Bosnie: Mgr Komarica qualifie la situation dans son pays de «défaite totale» pour l’Europe
A trois mois du 10e anniversaire des Accords de paix de Dayton
Feldkirch/Sarajevo, 12 août 2005 (Apic) L’évêque de Banja Luka, Mgr Franjo Komarica, qualifie la situation dans son pays de «défaite totale» pour l’Europe. A trois mois du dixième anniversaire des Accords de paix de Dayton, le prélat catholique bosniaque, qui vit en «Republika Srpska» peint un tableau sombre de la vie dans la partie serbe de la Bosnie-Herzégovine.
La Bosnie-Herzégovine fêtera dans trois mois le dixième anniversaire de la paix signée le 21 novembre 1995 à Dayton, qui avait mis fin à quatre ans d’hostilités sanglantes dans cette partie de l’ex-Yougoslavie. La communauté internationale avait voulu créer un Etat unitaire de Bosnie- Herzégovine, tout en reconnaissant deux «entités», la Republika Srspka et la Fédération croato-musulmane.
Mais la situation est loin de s’être normalisée, du moins pour la minorité catholique restée en «Republika Srpska». Elle continue d’être considérée comme indésirable, a déclaré l’évêque catholique de Banja Luka dans une interview au journal autrichien «Vorarlberger Sonntagsblatt».
Depuis l’éclatement des hostilités, en 1992, des dizaines de milliers de catholiques ont quitté la région. A Nova Topola, par exemple, il ne reste plus que trois catholiques – toutes trois des religieuses – sur les 300 que comptait autrefois la localité. Dans le diocèse de Banja Luka, qui se trouve principalement intégré dans le territoire de la «Republika Srpska», peuplée essentiellement de Serbes, la situation des catholiques est «affreuse», affirme Mgr Komarica. Dans les territoires sous contrôle serbe vivaient en 1991 quelque 80’000 catholiques, contre seulement 12’000 aujourd’hui.
Alcool et drogues
Aujourd’hui encore, dix ans après la guerre, on continue du côté serbe de lui reprocher d’être un «facteur de troubles», déplore Mgr Komarica. Il dérange de trois façons: «en tant que catholique, en tant que Croate et pour vouloir rester à Banja Luka». L’évêque catholique critique une nouvelle fois l’Union Européenne: «Qu’un pays autrefois si riche que la Bosnie-Herzégovine, dix ans après la fin de la guerre, doive lutter pour sa survie tant économique que politique, c’est une défaite totale pour l’Europe», a-t-il lancé.
Selon le directeur de la Caritas de Banja Luka, Miljenko Anicic, 60% des jeunes du diocèse veulent quitter le pays. Cela vaut tout autant pour les Croates que pour les Serbes et les Musulmans.
Entre 40 et 80% de chômage chez les jeunes
Dans cette triste atmosphère, révèle Miljenko Anicic, le problème de l’alcool et de la drogue est de plus en plus aigu parmi les jeunes. La Caritas vient d’ailleurs d’ouvrir son premier foyer pour drogués, qui offre 50 places pour traiter les toxicomanes. Et Anicic de souligner que dans ce domaine, la Caritas fait oeuvre de pionnier, car pour venir en aide à ces personnes, «il ne faut rien attendre de l’Etat».
L’oeuvre d’entraide catholique s’efforce également de venir en aide aux jeunes, notamment dans le domaine de la formation, car cette couche de population connaît un taux de chômage qui oscille, selon l’appartenance ethnique, entre 40 et 80% ! Face à cette plaie sociale, souligne Miljenko Anicic, la Caritas ne tient compte ni de l’appartenance confessionnelle ni de la nationalité. (apic/kpr/be)