Un déménagement qui mécontente le Vatican
Rome: Remous autour de l’ambassadeur de Grande-Bretagne auprès du Saint-Siège
Rome, 11 janvier 2006 (Apic) Le Saint-Siège a fait savoir son mécontentement à la Grande-Bretagne quant au déménagement de son ambassade auprès du Vatican dans les locaux de sa représentation auprès de l’ambassade d’Italie. Le 10 janvier, une délégation du ministère des Affaires étrangères britannique devait se rendre chez le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, afin de résoudre ce contentieux.
C’est le quotidien britannique Times qui a révélé l’affaire dans son édition du 9 janvier. Il citait une communication très formelle du cardinal aux Anglais. L’accusation est portée sur la violation des accords du Latran du 11 février 1929 entre l’Italie et le Saint-Siège, créant la Cité de l’Etat du Vatican. Depuis lors, les représentations diplomatiques d’un pays auprès des deux Etats doivent être strictement distinctes.
Les Anglais se défendent d’une volonté de fusion de leurs deux ambassades romaines. Pour le Saint-Siège, la question ne porte pas essentiellement sur le déménagement de la chancellerie de l’ambassade britannique près le Saint-Siège dans le complexe de l’ambassade près de l’Italie (située Porta Pia, le lieu même où les Italiens rentrèrent dans Rome le 20 septembre 1870 et mirent fin au pouvoir temporel du pape) pour raisons d’économie et de sécurité. Le litige porte essentiellement sur le fait que Francis Campbell, 35 ans, catholique, nouvel ambassadeur auprès le Saint-Siège recruté par petite annonce et ami du premier ministre Tony Blair, devrait fixer officiellement sa résidence dans la villa de son collègue en Italie.
Londres a déjà fermé les bureaux de son ambassade au Vatican qui se trouvaient Via Condotti, une rue située à deux pas de la place d’Espagne, dans l’une des zones les plus chères de Rome, et qui accueille tous les grands couturiers italiens. Pour le moment, le jeune ambassadeur habite encore dans sa résidence officielle, Villa Drusiana. Le personnel en a pourtant été congédié et le contrat de location de 10’000 euros mensuels sera caduque à la fin du mois de janvier.
Les méthodes diplomatiques du 19e siècle sont révolues
L’ambassadeur Campbell, dans un entretien au Times, soutenait la décision du Foreign Office en expliquant que le temps des réceptions et des méthodes diplomatiques du 19e siècle était révolu. Il a trouvé hospitalité dans la résidence officielle de son collègue en Italie, la villa Wolkonski, à deux pas de la basilique de Saint-Jean de Latran. Au Vatican, on explique que, de façon protocolaire, un représentant du Saint-Siège ne pourrait se rendre à l’invitation de l’ambassadeur, installé dans la résidence officielle de la représentation en Italie, même si, sur le papier, les deux ambassadeurs restent très nettement distincts. En effet, il en va de l’identité juridique internationale du Vatican.
Le Royaume Uni avait rompu ses relations avec Rome en 1534, avec la séparation de l’Eglise d’Angleterre voulue par Henri VIII. En 1914, une légation britannique était à nouveau ouverte auprès du Saint-Siège. En 1982, elle est devenue une ambassade pleine et entière.
Le Vatican a des relations diplomatiques avec 174 Etats. De nombreux pays, pour réduire les frais de leur représentation diplomatique, accréditent auprès du Saint-Siège un diplomate déjà en poste auprès d’un autre pays que l’Italie, comme la Suisse ou l’Allemagne. Ils ne se rendent alors à Rome qu’à de rares occasions. Un ambassadeur près le Saint-Siège peut aussi, dans le même temps, être accrédité auprès de l’Ordre souverain de Malte et de la FAO qui siègent à Rome. (apic/imedia/hy/bb)