Londres: Le chef de l’Eglise anglicane admet que la «fracture» risque de devenir permanente

Les Eglises nord-américaines invitées au repentir

Londres, 28 février 2005 (Apic) Le chef de l’Eglise anglicane admet que la «fracture» risque de devenir permanente au sein de l’Eglise anglicane. L’archevêque de Canterbury Rowan Williams a reconnu que la dispute sur les évêques «gays» et la bénédiction des mariages homosexuels divise sérieusement la communion anglicane.

Dans une interview à la BBC diffusée dimanche, Rowan Williams a demandé aux communautés anglicanes des Etats-Unis et du Canada de se repentir. Les primats de 35 des 38 provinces autonomes ont demandé aux Eglises nord-américaines de «se retirer volontairement» du Conseil consultatif anglican (ACC), principale instance de coordination de la Communion, qui compte 78 membres. Les Nord-Américains vont cependant être invités à la réunion de l’AAC à Nottingham, en Angleterre, en juin, où ils seront à même d’exposer «les raisons ayant motivé les récentes actions de leurs provinces».

La scission qui pointe entre anglicans conservateurs et libéraux au sujet de l’homosexualité est aujourd’hui presque consommée, selon la BBC. Pour gagner du temps, les responsables de la Communion anglicane ont demandé à leurs collègues américains et canadiens de se retirer pour une période de trois ans de l’ACC pour tenter de résoudre le problème.

Lors de leur réunion à huis clos la semaine dernière à Newry, en Irlande du Nord, des responsables anglicans du monde entier ont demandé à l’Eglise épiscopalienne des Etats-Unis (ECUSA) et à l’Eglise anglicane du Canada de faire ce pas volontairement jusqu’à la prochaine Conférence de Lambeth, la rencontre de tous les évêques anglicans qui a lieu tous les dix ans et qui est prévue pour 2008.

Les primats anglicans ont publié un communiqué dans lequel ils affirment qu’il reste à savoir «si les Eglises nord-américaines sont prêtes à accepter le même enseignement sur des questions de moralité en matière de sexualité comme cela est accepté généralement au sein de la Communion».

L’attitude «unilatérale» des Eglises nord-américaines dénoncée

Dans une interview à la BBC, l’archevêque de Canterbury, qui préside la Communion anglicane, a estimé que la position des Eglises nord- américaines coûte très cher à l’Eglise anglicane, qualifiant leur attitude d’»unilatérale». Des membres participant à la conférence de Newry ont tout simplement refusé de communier avec les responsables de l’Eglise épiscopalienne américaine. «Je ne pense pas que ceux qui ont fait ces actions en Amérique du Nord ont tout à fait réalisé combien profondes peuvent être cette blessure et cette fracture», a déclaré Rowan Williams.

L’ordination de l’évêque homosexuel américain Gene Robinson, placé à la tête du diocèse du New Hampshire en 2003, a fâché de nombreux anglicans, qualifiés rapidement de traditionalistes. L’évêque Frank Griswold, qui préside l’Eglise épiscopalienne (anglicane) américaine, estime que cette ordination épiscopale a été faite «proprement et dans les règles». Au Canada, l’Eglise anglicane bénit désormais des unions du même sexe.

La division au sein de l’anglicanisme a été précipitée en 2003 par les actions de l’Eglise épiscopalienne des Etats-Unis et du diocèse de New Westminster de l’Eglise anglicane du Canada. Ce dernier diocèse a introduit un rite de bénédiction des unions de personnes du même sexe. Ces deux actions sont en rupture avec une déclaration de la Conférence de Lambeth de 1998, qui affirmait que les relations homosexuelles sont contraires aux Ecritures.

En octobre 2004, le Rapport Windsor, publié par une Commission mise sur pied par l’archevêque de Canterbury, leader de la Communion anglicane, a appelé les Eglises nord-américaines à «exprimer des regrets» pour leurs actions unilatérales. Les primats ont demandé aux Eglises nord-américaines d’observer un moratoire sur les bénédictions ultérieures d’unions entre personnes du même sexe ou la consécration d’un évêque vivant des relations sexuelles hors du mariage chrétien. (apic/eni/bbc/be)

28 février 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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