Brésil: Dom Helder Camara est mort il y a 5 ans
«Evêque des favelas» ou «évêque rouge» ?
Brasilia, 25 août 2004 (Apic) Le 27 août 1999 mourait dom Helder Camara, l’archevêque de Recife. Surnommé «l’évêque rouge», «l’évêque des pauvres», ou encore «l’évêque des favelas», le prélat brésilien a son nom étroitement lié à la théologie de la libération et à la lutte en faveur des pauvres et des opprimés. Plusieurs manifestations, au Brésil et en France notamment, marqueront les 5 ans de sa mort.
Né à Fortaleza, dans le Nordeste brésilien en février 1909, Helder Camara n’avait pas cessé, depuis le début des années cinquante, de prendre position en faveur des pauvres et des opprimés, jusqu’à incarner tout à la fois l’esprit de résistance à la dictature militaire qui ensanglanta le Brésil de 1964 à 1985, et la recherche d’un autre mode de relation entre religion et politique, via notamment la construction de multiples réseaux, dont les fameuses «communautés de base», qui mêlent réflexion politique, relecture de l’Evangile et action tournée du côté de la transformation sociale.
Nommé évêque auxiliaire de Rio de Janeiro en 1952, Helder Camara avait alors mis sur pied, avec d’autres prélats, la Conférence nationale des évêques du Brésil – qu’il présida pendant douze ans – et qui joua un rôle essentiel dans l’émergence d’une nouvelle culture religieuse dans toute l’Amérique latine. Un peu plus tard, la «théologie de la libération» dont il était un des porte-parole se heurte de front non seulement aux forces conservatrices de l’Eglise brésilienne, mais aussi aux milieux politiques qui allaient inspirer, à la suite du renversement par un coup d’Etat militaire du président élu Joao Goulart en 1964, l’un des pires régimes dictatoriaux de l’histoire de l’Amérique.
Une des figures majeures de la résistance au nouveau régime
Nommé au même moment archevêque de Recife, Helder Camara devint alors l’une des figures majeures de la résistance au nouveau régime. En 1985, il est mis à la retraite et remplacé par un homme ouvertement opposé à ses conceptions, José Cardoso Sobrinho. Sommé de se taire, il resta pourtant présent et actif, notamment par le biais de la campagne «An 2000 sans misère», et par l’autorité morale qu’il continuait d’exercer auprès de millions de ses concitoyens et de beaucoup d’autres dans le monde.
Dom Helder Camara est décédé dans la nuit du 27 août 1999 à Recife à l’âge de 90 ans, dans un hôpital où il avait été admis la semaine précédente pour une infection urinaire. Il a été enterré à la cathédrale de Olinda, près de Recife. On lui doit cette phrase demeurée célèbre: «Quand je demandais du pain pour les pauvres, tout le monde applaudissait. Quand je demandais pourquoi ils étaient pauvres, on me traitait de communiste».
Colloque d’une semaine à Recife
Le 5e anniversaire du décès de dom Helder Camara va être marqué par plusieurs manifestations en vue d’actualiser sa mémoire, informe le quotidien catholique français «La Croix».
A Recife, un colloque d’une semaine réunira des théologiens, des historiens, les cardinaux Arns, Tucci et Etchegaray, ainsi que l’abbé Pierre, René Rémond, Gustavo Gutierrez, Joseph Comblin et José de Broucker.
En France, l’émission «Le Jour du Seigneur», sur France 2, consacrera un reportage de Marie Viloin, le dimanche 29 août, à 10 h 30. Les 19, 20 et 21 novembre, l’association Dom-Helder organise à l’église Saint-Merri, à Paris, un festival avec des expositions, des concerts, des lectures et une célébration. Enfin, c’est en 2005 que les Lettres conciliaires de Dom Helder paraîtront en France, aux éditions du Cerf, sous la direction de José de Broucker. (apic/lc/hum/sh)