Berne: Près de 15’000 jeunes font un véritable triomphe à Jean Paul II

«Lève-toi!»: les trois messages du pape à la jeunesse de Suisse

Berne, 5 juin 2004 (Apic) Entre 13’000 et 15’000 jeunes catholiques, chrétiens de Suisse et d’ailleurs, ont fait samedi une ovation de presque 10 minutes au pape Jean Paul II, venu à l’Arena de Berne peu avant 18h15, pour leur dire de se lever, d’aller à la rencontre du Christ.

Les quelque 15’000 jeunes ont ainsi fait un véritable triomphe à Jean Paul II. Dans la plus pure tradition des JMJ. Les acclamations, nourries et répétées, ont en fait donné le ton à cette fête, toute en couleur, à laquelle a également participé Joseph Deiss, président de la Confédération. Et bien entendu les évêques de la Conférence des évêques, notamment. Jean Paul II a livré trois messages forts aux participants en les invitant à «Ne pas avoir peur»; à «Ecouter» et à «Se mettre en route».

Président de la Conférence des évêques suisses, Mgr Amédée Grab, évêque de Coire, a dû patienter avant de pouvoir s’adresser au pape, au milieu de la scène, entouré par les quatre Gardes suisses et le cardinal Sodano. Mgr Grab a remercié Jean Paul II: «Malgré les difficultés croissantes, vous n’épargnez pas vos forces.» Le président de la CES s’est souvenu de la visite du pape en Suisse en 1984, il y a 20 ans. «Les jeunes qui vous saluent aujourd’hui bruyamment et joyeusement, Très Saint-Père, vous connaissent, vous admirent et vous aiment». Ces jeunes, a poursuivi Mgr Grab, veulent s’engager pour un monde où l’on travaille avec décision pour la paix. Un monde où la dignité de chaque personne et les droits fondamentaux sont respectés. Un monde dans lequel le terrorisme, l’esclavage sous toute ses formes, la dictature de l’argent, le chauvinisme pourront être vaincus». Et de conclure en demandant au pape de bénir «nos familles, souvent menacées ou éclatées».

«La générosité de Dieu n’a pas de limites»

Plusieurs jeunes – des régions linguistiques – se sont ensuite adressés à Jean Paul II, avant que ce dernier ne prenne la parole, dans l’ambiance dictée par les milliers de participants, pas avares dans leur joie.

D’une voix mal assurée, presque inaudible, mais avec une énergie renouvelée chaque fois que les jeunes l’acclamaient, le pape a pris le temps de lire lui-même l’entier de son message. Il tout d’abord adressé ses salutations déférentes au président de la Confédération, au pasteur Samuel Lutz, président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura- Soleure, ainsi qu’aux «amis d’autres confessions qui ont voulu participer à cet événement». Répondant sans doute indirectement à ceux qui réclament sa démission, le pape a confirmé qu’il demeurerait à son poste. «La générosité de Dieu n’a pas de limites! Après quelques soixante années de sacerdoces, je suis heureux de vous apporter mon témoignage: il est beau de pouvoir se dépenser jusqu’au bout pour la cause du règne de Dieu!»

«Vous êtes l’avenir de la Suisse», a ensuite dit Jean Paul II en s’adressant plus particulièrement aux jeunes, aux acteurs de ces journées. «Je vous le dis à tous, chers jeunes, N’ayez pas peur de rencontrer Jésus». Et d’enchaîner: «Comme vous, j’ai eu 20 ans. J’aimais faire du sport, du ski, du théâtre. J’étudiais et je travaillais. J’avais des désirs et des préoccupations. Au cours de ces années désormais lointaines, au temps où ma terre natale était dévastée par la guerre et ensuite par le régime totalitaire, je cherchais le sens que je voulais donner à ma vie. Je l’ai trouvé en suivant le Seigneur Jésus».

Le pape donne un nouveau rendez-vous

Puis d’adresser aux jeunes sa seconde invitation, sur la famille, le mariage, des thèmes chers à Jean Paul II: «Ne te lasse jamais de t’entraîner à la discipline difficile de l’écoute» (.) Ainsi tu pourras fonder une famille, édifiée sur le mariage, ce pacte d’amour entre un homme et une femme. Tu pourras, par ton témoignage personnel, affirmer que, bien qu’il y ait des difficultés et des obstacles, il est possible de vivre en plénitude le mariage chrétien comme une expérience pleine de sens et comme une «bonne nouvelle» pour toute la famille».

En ce troisième millénaire, a dit le pape, «vous tous les jeunes êtes appelés à proclamer le message de l’Evangile par le témoignage de votre vie. L’Eglise a besoin de vos énergies, de votre enthousiasme, de vos idéaux de jeunes pour faire en sorte que l’Evangile pénètre le tissu de la société et fasse naître une civilisation de justice authentique et d’amour sans discrimination».

Jean Paul II a invité les jeunes à ne pas suivre les «mirages de la société de consommation», mais à écouter les préceptes de l’Evangile, les invitant à ne pas se «laisser aller au désespoir», à «ne pas se laisser absorber par des plaisirs passagers», à ne pas succomber à «l’indifférence et à la superficialité», et à ne pas dériver vers «une affectivité désordonnée», mais à suivre les préceptes chrétiens dans «un monde qui est souvent sans lumière et qui n’a pas le courage des nobles idéaux».

«Ce n’est pas le moment de rougir de l’évangile, a poursuivi Jean Paul II. Il est plutôt venu le temps de le proclamer». «Le christianisme n’est pas un simple livre de culture ou bien une idéologie, ni seulement un système de valeurs ou de principes. Le christianisme est une personne», a lancé le pape.

Visiblement très ému, aidé par les acclamations des jeunes fidèles à lire son long texte en allemand, français et italien, allant jusqu’à refuser vivement qu’un prélat de la Secrétairerie d’Etat ne le lise à sa place, Jean Paul II a invité les jeunes «à rendre le monde un peu meilleur».

Plusieurs fois interrompus par les vivats de la foule qui agitait des drapeaux suisses, polonais, allemands, italiens, slovaques et des carrés de plastiques jaunes, rouges, verts et bleus, Jean-Paul II a aussi été très longuement applaudi à la fin de son discours, avant que de ne suivre la chorégraphie qui concluait sa rencontre avec les jeunes helvètes à 19h30.

Jean Paul II, qui a d’ores et déjà donné rendez-vous aux jeunes pour les JMJ de Cologne, en août 2005, les invitant à y participer en masse, a lancé un troisième appel à la jeunesse, après avoir à nouveau laissé passer les acclamations: «Mets-toi en marche». «Ne te contente pas de discuter; pour faire le bien, n’attends pas les occasions qui peut-être ne se présenteront jamais. Le temps de l’action est venu».

«Lève-toi!»

Improvisant son discours, le pape a invité les jeunes à prendre la croix du Christ dans leurs mains. «Lève-toi, a-t-il répété avec force. C’est le Christ qui vous parle. Ecoutez-le».

L’»hymne» de ces journées, créé et composé pour la circonstance, a marqué la fin de cet épisode, avec aussi la bénédiction du pape. Et son invitation à participer à la messe qu’il présidera dimanche à Berne.

Jean Paul II, qui se plaisait avec les jeunes, a visiblement fait durer son plaisir, avant de s’en aller, bien après l’heure programmée, «au grand dam» des organisateurs. Il se reposera à la résidence Viktoriaheim de Berne, maison adaptée aux personnes âgées, tenue par la congrégation de la charité de la sainte croix. PR

Encadré

L’invitation de Cologne

Archevêque de Cologne, ville qui accueillera la prochaine Journée mondiale, le cardinal Joachim Meisner, présent à Berne, a lancé en fin d’après-midi un clin d’oeil aux milliers de jeunes. En guise d’invitation pour les JMJ de Cologne, du 16 au 21 août 2005. (apic/pierre rottet, avec imedia)

6 juin 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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