Mais l’Eglise a un statut juridique français.

France: La Russie revendique la propriété de l’église orthodoxe de Nice

Nice, 13 février 2006 (Apic) Une bataille juridique oppose la Russie au recteur de l’église orthodoxe de Nice, la basilique Saint-Nicolas. Selon Le Monde du 11 février 2006, la Fédération de Russie cherche en effet à mettre la main sur cette superbe cathédrale, construite grâce aux dons des émigrés russes exilés sur la Côte d’Azur.

Une épreuve de force est engagée, dont la première étape est l’inventaire des biens de l’église, qui constitue une première étape pour la Fédération russe, « qui s’estime l’héritière légitime de cette paroisse », explique le père Jean Gueit, recteur de l’église orthodoxe de Nice, la basilique Saint-Nicolas.

La Russie veut récupérer cette église, classée monument historique, commandée par la famille impériale et financée par les dons des 3 000 Russes qui s’étaient réfugiés dans les Alpes-Maritimes après la Révolution d’octobre. Le bâtiment a été achevé en 1912.

La Fédération de Russie, selon des sources judiciaires, explique le quotidien Le Monde, a présenté une requête par l’intermédiaire de son ambassadeur, pour qu’un huissier puisse venir réaliser un inventaire du bâtiment. Inventaire comprenant tout son contenu : mobilier, objets d’art, icônes et bijoux. Une ordonnance du tribunal de grande instance de Nice autorise la Fédération de Russie à faire procéder à cette recension.

Le recteur de la cathédrale, le père Jean Gueit, doyen des églises russes orthodoxes du Sud-Est, y est farouchement opposé ainsi que la plupart de la centaine de paroissiens : «L’Etat russe affirme que cet édifice est sa propriété. Or la basilique Saint-Nicolas a été construite avec les fonds des familles proches de l’empereur sur un terrain dont une partie avait été concédée par la famille impériale. La cathédrale a un statut juridique français. Elle est régie par une association cultuelle orthodoxe, selon la loi de 1905, qui est propriétaire.»

Des huissiers se sont présentés le 7 février afin de procéder à l’inventaire. Le recteur a fait aussitôt fermer les lourdes portes de la basilique – un des édifices les plus visités de Nice (90 000 personnes par an). Sur le parvis, un paroissien de 45 ans, descendant d’émigrés russes, fait part de son émotion, rapporte le quotidien français : «Cette église est le bien de notre communauté orthodoxe. Je m’insurge contre cette volonté de la Russie de s’emparer d’un bien qui appartient également au patrimoine français.»

Aussitôt après la visite des huissiers, le père Jean Gueit a introduit une requête en rétractation, afin de casser l’ordonnance du tribunal autorisant l’inventaire. La décision devrait être rendue le 23 février. Si le tribunal confirme le bien-fondé de la demande de la Fédération de Russie, la force publique peut être requise.

Les biens de la famille impériale ont changé de mains avec la révolution russe

«L’empereur Nicolas II engagea ses fonds personnels en achetant une propriété pour y édifier cette basilique, rappelle Me Pierre Bardi, avocat de l’Etat russe. En 1908, en pleine construction, il a accordé un bail emphytéotique pour une durée de 99 ans à ce qui est aujourd’hui l’association cultuelle orthodoxe russe de Nice. Lors de révolution d’Octobre 1917, les biens de la famille impériale ont changé de main. Puis, en 1991, ce fut au tour de la Russie de prendre possession de tous les biens appartenant à l’ancien pouvoir soviétique dont la cathédrale de Nice.»

De nombreux descendants de Russes blancs exilés sur la Côte d’Azur estiment, quant à eux, défendre leur patrimoine. «Nos familles ont fait de nombreux dons et offert des objets de valeur à cette église tout en participant à sa construction», assure l’un d’eux, âgé de 71 ans. Le peu de biens qu’ils ont réussi à emmener de Russie, ils les ont donnés pour embellir ce lieu de culte. Il n’y a aucune raison pour que la Russie nous en dépossède.»

Ultime facteur de trouble, précise Le Monde, cette bataille s’inscrit dans un contexte religieux tendu où s’oppose depuis des décennies le patriarcat de Constantinople, auquel est rattachée l’église, et celui de Moscou. (apic/lm/vb)

13 février 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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