Guatemala: Assassinat du Père José Maria Ruiz Furlan, «curé politique»
Prêtre controversé, P. Chemita était engagé aux côtés des pauvres
Guatemala Ciudad, 16 décembre 2003 (Apic) Le Père José Maria Ruiz Furlan, qualifié de «curé politique» pour s’être présenté à deux reprises comme candidat à la mairie de la capitale guatémaltèque, a été assassiné dimanche soir au sortir de la messe dans le secteur 5 de Guatemala Ciudad.
Connu populairement sous le nom de «Padre Chemita», engagé aux côtés des pauvres, le prêtre âgé de 69 ans a été abattu par quatre inconnus armés après être sorti de l’église du Saint Curé d’Ars, dans la paroisse de La Limonada, située dans un quartier pauvre de la capitale. Aussitôt sa mort connue, des milliers de fidèles sont descendus dans la rue, certains criant: «Justice!», «Ils sont tué l’espoir du peuple!» Padre Chemita était curé de Saint Curé d’Ars, paroisse qu’il avait fondée et dirigée durant trois décennies. Pendant plus de 40 ans, il s’est consacré à l’assistance en faveur des plus démunis. Dans les années 70, il avait accusé le régime en place de l’assassinat de son frère, le colonel Carlos Ruiz Furlan.
Le Père Ruiz, une personnalité controversée mais considérée comme un ardent défenseur des pauvres, a souvent fait l’objet de critiques de la part de ses supérieurs en raison de ses activités. Il avait fait acte de candidature pour la mairie de Guatemala Ciudad en 1978 et 1982. Il avait été suspendu «a divinis» de 1991 à 1999 pour son engagement politique et son entrée dans le monde des affaires, comme associé dans deux hôtels à Antigua Guatemala et à Escuintla. La mesure canonique avait été retirée le 12 mars 1999.
Une série de crimes impunis
Présent sur la scène du drame, le cardinal Rodolfo Quezada, archevêque de Guatemala, a condamné «un crime si absurde qui frappe à nouveau l’Eglise», tout en exprimant l’espoir qu’il ne restera pas impuni comme de si nombreux autres. Il faisait sans doute allusion aux assassinats impunis de membres du clergé, de catéchistes et de paroissiens commis durant des décennies de dictature militaire sanglante. Il y a plus de 5 ans, en avril 1998, l’évêque catholique Juan Gerardi était assassiné justement en raison de son combat pour les droits de l’homme. Responsable du bureau des droits de l’homme de l’Eglise, travaillait à récupérer la mémoire historique des crimes commis par les militaires guatémaltèques et leurs escadrons de la mort. (apic/bbc/misna/be)




