Première étude sur le mouvement évangélique, à paraître en 2005
Suisse: Les évangéliques gagnent partout du terrain
Lausanne, 10 février 2005 (Apic) Les évangéliques en Suisse sont en nette croissance par rapport à l’Eglise réformée. Leur mouvement se divise en trois grandes tendances. C’est ce que montre la première étude, à paraître, sur le mouvement évangélique. Elle est signée Jörg Stolz, directeur de l’Observatoire des religions en Suisse, à Lausanne, et Olivier Favre, doctorant et pasteur.
Les évangéliques prennent des parts de marché aux réformés, dirait-on en termes de marketing. Ce mouvement croît constamment en Suisse. C’est ce que montre une étude à paraître courant 2005. Actuellement, 2,2% de la population est membre d’Eglises libres (évangéliques), soit 161’000 personnes.
C’est peu globalement, mais beaucoup, par rapport aux 10% de Suisses pratiquants réguliers, catholiques ou protestants, précise Jörg Stolz, co- auteur de l’étude, directeur de l’Observatoire des religions en Suisse, à l’Université de Lausanne.
Pour le sociologue, un pratiquant fréquente un culte ou une messe au moins deux fois par mois. «Parmi ces pratiquants, les catholiques sont certes majoritaires, mais un tiers des pratiquants, parmi les réformés, sont certainement représentés par les évangéliques». Il l’explique dans une interview au magazine de l’Université de Lausanne Allez savoir !, dans son édition de février.
Le milieu évangélique compte en Suisse 1500 paroisses ou communautés. Certains fidèles fréquentent à la fois les Eglises «libres» et les Eglises réformées. Jörg Stolz distingue trois tendances au sein des Eglises dites libres (évangéliques). Les Eglises charismatiques ou Pentecôtistes – liées au mouvement du Réveil, au début du 20e siècle, soit environ 33% des évangéliques. Une tendance très axée sur l’émotionnel et sur la conversion. Quant aux évangéliques fondamentalistes, ils sont environ 10% du mouvement. Au centre, les modérés, soit les anabaptistes, méthodistes, etc., représentent la majorité, soit environ 55%.
Impact des évangéliques américains sur leurs homologues suisses
La commercialisation de la foi à l’américaine passe mal en Suisse. La figure de George Bush fait difficulté, explique le pasteur évangélique Olivier Favre, doctorant et co-auteur de l’étude, au magazine de l’Université de Lausanne. «D’un côté les évangéliques aiment l’idée que l’on défende la morale judéo-chrétienne, mais l’invasion en Irak leur pose un grave problème».
Olivier Favre affirme qu’»actuellement le moyen le plus apprécié pour évangéliser ici est le cours Alphalive, un catéchisme de base lancé par une Eglise anglicane de Londres de tendance évangélique». Ce catéchisme a été repris par des paroisses réformées et même par des catholiques, explique-t- il.
Le sens aigu de la communication chez les évangéliques se constate à travers un mouvement comme l’ICF (International Christian Fellowship), né à Zurich, malgré son nom anglais. Cultes avec musique, thèmes concernant les jeunes, comme la sexualité, etc. sont proposés. «Mais sur le fond, l’ICF reste très fondamentaliste», précise Jörg Stolz.
Un sondage tiré de l’étude sur les évangéliques montre l’extraordinaire convergence de vues éthiques au sein du mouvement. 97% estiment que seul un converti est un vrai chrétien. La majorité des évangéliques interrogés dans le cadre de l’étude se disent contre le sexe avant le mariage, contre 6% chez les réformés et 4% chez les catholiques, dans notre pays. Au sein du courant fondamentaliste évangélique, près de 90 % des gens pensent qu’il n’existe qu’une seule vraie religion. 8% des réformés et 6% des catholiques seulement partagent ce point de vue. VB
Encadré
4 critères pour définir un évangélique
Les évangéliques (et non évangélistes pour ne pas les confondre avec les rédacteurs des 4 Evangiles,) sont définis par les auteurs de l’étude selon 4 critères: 1. Une lecture très littérale de la Bible, au pied de la lettre. 2. Ils estiment que la conversion personnelle est un moment clé dans la vie d’un chrétien. D’où l’idée du «born again» (né à nouveau). 3. Un évangélique entend diffuser sa foi, donc il existe un certain prosélytisme. 4. Les évangéliques se définissent comme chrétiens au-delà des différentes Eglises. En outre, ils diffèrent des Témoins de Jéhovah ou des Mormons. Les évangéliques s’inscrivent nettement dans le courant protestant. Ils reconnaissent la Trinité et considèrent qu’on est sauvé par la foi.
Le mouvement évangélique est loin d’être une secte, explique Olivier Favre. L’anabaptisme, le piétisme, le pentecôtisme, entre autres, sont des renouveaux à l’intérieur du protestantisme. Ils peuvent néanmoins conduire à des scissions.
10% du salaire pour dîme
Les Eglises évangéliques sont financées par le principe de la dîme (on reverse 10% de son salaire), explique Olivier Favre. «Je suis salarié de mon Eglise (évangélique apostolique) mais je ne sais pas qui donne. Le don est confidentiel. Les salaires sont fixés par les directions des fédérations d’Eglises». (apic/allezsavoir/vb)