Féministes et religieux musulmans s’affrontent sur le sujet

Egypte: La polémique sur la polygamie revient en force

Le Caire, 16 septembre 2004 (Apic) Le grand débat autour de la polygamie revient en force en Egypte. Féministes et religieux musulmans s’affrontent autour de la question. Le mouvement des femmes qui luttent pour l’émancipation de la gent féminine réclame l’interdiction de la polygamie. En face, il se heurte à la résistance des dignitaires musulmans: motif, trop de femmes sont célibataires en Egypte.

Selon l’Afp, la polémique a éclaté il y a quelques jours après le refus de l’institut Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite basée au Caire, d’approuver un projet de loi visant à interdire la polygamie. Ce projet préconisait une amende à tout homme qui épouserait une seconde, troisième ou quatrième épouse. Pour l’institut Al-Azhar, présidé par le cheikh Mohamed Sayed Tantaoui, c’est une mesure inacceptable. Elle serait contraire à l’islam qui reconnaît à tout homme le droit de prendre quatre femmes. Cela n’entraîne ni sanctions, ni amendes, a rappelé pour sa part, le mufti d’Egypte, Cheikh Ali Gomaa. La seule condition exigée est l’équité matérielle, financière et conjugale du mari entre toutes.

Il faut dire que des imams égyptiens dont le Cheikh Ali Aboul Hassan, ancien président de la Commission des Avis Religieux (fatwas) avaient auparavant appelé les hommes à multiplier la polygamie. «Il faut prendre plusieurs épouses pour lutter contre le célibat des femmes et éviter la dépravation des moeurs», indiquaient-ils.

Selon leurs estimations, on dénombre dans le pays entre sept et huit femmes non mariées. Elles sont toutes âgées de plus de 20 ans. La moitié d’entre elle a déjà dépassé les 30 ans.

Réplique des féministes

Dans tous les cas, l’opposition des religieux à interdire la polygamie suscite la colère des féministes. Fawzia Adbessatar, professeur de droit pénal à l’université du Caire et figure de proue du mouvement, s’est indignée de des déclarations des dignitaires religieux.

Une autre féministe, Farkhanda Hassan, secrétaire générale du Conseil National de la Femme, a déclaré qu’en tant que femme, «je ne peux pas accepté de fatwa (avis religieux) appelant à prendre plusieurs épouses. La religion musulmane ne l’autorise pas et cela « représente une humiliation pour la femme», a-t-elle ajouté. (apic/ibc/pr)

16 septembre 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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