Le chef des orthodoxes grecs également en ligne de mire

Grèce: les scandales de corruption n’en finissent pas d’éclabousser l’Eglise grecque

Athènes, 11 février 2005 (Apic) Le chef de l’Eglise orthodoxe grecque, le très conservateur Christodoulos, se retrouve lui aussi directement en ligne de mire dans l’avalanche des affaires de corruption qui éclaboussent le clergé orthodoxe grec, y compris sa hiérarchie.

Depuis le début du mois, les révélations s’enchaînent. La presse évoque maintenant ouvertement des liens avec un trafiquant de drogue recherché par Interpol.

Mgr Christodoulos, qui a jusque-là toujours réussi à parer les attaques, y compris après l’échec de la virulente croisade entamée par lui et ses fidèles suiveurs en 2000 contre l’abolition de la mention obligatoire de la religion sur les cartes d’identité, avait été seulement «égratigné» par les premières révélations sur la corruption au sein de son église.

Deux de ses proches, les évêques Pantéléïmon et Théoklitos, avaient cependant été accusés par les médias d’avoir bénéficié de l’aide d’un sulfureux archimandrite, Iakovos Giosakis, qui aurait pour cela corrompu des magistrats. Mgr Panteleïmon a été suspendu pendant six mois.

Selon l’Agence France presse, Mgr Christodoulos est désormais mis en cause pour ses relations personnelles avec une ouaille de son ancien évêché de Volos, Apostolos Vavylis. Arrêté en 1988 pour trafic de drogue, condamné deux ans plus tard à 13 ans de prison, libéré ensuite après un sursis accordé en appel, ce dernier est recherché depuis 1998 par la police grecque et Interpol, sur la base d’un mandat d’arrêt italien émis en 1994.

Sous la pression des médias, Mgr Christodoulos a dû admettre être intervenu par deux fois en faveur de cette brebis égarée, la première en 1987 via une lettre de recommandation «pour toute autorité», la seconde auprès d’un supérieur monastique, en 1998.

Retour de manivelle, pour le chef de l’Eglise orthodoxe. Placé aujourd’hui dans une situation largement défensive. Il venait en effet d’annoncer un grand «nettoyage» interne après la révélation d’une première série de scandales de corruption de magistrats par de hauts prélats, il s’est expliqué en invoquant son devoir «pastoral», défiant quiconque de juger ses actions «sur des critères exclusivement laïcs».

Le Premier ministre, Costas Caramanlis, dont la majorité conservatrice est créditée de la faveur du haut-clergé, avait reçu fin janvier Mgr Christodoulos pour un dîner à domicile. Il vient lui aussi de prendre ses distances, à l’image de l’ensemble du monde politique, appelant l’Eglise à lutter avec «audace» et «sans compromis» contre la corruption en son sein.

Le prélat vient d’enregistrer la première brutale chute de sa popularité depuis son élection en 1998. Selon un sondage paru vendredi, il est passé en dix mois de 68% à 43% d’avis favorables, dans un pays orthodoxe à 98%, où l’Eglise, qui n’est pas séparée de l’Etat, jouit d’une forte influence.

L’appel aux fidèles

Début février, dans une démarche inhabituelle, l’Eglise orthodoxe grecque avait officiellement appelé ses fidèles à dénoncer les prélats corrompus. Elle demandait à tout fidèle détenant des «preuves légales» mettant en cause des prélats dans des affaires de corruption à les lui communiquer afin d’aider l’institution à se «nettoyer».

Cet appel faisait suite à une réunion de l’instance judiciaire du saint-synode de l’Eglise grecque orthodoxe, mise sur pied après la publication d’accusations sur des affaires de corruption au sein de sa hiérarchie.

L’organe judiciaire collégial du saint-synode a été convoqué par le chef très conservateur de l’Eglise grecque Mgr Christodoulos afin de statuer sur l’implication de deux métropolites, Pantéléïmon et Théoklitos, et de l’archimandrite (supérieur d’un monastère) Iakovos Giosakis dans des affaires de corruption de magistrats. Ce dernier étant notamment accusé d’avoir servi d’intermédiaire dans ces affaires pour le compte des deux métropolites. (apic/ag/as/pr)

11 février 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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