Vatican II en chiffres et en textes
Rome: Le Saint-Siège commémore les 40 ans de la clôture du Concile Vatican II.
Rome, 11 octobre 2005 (Apic) Il y a 43 ans, le 11 octobre 1962, s’ouvrait le Concile oecuménique Vatican II. Le 8 décembre 2005, Benoît XVI célèbrera par une messe les 40 ans de la clôture du concile. Entre le 28 octobre et le 7 décembre prochains, les proclamations de 2 Constitutions, 3 Déclarations et 6 Décrets conciliaires seront commémorées.
Le Concile oecuménique Vatican II a marqué le début de l’aggiornamento de l’Eglise, c’est à dire de son renouvellement et de son ouverture sur le monde. Il fut ouvert le 11 octobre 1962, à l’initiative de Jean XXIII, qui mourut le 3 juin 1963, alors que les débats n’avaient pas encore pris fin. Paul VI, son successeur élu le 21 juin, poursuivra les travaux du concile, avant de le clore le 8 décembre 1965.
Les quatre sessions du Concile ont rassemblé près de 2’500 archevêques et évêques de 141 pays, 7 patriarches, 97 supérieurs de congrégations et, grande nouveauté, 52 auditeurs laïcs (dont le philosophe et écrivain français Jean Guitton) ainsi que 101 observateurs non- catholiques (protestants, orthodoxes, anglicans et vieux-catholiques) et 453 experts.
De leurs travaux sont issus 16 documents conciliaires (4 Constitutions, 3 Déclarations et 9 Décrets) portant essentiellement sur le dialogue avec le monde moderne, l’inculturation de l’Evangile, l’oecuménisme, le dialogue avec les religions non chrétiennes, la liberté religieuse, la collégialité épiscopale, le renouvellement de la liturgie, et la définition du rôle de l’Eglise. A ce bilan s’ajoutent une célébration avec des non-catholiques le 4 décembre 1965 et la levée des excommunications de 1054 entre l’Eglise orthodoxe grecque de Constantinople et l’Eglise catholique romaine, le 7 décembre de la même année.
Du 28 octobre au 7 décembre 2005 ce sont 11 derniers documents conciliaires sur un total de 16, soit 2 Constitutions, 3 Déclarations et 6 Décrets conciliaires, qui fêteront leurs quarante ans.
Nostra Aetate
Texte majeur du Concile, la Déclaration Nostra Aetate, qui aura quarante ans le 28 octobre prochain, a redéfini les rapports de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes. L’Eglise a ouvert le dialogue avec ces dernières en déclarant qu’elle «ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions» (Art. 2), «regarde aussi avec estime les musulmans»(Art. 3), et enfin, condamnant l’antisémitisme, «rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament (L’Eglise, ndlr) avec la lignée d’Abraham (le peuple juif, ndlr)» (Art. 4). C’est en plein concile, en 1964, qu’a été créé le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Aujourd’hui, à la suite des gestes forts de Jean-Paul II, Benoît XVI fait du dialogue avec les religions non-chrétiennes l’une de ses priorités. A l’occasion du quarantième anniversaire de cette déclaration, L’Université pontificale grégorienne a organisé du 25 au 28 septembre 2005 un colloque international tandis que la Commission du Saint-Siège pour les rapports religieux avec les juifs, présidée par le cardinal Walter Kasper, organisera une commémoration le 27 octobre.
La signature de la Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et spes date pour sa part du 7 décembre 1965. Signe de l’ouverture au monde de l’Eglise, cette Constitution affirme dans son préambule que «la communauté des chrétiens se reconnaît (.) solidaire du genre humain et de son histoire» (Art. 1). C’est à ce titre qu’Gaudium et Spes «offre au genre humain la collaboration sincère de l’Eglise pour l’instauration d’une fraternité universelle» (Art. 3). L’Eglise n’en oublie cependant pas les dérives du monde moderne ainsi que le rôle salvateur du Christ. Elle insiste sur le caractère plus religieux et spirituel que politique, économique ou social de sa propre mission. La Constitution relève enfin les menaces sur la famille, la culture, la vie économique et sociale, la vie politique, le respect des droits des peuples.
C’est aussi dans l’esprit de Gaudium et Spes que seront créés les Conseils pontificaux pour le dialogue avec les non-croyants en 1965 (qui deviendra le Conseil pontifical de la culture en 1982), le Conseil pontifical justice et paix en 1967, le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement en 1970, le Conseil pontifical Cor Unum en 1971 (chargé de répartir la charité du Saint-siège), et enfin le Conseil pontifical de la famille en 1973.
Dignitatis humanae
Autre événement majeur du Concile, la Déclaration sur la liberté religieuse, Dignitatis humanae, qui provoqua, avec la réforme liturgique de la Constitution Sacrosanctum concilium du 4 décembre 1963, et avec le Décret Unitatis Redintegratio sur l’oecuménisme du 21 novembre 1964, le schisme d’une partie de l’Eglise, derrière Mgr Marcel Lefebvre. Cette Déclaration datée du 7 décembre 1965 affirme que «la personne humaine a droit à la liberté religieuse (.) de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience» (Art. 2). L’Eglise se définit toujours comme «unique vraie religion» (Préambule) et «maîtresse de vérité» (Art. 14) mais ne cherche à convertir «ni par la contrainte, ni par des habilités indignes de l’Evangile» (Art. 11) : elle réaffirme le principe de libre adhésion à la foi chrétienne grâce à «la puissance de la parole de Dieu» (Art. 11). Cette Déclaration a été l’un des piliers de la lutte contre les Etats communistes, et a aussi défini la conception de la laïcité selon l’Eglise.
La Constitution dogmatique Dei verbum sur la révélation divine sera à l’honneur le 18 novembre. Celle-ci rappelle que la révélation divine provient conjointement de la tradition de l’Eglise et des Ecritures saintes, qui s’éclairent mutuellement. Mais elle met particulièrement en valeur le rôle de la fréquentation régulière et approfondie de la Bible par les fidèles.
Le Décret Apostolicam actuositatem, sur l’apostolat des laïcs pourrait aussi être fêté le 18 novembre 2005. Son préambule affirme avec force «le rôle propre et absolument nécessaire dans la mission de l’Eglise» des chrétiens laïcs, vers qui le Concile «se tourne avec une grande attention». L’Eglise y reconnaît que «cet apostolat devient d’autant plus urgent». Le Conseil pontifical pour les laïcs fut créé deux ans plus tard.
Trois Décrets conciliaires sur les hommes et les femmes de l’Eglise pourront fêter quarante ans le 28 octobre prochain. Il s’agit du Décret Optatam totius sur la formation des prêtres. A cette même date, cinq jours après la fin du Synode des évêques sur l’Eucharistie, sera commémoré le Décret Christus dominus sur la charge pastorale des évêques. Ce Décret a confirmé l’institution du Synode en affirmant que les évêques «apportent au Pasteur suprême de l’Eglise une aide plus efficace au sein d’un Conseil, qui a reçu le nom de Synode des Evêques». Les 250 pères synodaux actuellement réunis à Rome ont commémoré les 40 ans du Synode le 8 octobre dernier.
Quant au Décret Perfectae caritatis sur la vie religieuse, qui a permis l’essor de nouvelle forme de vies religieuses et consacrées, il a été signé le 28 octobre 1965. La Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique a organisé un symposium les 26 et 27 septembre dernier pour commémorer ses 40 ans.
Enfin, les quarante ans du Décret Ad gentes sur l’activité missionnaire de l’Eglise seront célébrés le 7 décembre, avec le décret Presbyterorum Ordinis sur le ministère et la vie des prêtres, qui vient compléter celui sur leur formation. Benoît XVI commémora la clôture du Concile par une messe, le 8 décembre. (apic/imedia/gt/pr)