Grèce: Le gouvernement grec prend ses distances avec l’archevêque d’Athènes
Christodoulos avait traité les Turcs de «barbares»
Athènes, 14 décembre 2003 (Apic) Le gouvernement grec a pris ses distances avec de l’archevêque grec Christodoulos, qui avait traité les Turcs de «barbares» à ne pas admettre dans la «famille chrétienne» de l’Europe.
«Nous sommes inspirés par la vision d’une péninsule pacifique, libre et démocratique, où il y aura de la place pour toutes les nations et les religions», a déclaré à Bruxelles le ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Georges Papandréou. «Nous pensons que cette vision sera remplie par l’entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne».
Le ministre a ainsi réagi aux propos de l’archevêque Christodoulos lors d’un sermon prononcé à Athènes le 4 décembre portant sur Athanassios Diakos, un héros national tué durant la lutte d’indépendance de 1821-28 contre l’Empire ottoman.
«Ils l’ont empalé – eux qui veulent entrer aujourd’hui dans l’Union européenne», avait déclaré l’archevêque, dont l’Eglise dit représenter 98% des 10,6 millions d’habitants en Grèce. «Ces barbares ne peuvent pas faire partie de la famille chrétienne, puisque nous ne pouvons pas coexister».
Deux jours plus tard, le 6 décembre, modifiant apparemment la teneur de ses remarques, l’archevêque a déclaré devant une communauté orthodoxe d’Athènes que les chrétiens orthodoxes avaient «du respect pour le peuple turc», mais voulaient aussi «voir la Turquie adopter des orientations démocratiques et des comportements européens». Ces commentaires faisaient suite à plusieurs attaques du responsable religieux grec contre une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE.
En mai déjà, lors d’une conférence réunissant à Athènes des leaders orthodoxes, anglicans et catholique romains, il s’en était pris à la Turquie, en affirmant que l’intégration de «cultures totalement étrangères» en raison «de considérations géopolitiques temporaires» feraient de l’UE «une mauvaise copie de l’ancienne Union soviétique».
L’archevêque d’Athènes fait des émules dans son pays. Le quotidien grec «Kathimerini» a emboîté le pas en avançant que «la plupart des Européens» pensent que la Turquie «n’est pas seulement pauvre mais une entité culturellement étrangère», tout en admettant que l’archevêque grec avait «terni l’image de l’Eglise grecque à l’étranger» par ses remarques.
Sur fond de conflit avec le Phanar
Selon les spéculations de certains médias, cette attaque serait liée aux tensions actuelles entre l’Eglise orthodoxe de Grèce et le Patriarcat oecuménique de Constantinople, dont le siége est à Istanbul (Phanar), concernant la question de l’approbation des métropolites orthodoxes dans le nord de la Grèce. S’exprimant après les déclarations de l’archevêque grec le 4 décembre, le patriarche Bartholomée Ier avait déclaré qu’il pensait que l’intégration de la Turquie dans l’UE aiderait les Grecs et les Turcs «à vivre en paix». (apic/eni/pr)