Malgré les dangers de la séparation des communautés
Grande-Bretagne: Première école pour les hindous à Harrow, au nord-ouest de Londres
Londres, 14 novembre 2005 (Apic) Alors qu’il y a en Grande-Bretagne plus de 6’000 écoles subventionnées par l’Etat appartenant à l’Eglise anglicane d’Angleterre et à l’Eglise catholique, il n’y en avait jusqu’à maintenant aucune de la communauté hindoue. Ce n’est plus le cas désormais avec le projet d’école de Harrow, au nord-ouest de Londres, région où il y a la plus grande concentration d’Hindous de tout le Royaume Uni.
Plus de 20% des habitants de Harrow sont des Hindous, une religion qui a ses racines en Inde et qui croit notamment en la réincarnation. Les écoles appartenant à des communautés religieuses ne reflètent pas la proportion de ces groupes présents à Harrow. On y trouve en effet six écoles primaires catholiques, une école juive et deux appartenant à l’Eglise d’Angleterre ainsi que deux hautes écoles et un collège catholiques. La nouvelle école primaire hindoue devrait voir le jour dans les trois ans. Il y a 600’000 fidèles de la religion hindoue en Grande-Bretagne.
L’appui de la Société Internationale pour la Conscience de Krishna
Derrière le projet d’école hindoue, on trouve une organisation composée d’hommes d’affaires britanniques d’origine hindoue, la «I-Foundation», qui travaille en étroite collaboration avec la Société Internationale pour la Conscience de Krishna (ISKCON). Connue comme le mouvement Hare Krishna, cette société représente le courant principal de l’hindouisme en Grande-Bretagne. Des personnalités au sein de l’I-Foundation à Harrow ont joué de leur influence auprès du conseil municipal pour soutenir leur demande de subvention étatique dans le but de mettre sur pied cette nouvelle école.
Il s’agit pour les initiateurs de ce projet de mieux ancrer les enfants hindous dans les principes centraux de leur foi et de permettre aux familles hindoues – à l’instar de celles des autres religions en Grande-Bretagne – de pouvoir choisir une école hindoue subventionnée par les pouvoirs publics. Selon Nitesh Gor, un directeur de la I-Foundation, on assiste depuis quelques années dans le pays à une baisse lente mais continue des valeurs culturelles et spirituelles au sein de la communauté hindoue. Dans les années 1960 et 1970, lors de l’établissement des communautés hindoues en Grande-Bretagne, elles se sont surtout concentrées sur leur développement matériel, et les valeurs hindoues n’étaient pas alors au premier plan, note-t-il.
Au programme, la totalité du curriculum national
A l’heure actuelle, on trouve en Grande-Bretagne plus de 6’000 écoles publiques relevant de l’Eglise d’Angleterre et de l’Eglise catholique, 45 écoles juives, 5 écoles musulmanes, deux écoles Sikh, une grecque-orthodoxe et une appartenant aux Adventistes du septième jour. A l’instar de toutes les écoles publiques subventionnées par l’Etat, la nouvelle école de Harrow devra suivre la totalité du curriculum national, «mais dans une atmosphère où l’hindouisme prévaut la plupart du temps».
Ainsi chaque matin, il y aura une assemblée de prière hindoue, et l’école fera passer les valeurs et les messages de cette religion, selon ses initiateurs. Nitesh Gor relève que la croyance centrale des Hindous selon laquelle les êtres humains doivent être proches de la nature et de l’environnement pourra se manifester par exemple dans l’utilisation écologique des matériaux dans l’école.
Cette initiative s’est toutefois heurtée à de la résistance de la part de certains secteurs tant au sein de la municipalité que du corps enseignant, qui craignent qu’une nouvelle école ne fasse une concurrence inutile au service public. Mais le gouvernement britannique soutient ce type d’école confessionnelle, car Downing Street estime qu’elles sont très populaires et ont souvent un meilleur taux de réussite et un meilleur comportement des élèves.
Cependant, la série d’attentats terroristes dans le métro de Londres en juillet dernier a souligné le danger potentiel de politiques qui prônent la séparation des communautés qui se développent en parallèle au sein de la société britannique. (apic/bbc/be)