Une programmation qui n’oublie pas les débats éthiques
Lausanne: L’Eglise des Terreaux devient un Centre culturel
Par Valérie Bory, Apic
Lausanne, 3 juin 2004 (Apic) Grâce au soutien de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) et au sponsoring privé, un Centre culturel dans une ancienne église, avec au programme 12 spectacles par saison, des expos, des conférences, des ateliers, s’ouvrira le 5 septembre avec les Mummenschanz.
Mandatés par le l’EERV, les trois chevilles ouvrières côté culture sont Jean Chollet, le directeur du Théâtre du Jorat à Mézières, qui devient simultanément le directeur de l’Espace culturel des Terreaux, Serge Molla, responsable Culture et religion à l’EERV et Shafique Keshavjee, responsable Ethique et débats de société à l’EERV, tous deux pasteurs. A noter que l’homme de théâtre Jean Chollet a fait également des études de théologie avant de se tourner vers la scène.
En matière d’exposition, la saison des Terreaux s’ouvrira avec l’exposition sur la mort, «Quand je serai porté en terre», du Musée d’ethnographie de Neuchâtel, qui sera au Forum de l’Hôtel de ville de Lausanne en février 2005. L’occasion de débats organisés par l’Espace des Terreaux «On revient aujourd’hui à une période où il y a une demande très forte de rituels», lance Serge Molla. Avec aussi des demandes sur des sujets interreligieux, ajoute-t-il. Les spectacles seront aussi l’occasion de réflexions, par exemple sur l’esclavage historique des Noirs, et sur l’esclavage moderne qui existe aujourd’hui au Soudan.
On a voilé les vitraux
Les travaux de transformation sont en cours. Tout en respectant les critères de monuments historiques, puisque l’Eglise des Terreaux, qui fut un haut lieu de l’Eglise libre en pays vaudois, est classée monument historique. Les contraintes seront architecturales et de respect du patrimoine plus que religieuses, puisque l’Eglise des Terreaux n’est plus un lieu de culte depuis. 40 ans. On va tendre de velours noir les façades intérieures, recouvrant ainsi les vitraux et le spectacle pourra commencer.
Si les Eglises se vident, la culture remplit les salles ont sans doute pensé les initiateurs du projet. Pour le pasteur Etienne Roulet, membre du Conseil Synodal de l’Eglise réformée, nécessité fait loi puisque L’Eglise des Terreaux depuis 1966 n’est plus le lieu de culte d’une paroisse. Aujourd hui les paroissiens fréquentent dans le même périmètre, St Laurent, St Paul ,St Matthieu, depuis qu’ il y a eu un regroupement de paroisses en 2000, vu la baisse de paroissiens.
«Les Terreaux», ajoute-t-il, «c’était un peu la cathédrale de l Eglise libre. Historiquement, le lieu phare de l’ ancienne Eglise libre». L’Eglise, depuis, a été utilisées pour des répétitions de chorales, de musique, des concerts, comme pour le Festival Bach, qui louait ce très beau lieu, sis à Chauderon, quartier lausannois à fort trafic. L’Eglise était aussi prêtée épisodiquement à d’autres communautés religieuses non réformées.
Une programmation «éthique»
Le fil rouge de la programmation n’occulte pas tout à fait le lieu spirituel que furent Les Terreaux. En effet, comme l’explique Antoine Reymond, président du Conseil de Fondation du Centre culturel des Terreaux et membre à plein temps du Conseil synodal, pour ce projet, «il a fallu passer par notre parlement d’Eglise, le Synode». Autrement dit il fallait donner des garanties éthiques. «On veut un lieu où on se rencontre et où on prend du temps pour dialoguer sur un certain nombre de questions, de valeurs, telles qu elles se posent dans la société.
Donc il est normal qu’ il y ait cette marque de fabrique de l’Evangile, finalement. Et cela correspond aussi à notre manière d’être: pas une institution close dans nos murs, mais une Eglise protestante vaudoise qui vit dans la société et dialogue avec elle».
Le Synode étant représentatif de l’ensemble du canton, ajoute Antoine Reymond, «les gens de la Vallée, les gens des Ormonts, etc., on s’est aperçu que tout le monde se sentait concerné par un tel projet.» L’EERV a d’ailleurs créé un poste culture et un poste d’éthique, pour ouvrir ses horizons.
L’EERV investit 800’000 francs
Financièrement le Synode de l’EERV a mis 800 000 frs pour faire démarrer le projet, sur quatre ans «d’essai», à travers un Conseil de fondation. La Fondation des Terreaux, distincte, assure l’infrastructure et l’entretien. Des partenaires privés sont partie prenante dans le projet, dont pour les médias, 24 Heures et Christianisme aujourd’hui. Des sponsors, pour compléter les recettes des spectacles sont encore à trouver.
L’EERV voit large. En effet, précise Antoine Reymond «les Terreaux, c’est le début de quelque chose d’autre. Nous voudrions aller vers un usage plus différencié de nos Eglises: A Lausanne le dimanche matin à 11 h., quel que soit le lieu, vous avez en gros le même type de culte. Donc L’idée à l’avenir c’est de donner une couleur spécifique. Suivant son état d’esprit, on voudra avoir à l’Eglise St François une célébration plutôt tournée vers le silence, la méditation, style disons Taizé, alors qu’à la Cathédrale on pourrait donner une couleur plus «high church» avec des chorals de Bach, de la musique, et ainsi de suite.» VB
Encadré
Programme de la saison en (très) bref
Douze spectacles sont à l’affiche, dont certains groupés autour d’une thématique, comme par exemple le destin du peuple noir, depuis l’esclavage, avec
Mississippi River par le Armstrong Jazz Ballet, Le Gospel de Mahalia , une pièce de James Mellon, Paroles d’esclaves, Les Barbara Best Singers, Le Premier, pièce d’Israël Horovitz, Sacrée Famille , Famille sacrée, basé sur les récits bibliques autour de la famille, par Alix Noble Burnand, Oscar et la dame rose d’Eric Emmanuel Schmitt, l’histoire d’un enfant atteint d’un cancer, Passion, une oeuvre musicale née de la rencontre du poète catholique Jean Debruynne et le jeune compositeur romand Blaise Mettraux, Sketch Up, basé aussi sur des textes des Evangiles, et aussi Les nuits de Bessarabie, musique Klezmer, Le prophète, de Khalil Gilbran. Ainsi que des débats, des conférences, des expositions.
Site internet www.terreaux.org.(apic/vb)