Pologne: Un prêtre déplore le refus de la Russie de transmettre des documents sur Katyn

«Si ce n’est pas un génocide, alors qu’est-ce que c’est?»

Varsovie, 11 avril 2005 (Apic) Un prêtre catholique polonais, survivant d’un massacre d’officiers polonais durant la seconde guerre mondiale, a déplore le refus de la Russie de transmettre des documents sur le massacre de Katyn. Il a condamné la décision du parquet russe de ne pas reconnaître ce crime comme «un acte de génocide».

«Si ce n’est pas un génocide, alors qu’est-ce que c’est?» s’interroge aujourd’hui le prêtre Zdzislaw Peszkowski, agé de 86 ans, qui a échappé au massacre de Katyn, Miednoye et Kharkov alors que la Pologne était occupée par les Soviétiques en 1940, qui auraient fusillé quelque 21’000 officiers et soldats polonais prisonniers.

«Que vont dire toutes les veuves et les familles orphelines dont les maris, les pères, les oncles et les grands-pères ont été assassinés? Les larmes, les cris et les souffrances de ceux-ci n’ont-ils aucune importance?», a poursuivi le prêtre Peszkowski, aumônier de l’Association des familles de Katyn en Pologne.

Le prêtre s’exprimait en réaction à la décision prise en mars par le parquet militaire de Russie qui affirme qu’il n’y a «aucune base» permettant de dire que ce massacre était un génocide.

Selon Zdzislaw Peszkowski, plus de 2’000 membres de la police secrète soviétique, dont un grand nombre vivent encore, étaient impliqués dans ces assassinats, qui ont été ordonnés par le dictateur soviétique Joseph Staline.

La plupart des victimes dans la forêt de Katyn étaient des réservistes de l’armée polonaise rappelés pour combattre l’armée allemande après l’invasion de la Pologne par les nazis en 1939. Mais ces officiers se sont retrouvés prisonniers de l’armée soviétique, qui avait occupé la partie Est de la Pologne selon un pacte secret entre le dictateur nazi Adolf Hitler et Staline.

Aucune base?

Le procureur militaire de la Russie, Aleksander Savienkov, a déclaré en mars qu’il n’y avait «aucune base» permettant de considérer cette atrocité comme génocide. Il a déclaré qu’après une enquête de 15 ans, les autorités russes ont trouvé les preuves concernant «seulement» un total de 1’803 morts.

Pour le prêtre Peszkowski, qui a accusé le procureur d’avoir cédé aux «pressions politiques», le massacre sera «toujours un obstacle aux relations entre la Pologne et la Russie». Le prêtre avait été sauvé de l’exécution par un orage. Il servait alors dans l’unité de cavalerie jusqu’à l’invasion de la Pologne par les forces allemandes et soviétiques en 1939.

«En tant que prisonnier ayant pu échapper au massacre, je réclame la vérité et la justice», a-t-il déclaré à l’agence d’information catholique KAI. «Chaque nuit, entre mars et mai, 250 soldats étaient fusillés. Ce type d’assassinat n’est pas un fait de guerre».

Le gouvernement russe a admis son implication en 1990 après avoir d’abord rejeté sur les nazis allemands la responsabilité du massacre, qui a été considéré comme un acte de génocide au procès des criminels de guerre nazis entre 1945 et 1949 à Nuremberg. Toutefois, le gouvernement du président Valdimir Poutine a refusé de permettre aux enquêteurs polonais de venir à Moscou à la fin 2004 et il a déclaré en mars qu’il n’autoriserait l’accès à une partie seulement du volumineux dossier. (apic/eni/pr)

11 avril 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!