En permanence au coeur de l’action

Rome: La Garde suisse en première ligne lors du changement de pape

Walter Müller de l’Apic / Traduction: Bernard Bovigny

Rome, 11 mai 2005 (Apic) La maladie et le décès de Jean Paul II, le conclave et l’élection de Benoît XVI ont constitué des événements de premier ordre au niveau mondial. Ces dernières semaines, des centaines de millions de paires d’yeux se sont braquées sur le Vatican. La Garde suisse pontificale, forte d’une expérience de 499 ans, s’est trouvée à Rome en permanence au coeur de l’action.

Les fidèles sur place et les téléspectateurs rivés sur l’écran n’ont pu passer à côté de ces gardes, toujours présents dans les événements qui ont marqué le Vatican ces dernières semaines. Que ce soit pour le service de surveillance devant le catafalque du Saint Père décédé, lors de la garde durant le conclave ou pendant la présentation du nouveau pape devant la foule amassée Place Saint-Pierre, les jeunes Suisses en uniforme multicolore de style Renaissance étaient présents pour accomplir leur digne prestation.

Les gardes eux-mêmes ont vécu durant ce dernier mois certains parmi les plus grands événements de leur corps de défense, mais qui a occasionné un important supplément de travail. L’Apic s’est entretenu avec plusieurs parmi eux, afin de savoir comment chacun a vécu les moments les plus agités de ces derniers temps. Le Genevois Gautier Porot cite deux expériences qui l’ont touché en particulier: la surveillance devant la dépouille de Jean Paul II et la première apparition de Benoît XVI à la Loggia centrale de la Basilique St-Pierre.

«Je ne pouvais m’imaginer que Jean Paul II à cet endroit»

Lorsque Benoît XVI s’est montré, le hallebardier Porot faisait partie de la garde d’honneur sur la Place St-Pierre. «J’éprouvais un sentiment bizarre, car je ne pouvais m’imaginer que Jean Paul II à cet endroit», affirme-t-il. «Et lorsque le nouveau pape est apparu, cela a réveillé en moi l’idée que Jean Paul II était revenu à la vie, alors qu’il s’agissait du cardinal Ratzinger».

Chez le Tessinois Massimo Previtali, c’est une autre scène qui reste particulièrement en mémoire: «C’est lors de la cérémonie d’ensevelissement sur la Place St-Pierre. Le moment le plus prenant a été lorsque j’ai vu le vent faire tourner les pages de l’Evangile sur le cercueil.» Le menuisier de formation se dit heureux d’avoir pu vivre ces journées au sein de la Garde suisse. Tout comme son camarade Porot, il terminera son service au Vatican dans huit mois. Mais la période de turbulences n’est pas terminée pour le corps de garde. Après les grandes cérémonies suivent maintenant les réceptions diplomatiques: chefs d’Etat et ambassadeurs accomplissent leur visite au nouveau pape et sont reçus au Vatican avec tout le protocole. Or, à chaque fois cela signifie obligatoirement la présence d’une garde d’honneur.

Des émotions positives

Les émotions positives et la volonté indéfectible de servir le pape et l’Eglise permettent aux gardes de surmonter ces moments éprouvants. L’ambiance entre eux est très bonne, affirme le jeune hallebardier de Suisse orientale Michael Schwitter, venu de Mels dans le canton de St-Gall à Rome en novembre dernier. Selon lui, personne ne s’est plaint d’avoir trop à faire.

Le changement de rythme a pourtant été radical pour la garde. Normalement, 80% du temps de travail est consacré au service de garde et 8% pour la garde d’honneur lors des grandes messes et autres événements officiels. Le plan de travail et toutes les habitudes ont été modifiés lors de la mort du pape. Alors que l’activité au sein de la garde était plutôt réduite durant la maladie et l’agonie de Jean Paul II, le tempo a été très différent depuis le 2 avril, lors de son décès. «Il y avait chaque jour du nouveau», se rappelle Gautier Porot. «Nous n’avions plus de jours de congé, et presque plus de repos ni de sommeil». Il trouve extraordinaire que des millions de personnes aient tenu à prendre congé du pape: «Mais nos chambres donnent sur la rue. Nous ne pouvions presque plus dormir.» Et, plus grave: «Le bruit nous rendait fous, et malgré tout nous devions rester concentrés, et travailler soigneusement.»

L’aumônier de la garde, le Père Alois Jehle, confirme que les gardes ont été très touchés par les gestes d’adieu de tant de personnes à l’égard de leur pape. Tous ont été particulièrement impressionnés de voir les sentiments des fidèles passant devant la dépouille de Jean Paul II.

Plusieurs centaines de Suisses à l’assermentation

Comme chaque année, l’assermentation des nouveaux gardes a eu lieu le 6 mai. Pour chacun d’eux, ce moment compte parmi les plus importants de leur service au Vatican. Et pour l’ensemble de la garde, il s’agit d’un événement qui renforce l’esprit communautaire, et pour lequel plusieurs centaines d’amis et de membres de la parenté habitant en Suisse se rendent à Rome. La cérémonie haute en couleurs a été suivie cette année par plus d’une douzaine de photographes et plusieurs équipes de télévision.

L’attention médiatique croissante réjouit le commandant de la Garde suisse, le colonel Elmar Mäder, qui veille au maintien d’un effectif de 110 hommes, tous de nationalité suisse. Le changement de pape a provoqué une forte vague d’intérêt pour la Garde, affirme le commandant Mäder. Le nombre de demandes de renseignement et de postulations a fortement augmenté depuis un mois. Presque cent candidatures ont été enregistrées. Mais certaines d’entre elles ont été immédiatement écartées, car elles provenaient d’Américains, d’Allemands et d’Italiens. Il en reste tout de même huitante sur la liste. BB

Note: Le service d’information et de recrutement de la garde est assuré par ProPers AG, Zentralstrasse 2, 8212 Neuhausen am Rheinfall (Tel. 052 675 35 46, Fax 052 675 35 34, karlheinz.frueh@propers.biz).

Avis aux rédactions: Des images actuelles de la Garde suisse sont disponibles à l’agence Ciric, Pérolles 36, CH-1700 Fribourg, Tel. 026 426 48 38, Fax 026 426 48 36, ciric@cath.ch.

(apic/wm/bb)

11 mai 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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