Deux artistes différemment attirés par le thème religieux

Lausanne: Le Christ, vu par Eugène Burnand et Mel Gibson

Déo Negamiyimana, Apic

Lausanne, 30 avril 2004 (Apic) Daniel Marguerat, doyen de la Faculté de théologie protestante de Lausanne, et le professeur d’histoire de l’art Philippe Kaenel ont interprété le 29 avril, à la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU), les oeuvres d’Eugène Burnand et de Mel Gibson. Deux artistes qui ont bifurqué différemment vers la lecture de la Bible.

Une exposition d’une trentaine de tableaux a lieu du 12 mars au 23 mai, à la Bibliothèque cantonale et universitaire à Lausanne. Les oeuvres du peintre Eugène Burnand font l’admiration du public, essentiellement vaudois. Prière sacerdotale, samedi saint, paraboles du Christ, spiritualité, sainte cène, crucifixion, etc., tels sont les thèmes que reflètent la peinture de l’artiste de Moudon. Dans ce cadre, Daniel Marguerat a donné, en tandem avec Philippe Kaenel, une conférence publique intitulée «Le Christ en images, d’Eugène Burnand à Mel Gibson», le sujet est une occasion pour eux de s’exprimer sur les oeuvres de deux artistes totalement divergents.

Burnand, une source pour la foi

Ainsi, pour Daniel Marguerat, il est toujours intéressant de voir comment Mel Gibson et Eugène Burnand passent de leurs domaines artistiques habituels à l’interprétation des images du Christ. Burnand, au départ naturaliste, s’intéresse pendant longtemps à la vie du Christ. Dans un canton protestant, l’artiste est donc une source de joie et de foi. Les gens passent chaque jour chez lui, pour admirer les images qui reflètent l’évangile. Comme source, il ne se contente que des visages des hommes et des femmes de son temps. Il a longtemps rêvé d’aller en Palestine, mais il n’y ira jamais jusqu’à sa mort. Faute de moyens. «Sa peinture n’a donc aucun rapport avec la science archéologique. Les sources palestiniennes lui font défaut», indique le professeur Kaenel. Mais cela ne l’empêchera pas de reproduire de bonnes images sur la vie du Christ. Le sang versé chez Burnand reste compris comme un sang de l’espoir, un sang pour la vie.

«Par contre, le sang chez le film de Mel Gibson ’La passion du Christ’ est un sang qui fait la propagande du mal», souligne le pasteur Marguerat. Longtemps acteur dans des films policiers, l’auteur se montre intégriste dans son catholicisme. «Il ne fait que la pornographie du mal», ajoute le protestant d’Ecublens. N’en déplaise aux admirateurs du film, la critique de Marguerat reste très sévère. «Le film est faux de bout en bout. Son message n’est que mal, alors que la mort de Jésus sur la Croix ne signifie qu’amour et rien que l’amour pour les hommes», conclut-il. (DNG)

Encadré:

Parcours artistique d’Eugène Burnand

Natif de Moudon dans le canton de Vaud, Eugène Burnand (1850-1921) produit un art régi par un naturalisme absolu. Mais pour lui, il ne s’agit pas simplement de copier la réalité. Il faut la dépasser en la scrutant, en la sélectionnant, en l’épurant. Visages du petit peuple parisien, types provençaux, personnifications extraites de la Bible, types militaires nationaux trahissent une même fascination pour l’homme dans sa diversité ethnique, sociale et psychologique. Pour Eugène Burnand, le caractère de l’homme se marque dans ses traits physiques. Il doit ses convictions à la lecture de Lavater, auteur du célèbre «Essai de Physiognomonie» qui le confirme dans sa vocation de peintre alors qu’il a vingt ans. L’ouvrage va devenir le livre de chevet de celui qui fut l’un des artistes suisses les plus connus de sa génération, avant de devenir l’un des plus oubliés. L’actuelle exposition pourra-t-il le rappeler à la mémoire des Suisses en général et des Vaudois en particulier? (apic/dng/bb)

30 avril 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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