Pologne: L’Eglise admet des cas de collaboration avec la police communiste

Elle demande «pardon pour tout le mal qu’ils ont infligé»

Varsovie, 9 mars 2006 (Apic) L’Eglise catholique polonaise a pour la première fois reconnu jeudi la collaboration de «certains» prêtres avec la police secrète communiste et «demandé pardon» pour tout le mal qu’ils ont infligé.

L’Eglise polonaise avait décidé fin février d’enquêter sur des prêtres espions et «collabos» infiltrés en son sein pendant la période communiste. «Il faut tout simplement enquêter sur cette affaire, nous ne devrions pas craindre la vérité», avait déclaré le Père Robert Necek, porte-parole de l’archidiocèse de Cracovie.

Au terme d’une session de deux jours tenue à Varsovie les évêques polonais relèvent que «dans le terrible système (réd: communiste) qui brisait les consciences humaines, certains hommes d’Eglise ont eux aussi failli aux attentes». «Nous le regrettons et demandons pardon, surtout auprès de tous ceux qui ont souffert à cause d’eux», peut-on lire dans un texte publié par les évêques.

Dans leur déclaration, les prélats assurent que «l’Eglise ne fuit pas les questions qui portent sur les problèmes les plus pénibles de son histoire», mais «elle s’oppose à simplification du problème».

Selon des estimations de l’Institut de la mémoire nationale (IPN), une institution chargée d’enquêter sur les crimes nazis et communistes, plus de 10% des prêtres polonais ont collaboré avec les services secrets communistes. L’IPN dispose des archives de l’ancienne police secrète communiste.

A la demande de Mgr Dziwisz

L’archevêque de Cracovie, Mgr Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire personnel du pape Jean Paul II, avait ordonné fin février la création d’une commission. Pour le prélat, la période communiste a été «un temps de persécution pour l’Eglise, souvent sanglante et brutale». Il s’agit par cette étude notamment de mettre en valeur «l’attitude héroïque» des prêtres sous le régime communiste, avait-il argument en expliquant sa décision. Des historiens de l’Eglise ont également examiné les dossiers de la police politique.

En avril dernier, une affaire pénible avait secoué l’Eglise polonaise: le dominicain Konrad Hejmo avait été accusé d’avoir «informé» les services secrets communistes. Cet organisateur des pèlerinages polonais à Rome, où il vit depuis 1979, avait été accusé par Leon Kleres, directeur de l’Institut de la mémoire nationale (IPN) à Varsovie, d’être un espion ou plus précisément «un contact» des services de sécurité communistes polonais au Vatican.

Le 29 avril 2005, le Père Hejmo avait démenti les accusations portées contre lui. «Je n’ai jamais été espion», avait-il alors déclaré à la presse italienne. (apic/ag/arch/pr)

9 mars 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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