Rome: Lettre de Jean Paul II «Mane nobiscum domine» lançant l’année eucharistique

La culture de l’Eucharistie promeut une culture du dialogue

Rome, 8 octobre 2004 (Apic) «La culture de l’Eucharistie promeut une culture du dialogue», affirme Jean Paul II dans sa 44e lettre apostolique «Mane nobiscum domine», lançant l’année eucharistique. Dans ce texte, il insiste aussi particulièrement sur la nécessité de célébrer le dimanche et revient sur les normes liturgiques à respecter lors du sacrement de l’Eucharistie.

Dans les quatre chapitres de ce document de 32 pages, Jean Paul II se «limite à indiquer quelques perspectives qui peuvent aider tous les fidèles à avoir, durant l’année eucharistique, des attitudes convergentes, éclairées et fécondes».«Je ne demande pas que l’on fasse des choses extraordinaires, mais que toutes les initiatives soient empreintes d’une profonde intériorité», explique-t-il.

L’année dédiée à l’Eucharistie, comme le rappelle le pape, débutera avec le Congrès eucharistique international à Guadalajara au Mexique du 10 au 17 octobre 2004 et s’achèvera par l’Assemblée ordinaire du Synode des évêques, du 2 au 29 octobre 2005, au Vatican. «L’idée d’une telle initiative eucharistique était déjà depuis un certain temps dans mon exprit», confie le souverain pontife. «Elle constitue en effet le développement naturel de l’orientation pastorale que j’ai entendue donner à l’Eglise, spécialement à partir des années préparatoires du Jubilé», précise-t-il. «J’étais bien convaincu – et je le suis aujourd’hui plus que jamais ! – de travailler pour le ’long terme de l’humanité».

Qui dit ’merci’ à la manière du Christ ne sera jamais un bourreau

Insistant sur le fait que la «culture de l’Eucharistie promeut une culture du dialogue», le pape souligne que «l’on se trompe lorsqu’on pense que la référence publique à la foi peut porter atteinte à la juste autonomie de l’Etat et des institutions civiles, ou bien que cela peut même encourager des attitudes d’intolérance». «Si, historiquement, des erreurs en la matière n’ont pas manqué, même chez les croyants, comme j’ai eu l’occasion de le reconnaître lors du Jubilé, cela ne doit pas être mis sur le compte des ’racines chrétiennes’, mais de l’incohérence des chrétiens en ce qui a trait à leurs racines», poursuit Jean Paul II. «Celui qui apprend à dire ’merci’ à la manière du Christ crucifié pourra être martyr, mais il ne sera jamais un bourreau».

Pour le pape, «l’image de notre monde déchiré, qui a inauguré le nouveau millénaire avec le spectre du terrorisme et la tragédie de la guerre, appelle plus que jamais les chrétiens à vivre l’Eucharistie comme une grande école de paix, où se forment des hommes et des femmes qui, à différents niveaux de responsabilité dans la vie sociale, culturelle, politique, deviennent des artisans de dialogue et de communion». «Chaque messe, même célébrée de manière cachée et dans une région retirée du monde, porte toujours le signe de l’universalité», déclare-t-il.

L’Eucharistie nourrit la foi et l’enthousiasme

«L’Eucharistie est le centre vital autour duquel les jeunes se rassemblent pour nourrir leur foi et leur enthousiasme», rappelle le chef de l’Eglise catholique, dans la perspective des JMJ de Cologne en août 2005. «Pourquoi alors ne pas faire de cette année eucharistique un temps au cours duquel les communautés diocésaines et paroissiales s’emploieraient de manière spéciale à lutter contre telle ou telle forme de nombreuses pauvretés de notre monde?», s’interroge alors le souverain pontife en pensant particulièrement «au drame de la fin qui tourmente des centaines de millions d’être humains», aux malades, aux personnes âgées, aux chômeurs et aux immigrés.

Par ailleurs, Jean Paul II souhaite que cette année spéciale soit l’occasion de «redécouvrir et vivre pleinement le dimanche comme jour de l’Eglise». Il invite ainsi le fidèle catholique à «incarner le projet eucharistique dans la vie quotidienne». «Il est urgent que cela soit réalisé surtout dans notre culture sécularisée, qui est imprégnée de l’oubli de Dieu et qui favorise la vaine souffrance de l’homme».

«Il faut que la messe soit placée au centre de la vie chrétienne que, dans chaque communauté, on fasse tout son possible pour qu’elle soit célébrée de manière digne, dans le respect des normes établies, avec la participation du peuple, et avec une sérieuse attention au caractère sacré du chant et de la musique sacrée», estime encore le souverain pontife.

Faire le point sur l’eucharistie 40 ans après le concile

Cette lettre pastorale pour lancer l’année de l’Eucharistie fait suite à l’encyclique «Ecclesia de Eucharistia» publiée le 16 avril 2003 et à l’instruction «Redemptionis Sacramentum» de la Congrégation pour le culte divin, publiée le 23 avril 2004, «sur certaines choses devant être observées ou évitées concernant la très sainte Eucharistie». Dans cette perspective, Jean-Paul II rappelle dans «Mane nobiscum domine» que «quarante ans après le Concile, l’Année eucharistique peut être une occasion importante pour les communautés chrétiennes de vérifier où elles en sont sur ce point».

Ainsi, à la suite de Vatican II qui a autorisé les célébrations en langue vernaculaire, le pape rappelle qu’il ne suffit pas «que les passages bibliques soient proclamés dans une langue compréhensible, si la proclamation n’est pas faite avec soin, la préparation préalable, l’écoute recueillie, le silence méditatif».«L’attention doit être portée aux moments de silence dans la célébration comme dans l’adoration eucharistique».

Jean Paul II rappelle aussi le «sens de la convivialité» qui existe dans la dimension autour du repas de l’Eucharistie, sans toutefois oublier son «sens profondément et avant tout sacrificiel». «Mais cette intimité spéciale, qui se réalise dans la communion eucharistique, ne peut être comprise de manière appropriée, ni pleinement vécue, hors de la communion ecclésiale». Insistant sur la présence «réelle» lors du sacrement de l’Eucharistie, ce qui fait la différence entre les catholiques et les protestants, le pape rappelle que «c’est pour cela que l’Eglise pose des conditions pour pouvoir prendre part de manière plénière à la célébration eucharistique». Il s’agit d’abord de la communion hiérarchique, fondée sur la conscience des différents rôles et ministères, et continuellement confirmée aussi dans la prière eucharistique par les mentions du pape et de l’évêque diocésain.

Enfin, Jean Paul II invite les communautés paroissiales à «un engagement concret à étudier de manière approfondie la présentation générale du missel romain». Après plus de dix ans de travail, la troisième édition typique du Missel romain a été publiée en mars 2002. Les versions traduites en différentes langues sont encore inachevées à l’heure actuelle. (apic/imedia/hy/bb)

8 octobre 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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