France: La montée du fondamentalisme est favorisée par le «laïcisme»
Le cardinal Ratzinger critique vivement le laïcisme absolutisé
Paris, 12 août 2004 (Apic) Le cardinal allemand Joseph Ratzinger lance un pavé à quelques jours de la visite du pape à Lourdes, estimant que «la montée du fondamentalisme est provoquée par un laïcisme acharné».
Dans un entretien au «Figaro Magazine», daté de vendredi, le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi relève que la montée du fondamentalisme religieux traduit «un rejet de ce monde qui refuse Dieu et le respect du sacré». «Cette perte du sens du sacré et du respect de l’autre provoque une autodéfense au sein du monde arabe et islamique», ajoute-t-il. «Le laïcisme absolutisé, selon lui, n’est donc pas la réponse au défi terrible du fondamentalisme».
La France et le Vatican se sont opposés autour de la Constitution européenne. Le président Chirac s’étant fermement refusé à ce qu’y figure une référence aux racines chrétiennes de l’Europe parce que «le caractère laïc des institutions françaises ne leur permettait pas d’accepter une référence religieuse» dans un texte de cette nature.
Après l’adoption de la Constitution par les 25, le 18 juin, le Saint- Siège avait exprimé «son regret pour l’opposition de certains gouvernements à reconnaître explicitement les racines chrétiennes de l’Europe». «Il s’agit d’un rejet de l’évidence historique et de l’identité chrétienne des populations européennes», avait déclaré le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls, visant en premier lieu la France.
La loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école, voulue par Jacques Chirac et votée au printemps par les parlementaires français quasi-unanimes est un des autres volets sur lequel l’Eglise catholique a fait connaître ses profondes réserves.
Interrogé du resta à propos de la venue à Lourdes de Jean Paul II – qui sera accueilli par Chirac -, le cardinal Ratzinger relève que le pape est «préoccupé par le laïcisme idéologique qui se manifeste fortement aujourd’hui». Le cardinal se prononce enfin contre l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne: l’Europe est «un continent culturel et non géographique» et la Turquie «a toujours représenté un autre continent au cours de l’histoire, en contraste permanent avec l’Europe», estime le cardinal. (apic/ag/pr)