au culte pour quatre dimanches au café Casablanca, au 62 de la Langstrasse. L’expérience s’est ensuite poursuivie un dimanche par mois. Au terme de la célébration, le pasteur troque son aube contre la serviette de sommelier et sert les consommations à ses fidèles, qui participent alors à un «Sonn- Talk». Un invité, issu de la politique ou du monde de la culture, fait le lien entre la Parole de Dieu et la vie de tous les jours.

L’expérience a eu l’heur de plaire aux responsables de la communauté, qui ont mandaté fin septembre le pasteur Burr de poursuivre ce projet une fois par mois jusqu’en août 2004, soit jusqu’au moment où la rénovation de l’église sera terminée. Une nouvelle décision sur le maintien de l’église- bistrot sera prise à ce moment-là.

Pas pour évangéliser les drogués et les prostituées

«Je souhaite me rapprocher des gens qui illustrent le mieux la multiplicité du quartier 4 de Zurich, et c’est justement à la Langstrasse qu’ils se trouvent», affirme Anselm Burr pour expliquer l’emplacement choisi pour célébrer le culte. «Mais l’église-bistrot, contrairement à ce qu’a prétendu le journal gratuit «20minuten» n’est pas là pour évangéliser les drogués et les prostituées de la Langstrasse», souligne le pasteur. Ce dernier cherche plutôt à faire retrouver une vie normale à cette rue souvent évitée par la population zurichoise à cause de sa mauvaise réputation, et à la remettre en valeur.

L’assemblée qui fréquente son culte dominical au «Casablanca», qui dispose de 40 places, est très diverse. «Les fidèles paroissiens ne sont pas du tout effrayés par cette expérience et fréquentent également le café», se réjouit Anselm Burr. Ils sont entourés de curieux issus du quartier et de quelques gens qui «cherchent l’évasion» et qui ne viendraient jamais au culte dans une église normale. «Notre proposition est ouverte au tout venant et le cadre est moins anonyme», soutient le pasteur sommelier pour expliquer la présence de ces pratiquants inhabituels.

Culte traditionnel dans un cadre hors normes

Malgré le cadre très particulier, le culte est resté traditionnel. Même l’organiste est présent, et les consommations ne sont pas servies durant la célébration. Peut-être le fidèle verra-t-il quelques différences au niveau du message transmis par le célébrant, plus proche de la vie d’aujourd’hui, et surtout plus proche des gens. Cette proximité est accentuée par le fait que les thèmes du dimanche sont ensuite repris et commentés en dialogue avec un invité. Ainsi, lors du premier «Sonn-Talk», le pasteur Burr a discuté avec une psychologue du thème «Vendredi-saint, Pâques et la recherche actuelle sur les traumatismes».

L’église-bistrot permet à Anselm Burr de mettre en pratique un aspect important de son ministère de pasteur: l’accueil. Avant et après la célébration, le pasteur devient sommelier. «Cela aide peut-être, sans forcer, quelques contemporains à entamer un contact avec l’Eglise», affirme le pasteur. Cette proposition, Anselm Burr aimerait la mettre en pratique avec une nouvelle idée, qui n’est pas encore totalement élaborée. Chaque mercredi soir, le «Casablanca» deviendrait un café-théologique et offrirait aux participants la possibilité de dialoguer avec un représentant de l’Eglise tout en buvant un café.

La prochaine célébration au «Casablanca» aura lieu dimanche 26 octobre. L’invitée pour le «Sonn-Talk» sera la photographe Ursula Markus. L’église-bistrot de la Langstrasse 62 est ouverte de 9h30 à 16h.

Indication: Des photos peuvent être commandées à partir du site internet:

http://www.ref.ch/cgi-bin/refbild/details.pl?bildid=1259

(apic/mos/bb)

8 octobre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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