Le cardinal Sfeir confiant que le Liban recouvrera sa souveraineté
Liban: Le patriarche maronite reçu par George Bush à la Maison Blanche
Washington, 17 mars 2005 (Apic) Reçu brièvement en audience mercredi par le président américain George Bush, le cardinal Nasrallah Sfeir, s’est déclaré confiant, à la sortie de la Maison Blanche, que le Liban recouvrera sa pleine souveraineté, son indépendance et sa liberté de décision.
Le patriarche maronite, accompagné d’une délégation d’ecclésiastiques, dont Mgr Roland Aboujaoudé, vicaire patriarcal, a eu droit à un accueil de chef d’Etat à la Maison-Blanche, où il a été reçu pendant une demi-heure par G. W. Bush.
Ce dernier a déclaré que la politique des Etats-Unis est de «travailler avec ses amis et ses alliés pour insister que la Syrie quitte complètement le Liban, que la Syrie retire toutes ses troupes du Liban, que la Syrie retire ses services secrets du Liban, afin que le processus électoral soit libre et équitable.»
«Profonde gratitude» au président Bush
Le patriarche maronite, âgé de 84 ans, a exprimé «sa profonde gratitude» au président Bush «pour l’intérêt sincère qu’il porte à la liberté au Liban et dans le monde». Le chef de l’Eglise maronite a relevé que les Libanais de toutes croyances sont inquiets de l’émigration de jeunes chrétiens et musulmans en raison de l’extension du chômage et des conditions politiques étouffantes que connaît le pays. Les chrétiens sont devenus minoritaires au Liban, où ils représentent désormais moins de 40% de la population estimée à plus de 3,5 millions d’habitants.
Le cardinal Sfeir estime que le retrait des forces syriennes va encourager le retour au pays des Libanais qui ont quitté leur patrie pour vivre en meilleure sécurité et pour trouver du travail. Le patriarche, tout en admettant que les liens qu’ont certains musulmans avec la Syrie compliquent les relations islamo-chrétiennes au Liban, est d’avis que les tensions entre chrétiens et musulmans ne représentent aucun problème pour la plupart des gens. La principale préoccupation est de gagner leur pain quotidien, au-delà des différences religieuses.
Rappelant que «le Liban a été le premier pays démocratique dans la région», le patriarche a reconnu que ce n’était certainement pas une démocratie parfaite, mais que ce pays «reste le foyer et le point de départ pour la propagation de la démocratie dans la région». Et de souligner que c’est pour cette raison que le pape Jean Paul II a déclaré que «le Liban est un message de liberté et de démocratie pour l’Orient et l’Occident».
Confiant dans l’avenir de la démocratie au Liban
Lors de sa rencontre avec la presse, le patriarche Sfeir s’est dit confiant dans l’avenir de la démocratie au Liban. N’étant pas entré dans les détails avec le président Bush, il a fermement nié que le cas de la milice chiite du Hezbollah a été traité. Le cardinal maronite a encore estimé qu’il ne voyait aucune différence entre l’accord de Taëf et la résolution 1559 qui demande le retrait syrien du Liban. Le patriarche Sfeir est d’avis que les Syriens se retireront effectivement du pays.
Dans une interview à l’agence de presse catholique américaine CNS, il a estimé que le départ des troupes syriennes va ôter la raison majeure de la division au sein du peuple libanais. A ses yeux, les divisions que l’on a vues récemment lors des marches de protestation de tendances rivales sont un facteur de l’occupation syrienne. «Si la Syrie se retire du Liban, il n’y a pas de raison d’être divisés. Ce n’est pas que les Libanais sont divisés, c’est que quelqu’un les a divisés».
Selon le quotidien beyrouthin «L’Orient-Le Jour», le patriarche maronite a remis au président américain un mémorandum ayant notamment pour thème une «politique américaine productive au Liban», le refus de l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban, ainsi que la responsabilité internationale, et celle des Etats-Unis en particulier, dans la préservation de la formule de coexistence libanaise, de la démocratie et de la liberté.
Les chrétiens du Liban, trait d’union entre l’Orient et l’Occident
Le cardinal Sfeir avait également rencontré la veille des représentants de la Conférence épiscopale catholique américaine, le numéro deux du Département d’Etat américain Robert Zoellick, ainsi que le numéro deux du département de Défense, Paul Wolfowitz.
Dans une allocution, le patriarche a rendu hommage aux valeurs de démocratie, de liberté, de justice et d’égalité des chances qui marquent la société américaine, en espérant qu’elles marqueront également la société libanaise. Le patriarche Sfeir a également rendu hommage aux efforts des responsables de la communauté libanaise aux Etats-Unis pour leur tentative de sensibiliser l’administration américaine à la crise libanaise.
Le patriarche maronite s’est encore dit satisfait de l’ouverture d’une enquête internationale sur l’assassinat du président Hariri et la présence de contrôleurs internationaux pour superviser les prochaines élections législatives.
Rappelons que mardi, le cardinal Sfeir a été fait docteur honoris causa à l’Université catholique de Washington. Le patriarche avait également rendu visite aux évêques catholiques des Etats-Unis, au cours de laquelle il a parlé de la situation des chrétiens orientaux et de la difficulté que certains ont à accepter de les considérer comme des Orientaux à part entière. Il avait également parlé du rôle capital que ces chrétiens jouent comme trait d’union entre l’Orient et l’Occident, l’islam et le christianisme, la tradition et la modernité. (apic/cns/orj/be)