Un acte de violence injustifiable dans un Etat de droit
Rome: Le Saint-Siège condamne l’assassinat par Israël du Cheikh Ahmed Yassine
Rome, 22 mars 2004 (Apic) Le Saint-Siège a condamné sans ambiguïtés lundi l’assassinat par Israël du Cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel et fondateur du mouvement islamiste Hamas. Dans un communiqué publié le 22 mars, Rome qualifie cette action d’acte de violence injustifiable dans un Etat de droit. «La Terre Sainte a besoin de réconciliation et de pardon, non de vengeance, de ponts, non de murs», rappelle le Vatican.
«Le Saint-Siège s’associe à la communauté internationale pour désapprouver cet acte de violence injustifiable dans tout Etat de droit», a déclaré Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Saint-Siège, aux journalistes, le 22 mars 2004. Quelques heures auparavant, le chef du Hamas Ahmed Yassine était assassiné lors d’un raid aérien israélien à Gaza, en territoire palestinien.
La Terre Sainte a besoin de réconciliation et de pardon, non de vengeance
La position et les sentiments du Saint-Siège ont été clairement exprimés par le pape au corps diplomatique le 12 janvier dernier, a souligné le directeur de la salle de presse du Vatican. Joaquin Navarro-Valls a repris les propos du pape aux responsables de ces deux peuples: «le choix des armes, le recours d’une part au terrorisme et d’autre part aux représailles, l’humiliation de l’adversaire, la propagande haineuse, ne conduisent nulle part. Seuls le respect des aspirations légitimes des uns et des autres, le retour à la table des négociations et l’engagement concret de la communauté internationale peuvent conduire au début d’une solution», soulignait alors Jean Paul II.
Joaquin Navarro-Valls a conclu son communiqué en soulignant que la paix authentique et durable ne peut être le fruit d’une simple démonstration de force: «Celle-ci est avant tout le fruit d’une action morale et juridique». Jean Paul II a reçu le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Ahmed Qoreï, le 12 février 2004, au Vatican. A cette occasion le pape a exhorté les leaders de la région à suivre avec l’aide de la communauté internationale la recherche du dialogue et de la négociation qui mènent vers une paix durable.
Dans le discours adressé au Premier ministre palestinien, Jean Paul II a souligné que la situation dans les territoires palestiniens était une cause de profonde souffrance pour tous. «La Terre Sainte a besoin de réconciliation et de pardon, non de vengeance, de ponts, non de murs», avait insisté le pape, reprenant des propos prononcés à l’occasion de la visite en Italie du Premier ministre israélien, le 18 novembre 2003.
Les messages contradictoires de Sharon
Dans un entretien accordé au quotidien italien «La Repubblica», en date du 12 février 2004, Ahmed Qoreï avait souligné la «politique contradictoire» menée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon qui «annonce le retrait des colonies de Gaza, puis envoie l’armée avec des chars sans qu’il y ait eu le moindre geste de provocation de la part des Palestiniens». Il avait regretté le «désintérêt progressif de la feuille de route ces derniers mois» et avait insisté sur le fait qu’il travaillait «depuis des mois et plus de 24 heures par jour» afin d’arrêter les kamikazes, mais que «les incursions» et les «assassinats ciblés» ne l’aidaient pas.
Par ailleurs, les deux grands rabbins d’Israël, Yona Metzger et Shlomo Amar avaient été reçus par Jean Paul II, le 16 janvier 2004. Cette rencontre en faveur du dialogue judéo-chrétien s’était déroulée dans un contexte difficile concernant les relations politiques entre l’Etat d’Israël et le Saint-Siège. Une source officielle du Vatican avait affirmé au correspondant de l’Apic à Rome que Jean Paul II n’avait pas alors souhaité aborder des thèmes politiques avec des autorités religieuses afin de ne pas mélanger les questions religieuses et politiques. (apic/imedia/be)