Eglise évangélique réformée et luthérienne divisées
Pologne: Remous autour de l’accès des femmes au ministère
Varsovie, 5 avril 2004 (Apic) Les Eglises évangélique réformée et luthérienne de Pologne croisent le fer en matière d’accès des femmes au ministère. L’Eglise évangélique réformée est devenue en 2003 la première Eglise du pays à accepter l’ordination d’une femme pasteure. L’Eglise luthérienne ne veut pas en entendre parler. «Les femmes ne peuvent être pasteurs, ni descendre dans les mines de charbon», soutient un évêque luthérien.
Un responsable protestant polonais s’est déclaré préoccupé par une déclaration de l’Eglise luthérienne de son pays refusant les femmes pasteurs et demandant au clergé de ne pas partager les services avec elles.
«Je suis étonné car je croyais que nos Eglises étaient en accord», a déclaré l’évêque Zdzislaw Tranda. Avant sa retraite, ce dernier était responsable des 4’000 membres de l’Eglise évangélique réformée de Pologne. Selon lui, la déclaration semble être en contradiction avec les accords existant entre les Eglises luthérienne, réformée et méthodiste de Pologne, selon lesquels elles reconnaissent les décisions prises par chacune concernant les femmes pasteurs.
Les commentaires de l’évêque faisaient suite à une déclaration de la Conférence des évêques de l’Eglise évangélique (luthérienne) de la confession d’Augsbourg de Pologne, datée du 11 décembre, mais publiée seulement en mars dans le journal «Zwiastun» de l’Eglise.
Selon le président du synode de l’Eglise luthérienne, l’évêque Tadeuz Szurman, il ne s’agit pas d’une nouvelle décision mais d’une clarification des «règles contraignantes» de son Eglise. «L’ordination des femmes n’est pas un problème ici», affirme l’évêque Szurman, dans u entretien à l’Agence oecuménique ENI. «Nos lieux de culte sont pleins, nos paroisses se développent, et nous devons répondre à beaucoup d’autres problèmes importants. Nous ne voulons pas suivre l’exemple de l’Occident, qui signifie davantage de mosquées que d’églises». La question concerne «seulement les quelques femmes qui voudraient être ordonnées», a précisé l’évêque.
Pénible problème
«Notre Eglise est trop petite, et nos prêtres trop occupés pour introduire ce changement», a fait remarquer l’évêque Szurman. «Les femmes ne peuvent faire ce travail, tout comme elles ne peuvent descendre dans nos mines de charbon».
Dans sa déclaration, la Conférence des évêques luthériens affirme que l’Eglise luthérienne de Pologne autorise l’ordination des femmes en tant que diacres, mais n’admet que les hommes comme pasteurs, et ajoute que le clergé luthérien devrait suivre les mêmes règles durant les services avec les autres Eglises.
Selon l’Agence de nouvelles oecuméniques de Pologne, «Kazimierz Bem», cette déclaration soulèvera des «problèmes pénibles» pour les partenaires oecuméniques de l’Eglise luthérienne en Pologne et à l’étranger car cela pourrait signifier que des pasteurs femmes appartenant aux autres Eglises ne pourraient assister à des ordinations luthériennes en Pologne.
Pour la première fois, relève l’agence, il est affirmé explicitement que l’Eglise luthérienne polonaise n’ordonne pas les femmes, et n’envisage pas de le faire. Cela sape l’unité oecuménique établie entre luthériens et réformés.»
L’Eglise luthérienne de Pologne, forte de 90’000 membres, est la plus grande Eglise protestante du pays, et son synode s’était exprimé en 1990 contre l’ordination des femmes comme pasteurs. En septembre 2003, l’Eglise évangélique réformée est devenue la première Eglise du pays à accepter l’ordination d’une femme pasteur, Wiera Jelinek. (apic/eni/pr)