Le pape réitère ses critiques contre son programme politique

Rome: Jean Paul II a reçu le nouveau chef du gouvernement espagnol, Rodriguez Zapatero

Rome, 21 juin 2004 (Apic) Le pape Jean Paul II a reçu lundi matin le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, et a réitéré ses mises en garde contre son programme politique. Zapatero est venu à Rome spécialement pour cette audience et a quitté l’Italie aussitôt après. Le chef du gouvernement espagnol a qualifié la rencontre de «cordiale». Son ministre des Affaires étrangères a en revanche montré un certain agacement.

Le pape et le premier ministre espagnol, élu le 14 mars dernier, ont en outre exprimé leur volonté commune de poursuivre leur dialogue et leur collaboration et ont échangé leur point de vue sur la situation internationale.

Recevant vendredi le nouvel ambassadeur près le Saint-Siège, le pape avait condamné l’ouverture à l’avortement et au mariage homosexuel en Espagne, et exprime son inquiétude face aux réformes du nouveau gouvernement espagnol.

«Il y a quelques jours, recevant votre nouvel ambassadeur, j’ai eu l’occasion d’aborder quelques aspects de la société espagnole. Je vous remercie de votre aimable visite, en réaffirmant ce que j’ai dit à cette occasion», a déclaré Jean Paul II à José Luis Rodriguez Zapatero. Le pape, recevant les lettres de créances de Jorge Dezcallar de Mazarredo le 18 juin 2004, avait alors rappelé l’importance des valeurs du mariage, de la famille et de la vie dans une Espagne fortement marquée par son héritage catholique. Lors de sa campagne électorale, José Luis Rodriguez Zapatero s’était montré favorable au mariage homosexuel, à la possibilité d’avorter dans les 12 premières semaines, à la suppression de l’étude des religions dans le programme scolaire, et à plus de liberté dans le domaine de la fécondité assistée.

A propos des valeurs éthiques

«J’espère vivement que votre engagement personnel comme celui du gouvernement, (.) en vue de l’évolution moderne de l’Espagne (.), tiennent compte des valeurs éthiques enracinées dans la tradition religieuse et culturelle de la population», a souhaité le pape dans un court discours en espagnol, en présence de la délégation réunie dans la Bibliothèque du Palais apostolique.

«Votre présence ici reflète le désir de poursuivre dans un bon climat les relations de collaboration entre l’Eglise locale et l’Etat pour le bien du peuple espagnol», a encore souligné le pape. «Sachez que vous pouvez compter sur la collaboration du Saint-Siège pour travailler, unis», a-t-il poursuivi, faisant référence aux «grandes causes» de la paix, du progrès spirituel des peuples, de l’éradication du terrorisme, de la violence sous toutes ses formes, et de la reconnaissance de la dignité, des droits et des libertés de la personne humaine.

Auparavant, le pape s’était entretenu pendant une quinzaine de minutes en privé avec le nouveau chef du gouvernement espagnol, âgé de 43 ans. Ce dernier accompagné du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos Cuyaubé, de l’ambassadeur d’Espagne près le Saint-Siège, Jorge Dezcallar de Mazarredo, et du directeur du département international et de sécurité de la présidence du gouvernement, Carles Maria Casajuna Palet, a ensuite été reçu par le cardinal secrétaire d’Etat, Angelo Sodano, et par le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, Mgr Giovanni Lajolo.

Large tour d’horizon

«Au cours de la conversation, les principaux rapports bilatéraux ont été passés en revue à la lumière des accords entre le Saint-Siège et l’Espagne, en particulier de ceux de 1979», a pour sa part indiqué le porte- parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, ajoutant que «leur volonté de dialogue et de collaboration avait été réaffirmée». «Il y a en outre eu un échange de point de vue sur la situation internationale, avec une attention spéciale portée sur la perspective européenne et les pays d’Amérique latine», a-t-il ajouté.

José Luis Rodriguez Zapatero, a déclaré à la presse, après son premier passage au Vatican, qu’il avait réfléchi avec le pape sur l’Union européenne, sur des aspects importants de la paix dans le monde ainsi que sur les problèmes de sécurité, notamment au Proche-Orient. «La rencontre a été très cordiale», a-t-il souligné aux journalistes, en expliquant que sa présence témoignait des bonnes relations entre l’Eglise catholique et le gouvernement espagnol. Le président du gouvernement, en poste depuis le 17 avril 2004, a exprimé la volonté du gouvernement espagnol de poursuivre un discours constructif et ouvert avec l’Eglise, le Saint-Siège et Conférence épiscopale espagnole.

José Luis Rodriguez Zapatero, élu sur un programme de politique familiale prévoyant notamment l’autorisation du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels et l’assouplissement de la législation sur l’avortement, n’a fait aucun commentaire sur les reproches et inquiétudes de Jean Paul II.

Le Vatican «doit savoir qu’il y a un nouveau gouvernement» en Espagne

Son ministre des Affaires étrangères a en revanche montré un certain agacement. Le Vatican «doit savoir qu’il y a un nouveau gouvernement» en Espagne, a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, interrogé lundi sur les critiques du pape Jean Paul II avant l’audience accordée ce lundi à José Luis Rodriguez Zapatero.

«Nous y allons avec la volonté d’écouter mais le Vatican doit savoir qu’il y a un nouveau gouvernement et que ce nouveau gouvernement a des positions, bien sûr de respect envers l’Eglise catholique, mais aussi très fermes sur des questions que la majorité des citoyens espagnols veulent voir changer», a déclaré le ministre Moratinos, qui se déclare lui-même catholique pratiquant. (apic/imedia/ag/pr)

21 juin 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!