France: Loi sur les symboles religieux: la CEF réitère son opposition

«L’islam doit bien distinguer la loi religieuse de la loi civile»

Rome, 24 novembre 2003 (Apic) Le Secrétaire général de la Conférence épiscopale française réitère l’opposition des évêques français au projet de loi du gouvernement sur les symboles religieux. Dans un éditorial de l’édition française du Service d’information religieuse italien, SIR, il estime que «l’islam doit bien distinguer la loi religieuse de la loi civile».

Le secrétaire général de la Conférence épiscopale française, Stanislas Lalanne, a réaffirmé dans un édito du service en langue française de l’agence religieuse SIR l’opposition de l’Eglise française à un projet de loi interdisant tout signe et tout symbole religieux dans les écoles. Un débat qui a pris de l’ampleur à la suite des différentes «affaires» de voile islamique en France, dont la dernière en date a vu le départ de France d’une Egyptienne. Celle-ci a préféré rentrer dans son pays plutôt que d’enlever son voile pour un document d’identité.

«En tant qu’Eglise française, nous sommes opposés à une telle loi, à déclaré le secrétaire général de la CEF. Parce qu’elle risque de développer des communautarismes et parce que la loi fixe des principes généraux et ne régit pas les exceptions».

Il est sans aucun doute nécessaire d’établir des règles, affirme l’éditorialiste, face aux difficultés que connaissent les directeurs d’écoles. Mais la solution au problème ne saurait se trouver dans la voie législative. Pour lui, les signes religieux sont «le symptôme d’un mal-être et les éliminer serait ôter le symptôme sans guérir le mal».

Intégrer l’islam

L’intégration de l’islam est en effet un véritable défi, relève-t-il, non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour l’Assemblée nationale et pour les sociétés française et européenne. «Il s’agit de comprendre de quelle manière l’islam peut s’intégrer dans la société, afin que chacun puisse vivre librement sa religion. L’islam doit avant tout bien distinguer la loi religieuse de la loi civile et nous devons faire en sorte qu’il accepte la liberté religieuse, tout comme le rôle de la femme dans la société».

Les nombreuses questions qui se posent ne peuvent être résolues sur la seule problématique des signes religieux, car le coeur du problème est ailleurs, affirme en substance le secrétaire général de la Conférence épiscopale française. «On risque de rallumer le feu dans un moment où les équilibres sont très fragiles». La laïcité est garante de la liberté religieuse et de la liberté de culte au sein de l’Etat, poursuit-il. «C’est pourquoi il revient aux laïcs de préserver et de garantir l’exercice du culte et de la liberté religieuse».

Selon Stanislas Lalanne, des règles sont certainement nécessaires, car il est inacceptable – par exemple – qu’une famille interdise à ses enfants de participer aux cours de gymnastique ou d’éducation civique à l’école. Toutefois, avertit-il, un projet de loi risque de provoquer de dangereux extrémismes.

La dimension sociale de la foi

Le dialogue entre le gouvernement et les Eglises a montré toute son importance, «avec la participation de catholiques, de protestants et de musulmans», affirme encore le secrétaire général de la CEF. «Le gouvernement se rend compte que la foi ne concerne pas la seule sphère privée, mais elle a au contraire une dimension sociale importante». Il estime que «ce qui est en danger actuellement n’est pas tant la laïcité, que la cohabitation». «Le défi est de réussir à vivre ensemble avec nos différences et avec les positions diverses en matière de questions de solidarité et de justice».

Jacques Chirac et le Premier ministre Raffarin semblent décidés à légiférer rapidement sur le sujet. Le président français pourrait lancer le projet de loi en janvier 2004, les consultations auprès des milieux intéressés se terminant à fin novembre. A noter que les communautés juives et musulmanes de France rejettent également ce projet de loi, comme les catholiques. Les protestants étant pour leur part plus nuancés. (apic/sir/vb)

24 novembre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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