Mise en garde contre les techniques orientales

Rome : Document du Vatican sur la méditation chrétienne (141289)

Rome, 14décembre(APIC) Les catholiques ne doivent pas mêler sans discernement le zen, le yoga ou la méditation transcendantale à la méditation

chrétienne. Car un amalgame de techniques de méditation orientales et chrétiennes ne va pas sans «risques et erreurs», souligne la Congrégation pour

la Doctrine de la Foi dans une «Lettre aux évêques de l’Eglise catholique

sur quelques aspects de la méditation chrétienne» présentée jeudi à Rome

par le cardinal Joseph Ratzinger au cours d’une conférence de presse.

Le document commence par rappeler que la méditation chrétienne se présente sous la forme d’un dialogue personnel, intime et profond entre Dieu

et l’homme. Il montre le rapport étroit entre la prière et la révélation à

travers l’Ancien et le Nouveau Testament. Le don de l’Esprit-Saint rend

l’homme capable d’accueillir et de contempler Dieu dans ses paroles et dans

ses oeuvres, de lui rendre grâce et de l’adorer, aussi bien dans

l’assemblée des fidèles que dans le secret de son coeur : «Même quand il

est seul et prie dans le secret, le chrétien a conscience de prier toujours

en union avec le Christ, dans l’Esprit-Saint, en union avec tous les

saints, pour le bien de l’Eglise».

Des manières erronées de prier

Le troisième chapitre est consacré aux «manières erronées de prier». Des

déviations existent depuis les premiers siècles de l’Eglise. Le document

révèle surtout deux grandes tendances : la «fausse gnose» qui, considérant

la matière comme impure, voyait dans la prière un moyen de s’élever à la

connaissance supérieure; celle des messaliens, «faux charismatiques» du IVe

siècle, qui visait à des expériences psychologiques du divin. Ces formes

d’erreur «semblent aujourd’hui impressionner de nombreux chrétiens, se présentant à eux comme un remède psychologique et spirituel, et comme un procédé rapide pour trouver Dieu,» constate le document.

Le lettre vise la tentative de rechercher dans les méthodes orientales

une préparation psychophysique pour une contemplation réellement chrétienne

et l’utilisation de techniques propres à susciter des expériences spirituelles analogues à celles qu’évoquent certains mystiques catholiques. Le

grand danger, pour les adeptes de ces pratiques, est la négation des

réalités du monde : celles-ci ne renvoient pas à l’infini de Dieu.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi invite chaque croyant à trouver son propre chemin et sa propre façon de prier : il a le choix entre les

diverses formes de la prière chrétienne. Il doit éviter «les techniques impersonnelles et celles qui sont centrées sur le moi». Dans un chapitre consacré à «la voie chrétienne de l’union à Dieu», la Congrégation pour la

Doctrine de la Foi rappelle que toute prière contemplative chrétienne renvoie continuellement à l’amour du prochain. Elle sera alors participation à

la nature divine sans toutefois perdre son identité.

«La contemplation : une réalité qu’on ne peut s’approprier»

Le chapitre intitulé «Questions de méthode» est consacré aux voies qui

mènent à l’union à Dieu, que l’on trouve dans la plupart des grandes religions. Le document décrit la doctrine des trois stades dans la voie de la

perfection : la purification, l’illumination et l’union.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi rappelle que la purification

demandée par l’Evangile consiste pour l’homme en une lutte contre ses instincts égoïstes. L’illumination, reçue au baptême, fait progresser dans le

mystère du Christ. L’union à Dieu est un don : elle ne saurait être le

fruit d’aucune «technique».

La lettre examine «les méthodes psychophysiques et corporelles» mises en

valeur dans la méditation chrétienne de l’Orient. La position et l’attitude

ne sont en effet pas sans influencer le recueillement. Ainsi, la «prière de

Jésus», adaptée au rythme respiratoire, peut être utile, affirme le document. Mal comprises, ces méthodes peuvent constituer un obstacle à la prière authentique, qui «réveille en ceux qui prient un ardente charité qui les

pousse à collaborer à la mission de l’Eglise et au service de leurs frères,

pour la plus grande gloire de Dieu».

La lettre se conclut par un brève réflexion sur le Christ vu comme «le

chemin, la vérité et la vie». Le chrétien, s’efforcera de rester fidèle

dans les moments d’épreuve, sans identifier la présence de Dieu avec des

expériences subjectives particulières. «L’amour de Dieu, unique objet de la

contemplation chrétienne, est une réalité qu’on ne peut s’approprier par

aucune méthode ni technique» conclut le document. (apic/cip/cor)

14 décembre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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