Sénégal: L’imam sénégalais expulsé d’Italie fait l’éloge de Ben Laden
Lui et ses «compagnons» feront de Rome «un empire islamique»
Dakar, 21 novembre 2003 (Apic) L’imam sénégalais Abdel Kader Mamour Fall, expulsé mardi par les autorités italiennes qui le soupçonnent d’être lié à des organisations terroristes, a nié jeudi à Dakar être «proche» d’Oussama ben Laden, qu’il a qualifié de «grand homme».
Le prédicateur sénégalais expulsé vivait depuis 1982 en Italie. Il s’est vanté à plusieurs reprises de connaître Ben Laden, chef du réseau terroriste Al Qaïda. Il aurait aussi déclaré que Rome serait la cible d’un attentat si les militaires italiens envoyés en Irak n’étaient pas rappelés.
L’extrémiste musulman expulsé mardi d’Italie, a réaffirmé avec force sa sympathie à l’endroit de Ben Laden et juré que lui et ses compagnons feront de Rome «un empire islamique». Il s’est déclaré «prêt à donner la vie pour défendre l’islam».
Dans une interview à la radio sénégalaise «Walf Fm», il a rendu hommage à Ben Laden qu’il a côtoyé pendant trois ans (1993-96) au Soudan, assure-t-il. «C’est un musulman particulier qui a donné tout son argent et toute sa richesse pour défendre la religion (musulmane) d’Allah», a-t- il dit. Ajoutant que lui-même vivait pour l’islam et mourrait pour cette religion.
Mamour Fall, membre de la confrérie des mourides, est en résidence surveillée depuis son arrivée à Dakar jeudi 20 novembre 2003. Il a fait remarquer que son renvoi d’Italie est lié à «son projet de faire de Rome, la capitale d’un empire islamique». «Des jeunes italiens sont ouverts à nous et attendent notre parole. Beaucoup de ceux-ci se sont convertis à l’islam et étudient dans des universités arabes du golfe». A la fin de leurs études, poursuit l’imam sénégalais, ils retourneront dans leur pays d’origine, l’Italie, pour servir la cause islamique.
Message aux «disciples» italiens
Le fanatique musulman a aussi adressé un «message» à ses «disciples d’Italie» en italien. Cette adresse, diffusée par Walf Fm, est d’une violence inouïe. Entre autres, il y traite le premier ministre Sylvio Berlusconi et son gouvernement de «mafieux et de racistes» qui conduisent leur pays à «la dérive». Ils gouvernent leur pays avec «injustice et combattent l’islam». En revanche, il a salué le peuple italien, qui, a-t-il dit, est «pacifique et comparable à celui du Sénégal pour son sens de la solidarité et de l’hospitalité».
La police sénégalaise qui lui a confisqué tous les documents d’identité et de voyage, a immédiatement réagi à la diffusion de l’interview et à ses propos musclés. Elle lui a fait injonction de se taire.
Mamour Fall, originaire de la ville de Kaolack, ville du centre du Sénégal, à 192 km au sud de Dakar, une ville quittée depuis 20 ans, était responsable de la mosquée d’une mosquée aux environs de Turin. L’imam avait notamment créé en 1997 un «centre islamique européen» à Carmagnola, près de Turin.
Il a été chassé d’Italie pour cause de troubles à l’ordre public, de menaces sur la sécurité de l’Etat et de collision avec le réseau Al Qaïda. Les autorités italiennes le soupçonnent de participer au financement du terrorisme international. Selon le musulman sénégalais des parlementaires italiens tenteraient de faire annuler la mesure d’expulsion qui le frappe et qu’il qualifie «d’anticonstitutionnelle».
Disposé à rester au Sénégal
M. Mamour n’ayant «pas commis d’infraction sur le territoire national, il a été laissé libre de partir chez lui, à Kaolack, selon la destination qu’il nous a communiquée», avait indiqué le Bureau des relations publiques de la police. Rencontré jeudi soir dans un hôtel de la capitale sénégalaise, l’imam a toutefois indiqué que la police ne lui avait pas encore restitué ses papiers. Il s’est dit disposé à se rendre à Kaolack et à rester au Sénégal pour «faire ce (qu’il a) toujours fait en Italie». «Je vais faire des écoles, des mosquées, aider mon peuple», parce que «le Sénégal est un pays musulman», a-t-il ajouté.
Selon le ministère italien de l’intérieur, l’imam sénégalais et sept Maghrébins – un Algérien et six Marocains – ont été expulsés après avoir été «signalés pour leurs activités de prosélytisme et de soutien à des organisations terroristes d’origine islamiste». (apic/ag/ibc)