Broc: Publication à l’occasion des 300 ans du sanctuaire de Notre-Dame des Marches
«Le petit Lourdes fribourgeois – Histoire d’un lieu sacré»
Broc, 13 septembre 2005 (Apic) Durant ses deux premiers siècles d’existence, Notre-Dame des Marches, en Gruyère, est resté un lieu de culte local et plutôt modeste. Le sanctuaire marial au pied de la Dent de Broc allait décoller suite à la guérison, qualifiée de miraculeuse, de Léonide Andrey, une jeune fille de Broc âgée de 22 ans, le 17 mai 1884.
La suite, ce sont les frères François et Jacques Rime qui la racontent, dans leur ouvrage «Le petit Lourdes fribourgeois – Histoire d’un lieu sacré» (*), qui vient de paraître aux Editions gruériennes à Bulle.
Jusqu’à présent, le sanctuaire des Marches n’avait pas encore eu droit à une véritable étude historique, mais c’est désormais chose faite. A l’occasion de son tricentenaire – l’humble chapelle a été totalement reconstruite en 1705 suivant le voeu de Dom Nicolas Ruffieux, prieur de Broc – la Fondation du Rectorat des Marches et les Editions gruériennes proposent une relecture de l’histoire de ce lieu sacré, cher au coeur des Gruériens, mais aussi des Fribourgeois et bien au-delà.
Un lieu de pèlerinage marial majeur en terre fribourgeoise
Mgr Bernard Genoud, dans l’avant-propos de l’ouvrage, souligne que la chapelle dédiée à Marie en 1705, sous le titre de Notre-Dame des Grâces, reste un lieu de pèlerinage marial majeur en terre fribourgeoise. Les autres sont Notre-Dame de Bourguillon, aux portes de Fribourg, et Notre- Dame de Tours, près de Montagny.
Deux frères gruériens, François Rime, géographe et spécialiste des rapports entre espace et sacré dans le canton de Fribourg, et Jacques Rime, prêtre, ont longuement ausculté le sanctuaire dans ses dimensions religieuse, politico-historique, géographique ou encore artistique, le lieu ayant inspiré de nombreux artistes anonymes ou célèbres, comme les membres du Groupe Saint-Luc.
Parmi ces derniers, notons l’architecte Fernand Dumas, l’un des moteurs de ce groupe qui fut l’un des principaux mouvements d’art sacré en Suisse romande dans la 1ère moitié du XXe siècle. Sans oublier le peintre, verrier et écrivain Alexandre Cingria, l’orfèvre Marcel Feuillat, les peintres Gaston Favarel et Emilio Beretta, et la femme peintre, brodeuse et mosaïste Marguerite Naville.
Une guérison miraculeuse décisive
L’ouvrage des frères Rime fait un sort à certaines légendes, notamment celle qui évoquait l’existence dans ce lieu d’une léproserie. Une léproserie des Marches a bien existé, affirment-ils, mais à Matran, près de Fribourg. La chapelle des Marches va prendre sa forme actuelle en 1705, grâce à l’engagement du prieur de Broc, Dom Nicolas Ruffieux, qui voulait y édifier «la plus belle chapelle du pays». Le projet fut mené à bien par son frère Jean-Jacques, curé de Gruyères, aidé d’un troisième frère, également prêtre. Ces Ruffieux venaient d’une lignée de marchands de fromage brocois.
C’est la guérison miraculeuse de Léonide Andrey, le 17 mai 1884, qui allait donner un élan extraordinaire au sanctuaire, devenu le «Petit Lourdes fribourgeois» où auront lieu d’autres guérisons en cette fin de siècle. Elles seront tour à tour récupérées ou dénoncées par divers courants politiques. Ainsi l’association politico-religieuse Piusverein rassemblera des milliers de partisans aux Marches, le 9 août 1886.
Après la dimension partisane du XIXe siècle, qui prônait une Eglise militante au service de la «République chrétienne», et les pèlerinages antialcooliques au tournant du siècle, le «Petit Lourdes fribourgeois» allait bientôt connaître son apogée. Pas son déclin.
Certes, depuis quelques années, face à l’impossibilité d’assurer une présence sacerdotale à demeure aux Marches, ce sont les soeurs de la Sainte- Croix d’Ingenbohl qui assurent – en lien avec le prieur de Broc – l’accueil des pèlerins, la décoration de la chapelle, ainsi que la préparation et l’animation des célébrations.
Si les rassemblements des XIXe et XXe siècles appartiennent bel et bien au passé, et que le sanctuaire rayonne moins qu’il y a 50 ans, déchristianisation oblige, aujourd’hui la chapelle des Marches attire toujours les pèlerins, mais de façon beaucoup plus individuelle. Mais les frères Rime le soulignent: la chapelle des Marches ne se réduit pas à une simple manifestation de la piété individuelle. Les offices de semaine ou du dimanche sont toujours bien fréquentés, et les pèlerinages des malades et de septembre sont là pour le prouver. JB
(*) Les Marches. «Le petit Lourdes fribourgeois – Histoire d’un lieu sacré», de François et Jacques Rime. Cet ouvrage de près de 150 pages, tiré à 1000 exemplaires, est paru aux Editions gruériennes, CH-1630 Bulle. François Rime, né en 1977, est diplômé en géographie, professeur à l’Ecole professionnelle et au Collège du Sud à Bulle, et son frère Jacques, prêtre né en 1971, est aumônier à l’Université de Fribourg, où il prépare une thèse de doctorat en histoire de l’Eglise sur le cardinal Charles Journet. JB
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